Des évolutions inquiétantes
Suite aux annonces au sujet de la suppression de la technologie en 6e, de la généralisation de Devoirs Faits, de l’ajout d’une demi-journée de découverte des métiers en 5e, le ministère de l’Éducation nationale a ouvert une concertation sur le collège.
SUD éducation est particulièrement inquiet de voir les recettes mises en œuvre dans les réformes des lycées appliquées au collège. Les annonces arrivent au compte-goutte, elles désorganisent les services, elles manquent de clarté et leurs effets ne sont pas anticipés.
Généralisation de Devoirs Faits en 6e
Le Ministre a annoncé le caractère obligatoire de Devoirs Faits pour tous les élèves de 6e à partir de la rentrée sans préciser le cadre réglementaire dans lequel la généralisation de ce dispositif va s’inscrire.
Interrogé par les organisations syndicales, le ministère prévoit une modification du cadre réglementaire pour que cette heure, qui va au-delà des 26 heures hebdomadaires des élèves de 6e, devienne obligatoire. L’enveloppe Devoirs Faits devrait être abondée en ce sens car le ministère refuse que ce dispositif entre dans la dotation allouée aux enseignements obligatoires avec une rallonge de DHG.
Ainsi ce dispositif obligatoire sera pris en charge en heures supplémentaires, sans doute dans le cadre du “Pacte”. La mise en œuvre de Devoirs Faits sera hétérogène selon les établissements. C’est une atteinte à l’égalité de traitement des élèves sur tout le territoire.
Selon le nombre de personnels qui participeront à Devoirs Faits, les effectifs d’élèves seront plus ou moins importants et les élèves ne bénéficieront pas des mêmes conditions d’étude. Les personnels dénoncent déjà une surcharge importante de travail, il n’est pas acceptable de leur demander de faire encore des heures supplémentaires. Dans les départements, on fait le constat que les chef·fes d’établissement peine à trouver des personnels pour participer à Devoirs Faits.
Enfin, on peut craindre qu’une grande partie de l’enveloppe de Devoirs Faits soit consacrée au niveau 6e et qu’il ne reste que peu d’heures pour les élèves de 5e, 4e et 3e.
Quel avenir pour la technologie au collège?
Le ministère garantit que les services académiques porteront une attention spécifique aux effets de la suppression de la technologie en 6e sur les postes des personnels titulaires et contractuels de technologie. Il ne devrait pas y avoir de mesure de carte scolaire sauf accord de l’intéressé·e.
Le ministère annonce que la technologie sera renforcée au cycle 4 mais sans en préciser les contours. Il prévoit de proposer aux enseignant·es de technologie volontaires une formation diplômante dès la rentrée 2023. L’obtention de ce DU (Diplôme Universitaire) ne conditionnera pas l’exercice des missions. Le DU a pour objet de faire évoluer l’enseignement de la technologie vers une montée en puissance de l’enseignement aux sciences du numérique. SUD éducation a posé la question du remplacement des personnels en formation dans le contexte de forte tension en technologie.
Pour SUD éducation :
- l’évolution de la technologie ne pourra se faire sans un cadrage national du financement de l’équipement des établissements en matériel informatique,
- il faut titulariser les enseignant·es contractuel·es de technologie,
- les enseignant·es de technologie doivent être consulté·es sur l’évolution de leur discipline.
L’heure d’approfondissement et de consolidation des savoirs fondamentaux en 6e
Le Ministre a annoncé la création d’une heure d’approfondissement/consolidation des “Savoirs fondamentaux”, c’est-à-dire en français et en maths, en classe de 6e.
Cette annonce vient percuter la préparation de la rentrée 2023 par les équipes. Le ministère recommande la constitution de groupes de niveau, constitués pour travailler des “compétences clefs”. Pour l’instant, le Ministère n’a pas défini ces “compétences clefs”.
Dans le cadre du “Pacte”, il sera proposé aux professeur·es des écoles d’intervenir dans cette heure d’approfondissement et de consolidation.
SUD éducation a dénoncé cette dégradation des conditions de travail des professeur·es des écoles.
Par ailleurs, SUD éducation a dénoncé la concurrence qui s’opère entre les programmes d’un côté et les attendus des compétences évaluées par les évaluations nationales de l’autre. C’est bien une école à deux vitesses qui est renforcée.
Vers une réforme du collège ou du cycle 4 ?
Pour rénover le cycle 4, le ministère annonce une série de consultations au sujet :
- des modalités d’évaluation et du DNB,
- des programmes disciplinaires,
- des dispositifs de découverte des métiers,
- des instances (conseil de cycle, conseil école-collège…)
Ces annonces sont très inquiétantes. Les pistes d’action et les mesures déjà à l’œuvre vont dans le sens d’une éducation à deux vitesses, d’une aggravation des inégalités et d’une dégradation des conditions de travail. Il y a un décalage alarmant entre les discours du Ministre au sujet de la lutte contre les inégalités et les mesures portées par le ministère qui vont dans le sens d’une aggravation des inégalités.
SUD éducation porte dans ces concertations la nécessité de la baisse du nombre d’élèves par classe. Notre priorité est l’amélioration des conditions d’études en classe avec la baisse du nombre d’élèves par classe.