SUD éducation exprime son soutien aux personnels de l’éducation en grève, aux étudiant·es , aux parents d’élèves mobilisé·es, et à l’ensemble du mouvement social en Serbie.
Après l’effondrement de l’auvent de la gare de Novi Sad, qui a causé la mort de 15 personnes le 1er novembre dernier, une grande partie de la population de Serbie s’est élevée contre la corruption, responsable de cet écroulement meurtrier. La gare, auvent compris, venait en effet d’être rénovée et la défaillance dans la structure révèle l’incompétence et la corruption dans le choix des entreprises et dans les travaux publics. Les autorités (le maire de Novi Sad, la société de chemins de fer, le ministre des Transports, le premier ministre et le président) ont ensuite dissimulé des informations et entravé l’enquête. Le mouvement social dénonce la corruption de ces responsables et leur impunité..
Dès le lendemain de l’accident, des rassemblements en hommage aux victimes ont été organisés à Novi Sad et dans les autres villes de Serbie. Fin novembre, les étudiant·es de la faculté des Arts dramatiques de Belgrade et leurs enseignant·es ont rendu hommage aux victimes et ont subi les attaques violentes d’un groupe, sous les yeux d’une police impassible. Les étudiant·es ont alors rapidement organisé le mouvement, en occupant des universités, en y installant des cantines, en y proposant des activités… Les décisions y sont prises de manière collective et horizontale.
Au début de l’hiver, les violences, émanant de divers groupes et de la police, à l’encontre des manifestant·es et y compris sur des personnes âgées, ont convaincu une partie de la société de soutenir les étudiant·es mobilisé·es. Le mouvement s’est alors élargi et les rassemblements « Serbie, arrête-toi ! » sont devenus réguliers. Tous les jours à 11h52, heure de l’effondrement de l’auvent de la gare, les gens arrêtent tout, bloquent la circulation, et font silence pendant quinze minutes, en hommage aux quinze victimes. S’en suivent des sifflets et slogans. Ce mouvement contre la corruption a été rejoint par celui contre l’exploitation du lithium dans le Jadar et par celui sur l’aménagement de Belgrade et contre la destruction du Vieux pont sur la Save, qui est un symbole anti-fasciste, visé par le gouvernement. De nombreux secteurs ont rejoint la protestation, en fournissant des vivres et du matériel aux universités, en abondant des cagnottes, en participant aux manifestations ou en se mettant en grève.
Les étudiant·es mobilisé·es revendiquent la publication de la documentation complète concernant la rénovation de la gare de Novi Sad ; le retrait de toutes les accusations portées contre les personnes arrêtées lors des manifestations ; la fin de l’impunité pour ceux qui ont physiquement attaqué les étudiant·es et enseignant·es protestataires ; l’augmentation du budget des universités.
En décembre, les lycées ont commencé à se solidariser avec les étudiant·es. La ministre de l’Éducation a avancé la date des vacances pour éviter que le mouvement ne prenne, en vain. La grève initiée mi-janvier a été très suivie, malgré des pressions sur les fonctionnaires. Le gouvernement a d’abord répondu par la violence, la menace et des déclarations pour décrédibiliser les personnes mobilisées. Ces dernières semaines, le premier ministre et le maire de Novi Sad ont démissionné et le gouvernement a appelé au dialogue tout en poursuivant la répression.
SUD éducation soutient les mobilisations en Serbie pour réclamer la fin de la corruption, la fin de l’impunité, le droit de s’exprimer et de décider d’un meilleur fonctionnement des services publics.