Paris, le 3 août 2022.
A l’attention du Roi de Bahreïn
Shaikh Hamad bin 'Issa Al Khalifa
Office of His Majesty the King
P.O. Box 555
Rifa’a Palace, al-Manama, Bahreïn
Fax : +973 1766 4587
Objet : libération immédiate et sans condition d’ Abduljalil al Singace
Monseigneur,
Abduljalil al Singace, qui est âgé de 60 ans, purge une peine de réclusion à perpétuité pour avoir participé, de manière pourtant pacifique, au soulèvement de 2011 à Bahreïn. Cet homme est emprisonné depuis plus de 11 ans uniquement parce qu’il a exercé ses droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique.
Le 29 juin, Abduljalil al Singace, qui mène une grève de la faim depuis le 8 juillet 2021, a annoncé qu’il allait également
cesser de prendre la solution saline qui permet de stabiliser son état de santé pendant qu’il se prive de nourriture, afin de protester contre le fait que les autorités ne lui donnent pas les médicaments qui lui sont prescrits et dont il a besoin rapidement et quotidiennement, notamment des gouttes pour les yeux et des pommades antalgiques pour ses douleurs articulaires et musculaires.
Il y a un an, Abduljalil al Singace a entamé une grève de la faim, en renonçant à toute nourriture solide, afin de protester contre la confiscation par les autorités du livre sur les dialectes bahreïnites qui lui a demandé quatre
années de recherches et d’écriture. Le 18 juillet 2021, les autorités l’ont transféré depuis la prison de Jaw dans le
centre médical de Kanoo, où il est toujours détenu. Le même mois, le médiateur du ministère de l'Intérieur de
Bahreïn a déclaré que le livre d’Abduljalil al Singace ne pourrait être remis à sa famille que lorsqu’une «décision
de justice» aurait été prise.
En novembre 2021, la justice a rendu une décision précisant que cet ouvrage était de nature apolitique. Pourtant, il n’a toujours pas été restitué. En mars 2022, un représentant du bureau du médiateur a rendu visite à Abduljalil al Singace et lui a demandé de modifier son ouvrage et de le soumettre de nouveau aux autorités pour qu’elles l’examinent, l’avertissant des «conséquences juridiques» qu’il encourrait s’il le publiait sans autorisation.
Abduljalil al Singace souffre de nombreux problèmes de santé, notamment de violentes migraines intermittentes, d’un problème de prostate, d’arthrite de l’épaule, de tremblements, d’engourdissements et d’une altération de la vue. En janvier 2022, son neurologue a demandé un examen de tomodensitométrie, mais les autorités refusent que cet examen soit effectué au complexe médical de Salmaniya, qui dépend du ministère de la Santé, conformément à ce que souhaite Abduljalil al Singace, et insistent pour qu’il ait lieu à l’hôpital militaire Roi Hamad. Abduljalil al Singace pense qu’il ne recevrait pas en temps voulu les soins dont il a besoin à l’hôpital militaire Roi Hamad étant donné qu’il n’a toujours pas été informé des résultats de l’examen IRM de son épaule qui y a été effectué en octobre 2021.
La Fédération SUD éducation demande à Votre Altesse de libérer Abduljalil al Singace immédiatement et sans condition. Dans l’attente de sa libération, la Fédération SUD éducation vous demande de veiller à ce qu’il reçoive ses médicaments sans délai, à ce qu’il ait accès à des soins de santé adéquats, conformément à l’éthique médicale, notamment dans le respect des principes de confidentialité, d’autonomie et de consentement éclairé, et à ce qu’il ne subisse plus d’actes de torture ni d’autres formes mauvais traitements.
La Fédération SUD éducation appelle également Votre Altesse à veiller à ce que son ouvrage soit immédiatement remis à sa famille.
Espérant que notre requête sera entendue, soyez assuré, Votre Altesse , de l’action de la Fédération SUD éducation en faveur des droits humains partout dans le monde.
Kevin Le Tétour et Nara Cladera
co-secrétaires de la Fédération SUD éducation
