Cette année encore cette CAPN s’ouvre dans un contexte de grande incertitude. Incertitude liée aux évolutions de la situation sanitaire et, surtout, incertitudes liées à sa gestion gouvernementale encore chaotique, en particulier au sein de l’Éducation nationale.
Nous faisons aujourd’hui encore le constat d’une administration dépassée par les évènements qui fait peser sur les personnels, les élèves et leurs parents le poids de ses valses d’hésitations. Les syndicats ont émis des préconisations pour faire face à la situation sanitaire au sein de l’éducation nationale :
- créations de postes massive pour permettre la prise en charge d’effectifs réduits en classe ;
- titularisation des contractuels ;
- recrutement de personnels médico-sociaux ;
- abandon des réformes des lycées…
Sans en tenir aucun compte, le ministère s’est obstiné à vouloir faire passer ses réformes et a demandé toujours plus d’efforts aux personnels déjà éreintés par la gestion de la mise en place au forceps des réformes successives, par la gestion quotidienne de la mise en place des protocoles sanitaires successifs, par la gestion des cours à distance et en présentiel et par la gestion des difficultés scolaires et psychologiques découlant de la situation actuelle. De plus, Le projet de loi de finances 2022 consacre de nouvelles suppressions de postes à tous les échelons de l’Éducation nationale.
Concernant cette CAPN qui doit examiner les contestations de RV de carrière des professeur-e-s certifié-e-s et des A.E. de la 29ème base, nous tenons à réaffirmer notre opposition à ce système d’évaluation lié à la mise en place du PPCR (Parcours Professionnels, Carrières et Rémunérations). Nous dénonçons la notion de management qu’il implique, renforçant le rôle d’une hiérarchie dont la légitimité semble de plus en plus questionnée par les collègues.
Les « rendez-vous de carrière » renforcent le rôle de la hiérarchie et posent la question de leur contrôle par les instances paritaires afin d’éviter l’arbitraire le plus complet. Et tout cela pour des augmentations de salaire très modérées, réservées à un nombre réduit d’enseignant-es, et qui ne compensent pas les pertes de pouvoir d’achat enregistrées depuis plus d’une décennie.
Par ailleurs, les « compétences » évaluées sont très générales et relèvent en grande partie des dimensions comportementales et relationnelles, déconnectées des enjeux pédagogiques et de la prise en compte de l’intérêt des élèves. Le risque est d’encourager ainsi la docilité des enseignant-es quant à l’application de réformes contestées sur le terrain, établissant de fait un chantage au pouvoir d’achat. Cette réforme s’inscrit dans la droite ligne des modifications dans les missions et obligations de service des enseignant-es qui imposent un alourdissement de nos tâches et missions.
Enfin, ce système ne résout toujours pas les difficultés éprouvées par les personnels ayant une carrière interrompue ou / et morcelée.
Concernant les dossiers que nous allons traiter aujourd’hui, nous notons qu’il sont bien plus nombreux que l’année dernière. Nous aimerions en connaître la cause. Leur étude permet de remarquer que, comme l’année dernière, les appréciations finales sont souvent en inadéquation avec la matrice d’évaluation et l’appréciation littérale de l’évaluateur. De nombreux collègues ne comprennent pas cette dévaluation.
Cette année tous les dossiers que nous étudions possèdent une majorité d’items « excellent » mais les appréciations finales sont « très satisfaisant ». L’évaluation de l’administration s’avère absurde. Dans ces conditions, on se demande comment obtenir l’appréciation finale « excellent », d’autant plus que la plupart de ces dossiers est accompagnée d’une appréciation littérale de l’évaluateur positive voire parfois élogieuse et de rapports d’inspection très positifs.
Pour toutes ces raisons, nous refusons tout salaire au prétendu mérite et revendiquons un corps unique d’enseignant-es disposant du même statut et avançant au rythme le plus rapide, sans « hors-classe » ni « classe exceptionnelle », sources de divisions entre les personnels et dont l’attribution ne saurait être qu’opaque ; d’un point de vue pédagogique, nous réclamons une démarche collective d’échange de pratiques, en lien avec une formation continue de qualité. Hors évaluation hiérarchique, il faudrait déjà substituer au contrôle épisodique, partiel et subjectif de l’inspecteur-rice, le regard de l’équipe sur elle-même.
À SUD éducation nous revendiquons une déconnexion entre l’avancement de carrière et une prétendue évaluation de la pratique pédagogique.