Après plusieurs demandes d’audience et notamment depuis le retour de SUD éducation au CSAMEN, SUD éducation a été reçue ce vendredi 10 février 2023. La délégation était accompagnée de notre camarade Kai Terada, afin d’insister sur la question de la répression anti-syndicale.
Nous avons tout d’abord rappelé le cadre général de notre échange, à savoir notre volonté de porter des revendications, dans une optique de mobilisation des personnels. Nous avons souligné que sur la plupart des sujets relevant de la politique éducative générale (postes, réformes), Pap Ndiaye s’inscrit dans la politique du ministère précédent. Nous avons ensuite identifié quatre sujets, sur lesquels nous avons eu des échanges plus approfondis, partant du principe que soit ils recouvraient une urgence particulière, soit ils correspondaient à un cadre revendicatif au sujet de laquelle notre fédération se distingue des autres.
- Lutte contre les discriminations
Notre intervention : nous avons reconnu un changement de ton sur ce sujet par rapport à Blanquer. Le contexte est marqué par le suicide de Lucas, mais aussi avant lui Doona, Luna-Avril, Dinah, à chaque fois suite à des harcèlements LGBTIphobes et/ou racistes. Nous avons insisté sur l’importance de mettre en place un plan ambitieux, avec des moyens en personnels médico-sociaux, une formation en direction des personnels, des actions plus volontaristes de sensibilisation en direction des élèves et des parents. Nous avons enfin dénoncé les actions des groupes d’extrême-droite contre certains personnels,
Les réponses du ministre : le ministre a rappelé les actions existantes, le programme Phare, adultes référent·es, l’affichage des numéros 3020 et 3018 dans les établissements, tout en reconnaissant qu’il restait beaucoup à faire. Concernant les attaques de l’extrême-droite, il a insisté sur le fait qu’il est hors de question de se laisser intimider par la droite identitaire, et que la protection fonctionnelle est généralement accordée aux agent·es menacé·es. Enfin, il nous a demandé de faire remonter les situations de ce type dont nous aurions connaissance.
→ L’analyse de SUD : le ministre s’est montré comme attendu attentif à ces questions. Nous savons qu’en termes de moyens cela aura vraisemblablement des limites, mais il y a clairement une rupture, au moins en termes de vision globale des enjeux, de définition de ce que sont les valeurs républicaines etc., avec la période Blanquer.
- AED et AESH
Notre intervention : nous avons souligné tout d’abord l’importance des personnels AED et AESH dans le fonctionnement des établissements scolaires. Nous avons dit que la CDIsation des AED était une avancée, mais qu’il fallait aller plus loin dans la création d’un métier statutaire en lien avec les revendications des personnels. En ce qui concerne les AESH, nous avons rappelé les mobilisations en cours, et souligné les conditions salariales scandaleuses. Nous avons insisté sur le fait que c’était indispensable, pour la deuxième catégorie de personnels en nombre, qu’il n’y ait pas un statut. Enfin, nous avons rappelé notre exigence d’un agenda social à brève échéance pour les AED et AESH.
Les réponses du ministre : le ministre a fermé la porte à un statut pour les AESH. En ce qui concerne les autres sujets, il a rappelé qu’il y a des discussions en cours sur la rémunération. Il a évoqué la conférence sur le handicap (pas centré uniquement sur l’école), en disant que ce sera l’occasion de revenir sur la problématique de l’école inclusive, qui est manifestement en difficulté.
→ L’analyse de SUD : SUD éducation continuera à porter les revendications d’augmentations de salaires, notamment à l’occasion des réunions à venir sur ces questions. Surtout, il faudra envisager de massives mobilisations pour obtenir satisfaction sur les revendications : pour un vrai salaire et un vrai statut, face à la surdité du ministère, mobilisons-nous !
- Salaires
Notre intervention : nous avons rappelé les exigences que nous avons porté au cours des concertations sur la revalorisation. Dans l’immédiat, nous avons exigé l’abandon pur et simple du Pacte dans le cadre d’un versement de l’enveloppe prévue dans l’enveloppe dévolue à la revalorisation inconditionnelle. Au-delà, nous avons souligné l’insuffisance globale de l’enveloppe. Enfin, nous avons souligné l’absence de perspectives de réduction des inégalités salariales, en particulier entre femmes et hommes, et entre handicapés et non-handicapés, et revendiqué à ce titre le paiement à temps plein des temps partiels.
La réponse du ministre : le ministre a dit que le Pacte était un engagement de campagne de Macron. Il a dit qu’il restait ouvert à des perspectives sur la réduction des inégalités femmes-hommes, et qu’il accepterait que la question des personnels handicapés soit mise à l’agenda, dans un cadre transversal aux différentes catégories de personnels.
→ L’analyse de SUD : le bras de fer sur la question des revalorisation continue. Nous ne lâcherons pas sur la revendication de verser l’enveloppe Pacte dans le volet inconditionnel, mais pour obtenir cela il faudra une mobilisation massive. Au-delà, il faudra un rapport de force d’ampleur pour obtenir de véritables augmentations de salaires.
- Répression
Notre intervention : notre camarade Kai est intervenu pour évoquer la situation générale concernant la répression, en rappelant un tournant très important à partir de 2017. Il a souligné la multiplication des audits d’établissement, hors cadre légal. Il a insisté sur la multiplication des mutations dans l’intérêt du service, qui sont des mutations d’office déguisées. Il a également évoqué l’acharnement spécifique contre les militant·es de SUD éducation. Nous avons ensuite insisté sur les procédures en cours, notamment la saisine de la Défenseure des droits, et exigé de nouveau le rétablissement de Kai sur son poste de Joliot-Curie.
La réponse du ministre : il a insisté sur le fait qu’il n’y avait pas d’acharnement spécifique contre SUD éducation, sans se prononcer sur la période Blanquer. Il a dit être attentif aux résultats de la saisine de la Défenseure des droits (qui a par ailleurs déjà commencé à solliciter le ministère suite à celle-ci). Il a enfin dit ne pas être en mesure de s’exprimer sur les situations individuelles.
→ L’analyse de SUD : nous ne lâcherons rien sur la répression, et nous mettons tout en œuvre pour gagner et obtenir des jurisprudences positives, notamment pour mettre un terme à ces mutations dans l’intérêt du service.