Stages en responsabilité des M2 : un bilan de rentrée catastrophique – Communiqué de SUD éducation

Depuis plus d'un an, SUD éducation, avec l'ensemble des organisations syndicales, s'oppose à la mise en place de la réforme de la formation des enseignant·es. Avec un passage en force, le ministère voit pointer, dès cette rentrée, les conséquences néfastes que nous dénoncions dans nos précédentes publications.

 

SUD éducation a pris connaissance par voie de presse du bilan de rentrée fait par le Réseau des INSPE au cours de sa conférence de presse du 27 septembre au sujet des stages en responsabilité pour les M2 (non lauréat·es des concours) sous statut de contractuel·les alternant·es.  

 

L'opacité des données qui laisse poindre les inégalités territoriales

 

Ce bilan fait d'abord état de remontées statistiques du nombre de demandes de stage en responsabilité  par degré et du nombre d'étudiant·es effectivement en responsabilité à l'heure actuelle.

 

On y apprend que, globalement, toutes les demandes de stages en responsabilité n'ont pu être acceptées (seulement 70%). Pourtant, dans le même temps, il y avait en moyenne, nationalement, plus de postes berceaux proposés (1 poste berceau pour 1,6 étudiant-e)  que de postes effectivement pourvus. (1 stagiaire en responsabilité pour 2,6 étudiant-e-s).

En outre, dans certains départements, beaucoup de contractuel·les ont vu leurs contrats non renouvelés pour créer des postes berceaux pour ces stagiaires alternant·es en responsabilité, pratique totalement scandaleuse pour les enseignant·es non titulaires déjà précaires.
Dans certaines académies, comme celles de Lille, tous les postes berceaux du premier degré ont trouvé preneur-ses mais moins de la moitié de ceux du second degré.

On peut donc constater  de grandes disparités dans le nombre d'étudiant·es alternant·es en responsabilité entre INSPE et donc entre académies ainsi qu’entre degrés d’enseignement. Or, nous dénonçons depuis l'an dernier la mainmise des rectorats sur les INSPE prévue par la réforme qui entraîne des financements variables des INSPE, des nombres de postes berceaux tout aussi variables et par conséquent des inégalités.

 

Les raisons d'une désaffection pour le stage en responsabilité

 

De manière générale, les stages en responsabilité n'ont pas fait le plein puisque si l'on considère les données de 27 INSPE (sur 32 existants), 38% des étudiant·es en M2 MEEF non lauréat·es du premier degré sont actuellement en stage en responsabilité (43% dans le premier dégré; 31% dans le second degré et 25% chez les CPE). Quel que soit le panel considéré, il n'y a  jamais eu plus de 58% d'étudiant·es qui ont demandé à effectuer ce stage. Or ce stage en responsabilité était censé renforcer l'attractivité du master MEEF et du métier même d'enseignant·e. Si c'était le cas, on peut penser que plus de 80% des étudiant·es en auraient fait la demande. Il semble que les étudiant·es qui en avaient les moyens financiers ont préféré se concentrer sur la préparation de leur concours ainsi que la validation de leur M2. Par ailleurs, la rémunération du stage (865€) n'est pas non plus attractive puisqu'elle ne permet pas une véritable autonomie des étudiant·es. 

SUD éducation dénonce depuis le début la réforme de la formation des enseignant·es pour ces raisons là (charge de travail intenable en fin de Master et précarisation des jeunes enseignant·es n'ayant désormais plus accès au statut de fonctionnaire stagiaire durant cette année de M2).

L'objectif de 33% de formateurs·trices issues du terrain dans le premier degré n'est pas non plus atteint faute de véritable statut et moyens à la clé.

SUD éducation dénonce depuis le début cette contre réforme dont les pires effets sont déjà en train de se confirmer et revendique le retour à un concours à bac +3, suivi de deux années de formations rémunérées validées par un Master et avec une entrée progressive dans le métier.