SUD éducation, la Voix Lycéenne et le Poing levé ont saisi en référé le Conseil d’État afin de demander la suspension de la note de service du ministre de l’Éducation nationale interdisant les abayas. L’audience devant le Conseil d’État se tiendra le mardi 19 septembre à 15h.
Ce référé-suspension doit rapporter un doute sérieux sur la légalité de la décision. Le Ministre de l’Éducation désigne en effet l’abaya comme un vêtement religieux par nature, s’attribuant ainsi la compétence pour décider de ce qui relève d’une tenue religieuse ou non. Or il est pratiquement impossible de différencier une abaya d’une robe fluide à manches longues comme les quelques cas l’ont démontré. Insuffisamment précise, l’interdiction pose une difficulté d’appréciation qui ouvre la voie aux discriminations, car la distinction entre une robe longue ordinaire et une abaya ne peut qu’être basée sur la religion ou l'origine supposées de l'élève. Il s’avère que les critères ayant mené à l’exclusion des jeunes filles aux portes des établissements sont des plus vagues. Certaines ont été exclues pour d’autres tenues que des abayas et toute jeune fille non racisée a pu entrer en classe même avec des robes longues. Des élèves ont été exclues parce qu’elles portaient un kimono, d’autres parce qu’elles portaient des tuniques avec des pantalons. Les dérives sont nombreuses et montrent l’arbitraire d’une telle interdiction. Ces interdictions s’appliquent également aux AED qui ont été conviées à montrer l’exemple en changeant de tenues.
Comme SUD éducation l’a déjà pointé, cette note de service stigmatisant les élèves musulman·es ou supposé·es musulman·es fait le jeu des discours islamophobes aux relents coloniaux et s’ajoute aux nombreuses prescriptions sexistes visant à contrôler le corps et les vêtements des femmes.