SUD éducation porte depuis le début de la crise sanitaire ses revendications pour la santé des personnels et des élèves et notamment la mise en œuvre rapide d’une campagne de vaccination massive : la communauté scientifique indique unanimement que c’est la seule porte de sortie de la pandémie. Les atermoiements du gouvernement ont retardé la campagne de vaccination. Elle n’a pas été pleinement prise en charge par l’administration, ce qui a renvoyé les personnels à des difficultés diverses pour trouver des créneaux de vaccination.
À l’approche de la rentrée scolaire et alors que le variant Delta se multiplie, l’enjeu de la vaccination reste énorme. À ce titre, la mise en œuvre d’une campagne de vaccination dans les établissements scolaires est de bon sens. Elle doit être effectuée par des personnels formés et sans dégrader les conditions de travail des personnels médicaux de l’Éducation nationale. Nous connaissons malheureusement la capacité du gouvernement à faire des annonces qui sont insuffisamment mises en œuvre sur le terrain : cela a été le cas pour les distributions de masques ou l’organisation de campagnes de tests. Il est indispensable que cette fois-ci, une enveloppe spécifique soit allouée immédiatement pour permettre la mise en œuvre de cette campagne de vaccination sur site. Enfin, pour développer au mieux la campagne de vaccination, il est indispensable que soit mise en œuvre au plus vite la levée des brevets des vaccins et le transfert des techniques de production des laboratoires vers les pouvoirs publics au plus vite.
Le passe sanitaire n’est pas mis en œuvre dans les écoles et établissements. Le protocole sanitaire publié fin juillet introduit cependant le principe de l’éviction des seul-e-s cas-contact non-vacciné-e-s. Au vu du retard pris par la campagne de vaccination et de la proximité de la rentrée scolaire, il est illusoire de penser que l’ensemble des élèves pourrait être en situation d’être vacciné-e-s à la rentrée. Par ailleurs, ce sont dans les territoires les plus défavorisés que la vaccination est à ce stade la plus faible : cette différenciation entre élèves vacciné-e-s et non-vacciné-e-s reproduirait des inégalités sociales déjà à l’œuvre. Enfin, même si l’on n’a pas de précision à ce sujet, il ne serait pas acceptable que l’on exige des personnels de l’Éducation nationale de prendre en charge les missions qui seraient liées à cette mesure.
SUD éducation se prononce pour la vaccination de masse et, avec son union syndicale Solidaires, dénonce fermement la mise en œuvre du passe sanitaire. En effet, le gouvernement n’a pas été capable d’organiser une vaccination massive de la population et fait payer son incurie aux travailleurs et travailleuses par un dispositif de contrôle, de surveillance et de contrainte généralisés. Par ailleurs, il a par ses volte-face successifs, ses mensonges et ses approximations largement sa part de responsabilité dans la montée des thèses complotistes.
Pour autant, nous ne nous reconnaissons pas dans la mobilisation en cours contre le passe sanitaire. En effet, la mobilisation, qui a commencé cet été et que Philippot, président du mouvement d’extrême-droite Les Patriotes, appelle à poursuivre le 4 septembre, mêle revendications antimasques, antivaccination et toutes mesures de prévention à la critique du passe sanitaire au nom des libertés individuelles. Cette mobilisation laisse apparaître un discours individualiste et propre à l’extrême-droite alimenté par la peur du progrès, la défense d’un ordre « naturel » dans lequel seuls les plus forts survivent, l’écriture d’une post-vérité fantasmée et nourrie de récits complotistes et obscurantistes, des slogans et des symboles racistes et antisémites intolérables et criminels, des comportements oppressifs et LGBTIphobes, des appels à l’intervention de l’armée.
Le mécontentement à l’égard du gouvernement est légitime, or l’extrême-droite s’en nourrit et l’utilise pour diffuser son idéologie réactionnaire. Ne la laissons-pas faire ! Dans un contexte de montée de l’extrême-droite (succès électoraux à l’échelle mondiale, violences racistes et antisémites, violences à l’égard des migrant-e-s…), nous avons la responsabilité de nous opposer à leurs manifestations, à leurs mensonges, à leur haine. Nous ne sommes pas dans le même camp, et il faut l’affirmer en refusant de sceller dans la rue des alliances de fait, par opportunisme. Il s’agit maintenant de porter nos propres revendications et perspectives d’action dans le répertoire de classe du mouvement social : contre la politique anti-sociale du gouvernement, pour le progrès social, par la construction d’un mouvement de grève dans l’Éducation nationale et interprofessionnels à partir de septembre.
En conséquence, SUD éducation appelle les personnels de l’Éducation nationale à ne participer à aucune mobilisation orchestrée par l’extrême-droite ou acquise à ses idées nauséabondes.