CSA du 17 janvier 2025 : les moyens pour la rentrée 2025

Le CSA ministériel du 17 janvier était consacré à la préparation de la rentrée scolaire 2025. C'est à cette occasion que le ministère a annoncé le volume des suppressions et des créations de postes académie par académie, dans le 1er degré et dans le 2d degré.

Le budget de Michel Barnier, qui prévoyait 4000 suppressions de postes d’enseignant·es, avait suscité la colère de la communauté éducative. Les personnels ont su maintenir une pression très forte après la censure de l'ancien Premier ministre et le gouvernement de François Bayrou a fini par renoncer à supprimer 4000 postes d’enseignant·es à la rentrée 2025. Maintenons la pression : c'est une première victoire qui en appelle d'autres !

 

Les suppressions et créations de postes pour la rentrée 2025

Nous assistons à une forte baisse démographique à la rentrée 2025, qui devrait se poursuivre pendant les années à venir. Le ministère prévoit :

  • une baisse de 1,36% du nombre d’élèves dans le premier degré ( -74811 élèves), avec des variations importantes (de -3% à Paris à +1.7% à Mayotte) ;
  • une baisse de 0,4% du nombre d’élèves dans le second degré (-16599 élèves).

Finalement, la répartition des suppressions et créations de postes à la rentrée 2025 serait :

  • suppression de 470 emplois dans le 1er degré (où il y a 74811 élèves de moins), au lieu des 3155 suppressions de postes initialement programmées par le gouvernement Barnier ;
  • création de 324 emplois dans le 2nd degré alors que le projet initial était d’en supprimer 181 ;
  • création de 170 emplois de CPE (dont 20 ETP pour les ouvertures d’établissement prévues à la rentrée 2025),
  • création de 2000 emplois d’AESH en ETP.

 

Dans le premier degré

Le ministère annonce que 884 postes seront supprimés dans certaines académies, 214 postes seront créés dans d’autres académies et 200 postes sont gardés en réserve : au final, à l’échelle nationale, ce sont 470 postes qui disparaissent dans le 1er degré. Même si on est loin des 3155 suppressions de postes qui étaient prévues initialement, ces 470 emplois en moins sont inacceptables quand on connaît les besoins dans les écoles pour faire réussir l'ensemble des élèves.

ACADÉMIE Nombre d’emplois
Au 1er septembre 2024
Variation
Pour la rentrée 2025
AIX-MARSEILLE 15153 39
AMIENS 10409 -29
BESANÇON 5826 -32
BORDEAUX 15112 -20
CLERMONT-FERRAND 5873 -31
CORSE 1578 -2
CRÉTEIL 28925 -30
DIJON 7769 -60
GRENOBLE 16155 -13
LILLE 20996 -127
LIMOGES 3210 -5
LYON 16386 -63
MONTPELLIER 13704 -10
NANCY-METZ 11325 -64
NANTES 13754 -34
NICE 10068 60
NORMANDIE 15956 -22
ORLÉANS-TOURS 12519 -23
PARIS 7257 -110
POITIERS 7819 -30
REIMS 6877 -64
RENNES 10741 -20
STRASBOURG 9224 0
TOULOUSE 13748 -22
VERSAILLES 33142 -30
GUADELOUPE 2754 -22
GUYANE 3481 35
LA RÉUNION 7051 0
MARTINIQUE 2381 -21
MAYOTTE 4179 80
COM 1776 0
RÉSERVE / 200
TOTAL 335142 -470

Le ministère affiche plusieurs priorités dans la répartition des moyens :

  • améliorer les taux d’encadrement,
  • l’égalité des chances et l’équité territoriale
  • la mise en oeuvre de l’école inclusive (dans les PAS, les ULIS, le plan autisme) avec le doublement du nombre de départements concernés par les PAS (de 4 à 8).

Pour SUD éducation, les moyens restent encore insuffisants : la moyenne du nombre d’élèves par classe résulte des dédoublements en éducation prioritaire et ne reflète pas la réalité du terrain, les écoles manquent cruellement de personnels remplaçant·es, les moyens mis en œuvre au titre de l’école inclusive et de l’équité territoriale restent peu documentés.

