Santorin est le nouveau dispositif numérique dont s’est doté le ministère de l’éducation nationale pour les corrections de copies d’examen. Il nécessite la numérisation de toutes les copies d’examen, la mise au point d’un barème intégré à chaque épreuve, la distribution des lots de copies aux examinateurs-trices et le recueil des résultats de correction. Après avoir été testé les années précédentes pour les BTS ou les concours d’enseignement, c’est au tour des collègues de Philosophie et de Français à faire les frais des corrections 2.0 du baccalauréat 2021.
Pour les correctrices et les correcteurs, il s’agit clairement d’une dégradation des conditions de travail. Avec des lots de 120 à 140 copies à corriger en l’espace de huit à neuf jours, les collègues doivent passer plusieurs heures par jour devant leurs écrans, provoquant une fatigue oculaire importante, des céphalées et la détérioration de la qualité du sommeil. Par ailleurs, la correction de copies numérisées rend impossible le classement des copies afin de les comparer et d’ajuster les notes. Enfin les collègues pourraient être dépossédé-e-s des notes puisqu’ils et elles ne feront plus nécessairement partie du jury qui entérinera ou modifiera la note attribuée.
Pour le Ministère, le choix du numérique permet un saut dans la logique managériale de surveillance des professeur-e-s. Le recueil des données statistiques sur le travail de correction pourra permettre des réorganisations des corrections permettant d’améliorer la productivité des collègues, par la surveillance de l’avancement des corrections de copies par les rectorats, voire de redistribution de lots de copies de collègues jugé-e-s “inactifs et inactives”.
Un tel système numérique de correction a un coût plus important que le système traditionnel : coût budgétaire, mais aussi coût écologique avec le stockage de données massives et l’utilisation des ordinateurs par les correcteurs, les correctrices et les élèves qui consulteront leurs copies. La numérisation et surtout l’archivage en ligne des copies nécessitent la production constante d’une quantité importante d’électricité, sans compter la construction polluante du matériel utilisé massivement. C’est aussi un nouveau marché ouvert aux entreprises du numérique.
SUD Éducation dénonce
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cette nouvelle dégradation des conditions de travail des enseignant-e-s,
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la surveillance et la pression intolérables permises par ce dispositif,
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le gaspillage budgétaire et écologique de Santorin.