 

Dans le second degré
  • 1148 postes seront créés dans 13 académies,
  • 816 postes seront supprimés dans 17 académies,
  • 41 postes restent en réserve.
ACADÉMIE Nombre d’emplois
Au 1er septembre 2024
Variation
Pour la rentrée 2025
AIX-MARSEILLE 16947 107
AMIENS 11998 -59
BESANÇON 6943,8 -9
BORDEAUX 18692,8 -47
CLERMONT-FERRAND 7128,5 -3
CORSE 1834,8 8
CRÉTEIL 30033 320
DIJON 8967,3 -50
GRENOBLE 18395,6 16
LILLE 24207 -41
LIMOGES 4141 -28
LYON 17463 142
MONTPELLIER 16124 28
NANCY-METZ 13749,8 -49
NANTES 16262,8 -59
NICE 12138,8 75
NORMANDIE 18850,3 -137
ORLÉANS-TOURS 14830,8 18
PARIS 10984,3 -92
POITIERS 9728,5 -85
REIMS 7739,5 -38
RENNES 13875,3 -46
STRASBOURG 11433,8 35
TOULOUSE 16902 12
VERSAILLES 35144,6 255
GUADELOUPE 3553,5 -67
GUYANE 3401,5 30
LA RÉUNION 8434,5 -6
MARTINIQUE 2789,5 -49
MAYOTTE 3583,5 102
COM 4054 0
RÉSERVE / 41
TOTAL 390332,8 324

Les créations d’emplois seront consacrées :

  • au financement des annonces du “choc des savoirs” sur le collège : au maintien des groupes en 6e et en 5e et pour des “dispositifs d'approfondissement à l'initiative des équipes et des établissements” en 4e et en 3e avec 542 postes fléchés,
  • création d’ULIS, généralisation des PAS, renforcement du plan “autisme”,
  • renforcer l’équité territoriale.

On peut craindre que les annonces du “choc des savoirs” aspirent en grande partie les créations de postes et qu’il ne reste plus grand chose pour l’équité territoriale ou l’école inclusive dont les moyens attribués restent très opaques.

Pour ce qui est de la vie scolaire, on observe une augmentation des effectifs puisque 170 postes de CPE vont être créés dont 20 pour les ouvertures d’EPLE.

 

Des moyens pour l’école inclusive ?

L’an dernier en CSA, Gabriel Attal avait annoncé l’attribution de moyens pour expérimenter les PAS avec la création de 100 emplois dédiés (50 seront destinés aux PAS dans le 1er degré et 50 emplois pour les PAS dans le 2d degré) dans 4 départements : cette année, le ministère annonce le doublement des départements concernés par les PAS, sans avoir communiqué la liste aux syndicats.

Gabriel Attal avait annoncé en décembre 2023 aux syndicats qu’ils seraient invités au comité de suivi de l’école inclusive, néanmoins en janvier 2025, ce n’est toujours pas le cas.

Le ministère annonce vouloir aller plus loin dans le déploiement des classes ULIS sans donner davantage d’informations pour tenir l’objectif qu’il s’était donné d’une classe ULIS par collège d’ici 2027.

 

Quel avenir pour le “choc des savoirs” ?

Petit à petit, le ministère renonce au “choc des savoirs” sans l’assumer :

  • les groupes de niveau/de besoin en 6e et 5e ne seront pas généralisés en 4e et en 3e. Des moyens sont attribués aux académies pour que les équipes organisent sur le temps scolaire une heure d’accompagnement ou d’approfondissement dans des modalités décidées localement, les moyens ne seront pas fléchés sur les maths et le français. Il est possible que le ministère assouplisse la règle des 1 à 10 semaines en classe entière en 6e et en 5e en raison des difficultés d'organisation que cette organisation engendre. SUD éducation continue de revendiquer l’abandon des groupes de niveau en 6e et en 5e ;
  • le DNB : la ministre Élisabeth Borne a annoncé que le DNB n’allait pas devenir obligatoire pour entrer en seconde : le projet est abandonné ;
  • les prépa-secondes ne seront pas généralisées à la rentrée 2025, des moyens seront conservés pour que les équipes qui s’étaient investies dans ces classes prépa-seconde puissent poursuivre l’expérimentation.
Quel avenir pour l'éducation prioritaire ?

SUD éducation a, comme d'autres organisations syndicales, rappelé au ministère que de nombreux établissements scolaires et de nombreuses écoles ne bénéficient pas du classement en éducation prioritaire auquel ils auraient droit en raison de leur IPS. Le sujet des inégalités territoriales est un sujet central pour l'école. Le ministère a pris note de notre demande de revoir la carte et les moyens de l'éducation prioritaire sans pour autant pouvoir y répondre aujourd'hui.