1. Retraites
La mobilisation contre la réforme des retraites est historique. Des millions de personnes se mobilisent, par la grève et les manifestations. L’opinion publique est très massivement opposée au projet de réforme, et soutient majoritairement la mobilisation, y compris le blocage de l’économie et les grèves reconductibles.
Macron et son gouvernement, fébriles, multiplient interventions contradictoires, condescendantes et insultantes.
Le passage en force du gouvernement, sous la forme d'un recours au 49.3 permettant l'adoption de la réforme des retraites sans vote de l'Assemblée nationale sur le texte, a relancé la lutte pour nos retraites et suscité son amplification sous la forme d'un large mouvement de protestation démocratique: reconduction des grèves dans les secteurs les plus mobilisés, rassemblements et manifestations spontanées ou appelées par les organisations syndicales, blocages et occupations d'établissements d'enseignement.
La jeunesse amplifie également très nettement sa mobilisation : SUD éducation soutient l’ensemble des mobilisations des organisations de jeunesse et étudiantes, se tient à disposition pour les aider et dénonce les pressions qu’ils et elles subissent notamment en ce qui concerne l’assiduité et les examens.
Depuis le 16 mars, les violences policières s’accélèrent, la criminalisation de la lutte est une manœuvre politique pour faire taire la contestation et le droit de s’exprimer. Les arrestations arbitraires se multiplient : SUD éducation condamne ces arrestations, nous condamnons la criminalisation des luttes et nous exigeons la relaxe de nos camarades et la fin des violences policières. Une collègue AESH de Rouen a ainsi été mutilée, son pouce ayant été arraché par un jet de grenade de désencerclement.
SUD éducation dénonce l’autoritarisme et la brutalité du pouvoir et intervient contre la répression par tous les moyens syndicaux possibles : structuration des cortèges et services d’ordre, mobilisation devant les commissariats et tribunaux, large communication.
SUD éducation appelle à renforcer la mobilisation par la multiplication des actions de blocage, manifestations et rassemblements. L’heure est toujours à construire la mobilisation dans nos écoles, établissements, dans nos villes et nos campagnes. Pour construire une grève de masse, nous devons poursuivre et renforcer l’intervention sur le terrain, et pas seulement là où se regroupent les militant-es.
L’enjeu est double : gagner cette lutte tout en continuant à construire et renforcer notre outil syndical.
Nous n’avons jamais été aussi proches de la victoire : il faut porter le coup de grâce à ce gouvernement aux abois de manière massive, unitaire et déterminée, par la grève et sa reconduction, par le blocage du pays.
Nous allons gagner !
Ne pas gagner cette lutte n’est pas envisageable compte-tenu de la menace que représente l'extrême droite en cas d’échec. La colère exprimée dans la rue, si elle n’est pas entendue, pourrait très bien s’exprimer dans les urnes au travers d’un vote RN. Les attaques de groupuscules fascistes sur les cortèges et locaux syndicaux qui s’accentuent un peu partout en sont un avant-goût. Elles démontrent s’il en était besoin que l’extrême-droite est en embuscade, et elles risquent de s’amplifier lors de l’étude des futures propositions de lois immigration au sénat et à l’assemblée.
A l’inverse, la mobilisation actuelle permet d’imposer dans le débat public les thèmes du camp social.
Une victoire permettra de les conforter de même que l’action syndicale.
2. Éducation
L’actualité est chargée dans notre secteur professionnel. La question de la revalorisation a fait l’objet de concertations, dans le cadre d’une enveloppe très insuffisante : 1,9 milliards d’euros pour le volet inconditionnel (le “socle”), 300 millions pour la fin de l’année 2023 pour la partie “pacte”, qui concerne la rémunération de missions supplémentaires. SUD éducation affirme son exigence d’une enveloppe plus importante, dans le cadre d’une rémunération pour toutes et tous fondée sur de l’indiciaire et non de l’indemnitaire.
La logique du Pacte va accentuer les inégalités salariales entre les hommes et les femmes, ces dernières étant toujours malheureusement plus sollicitées pour le travail domestique que les hommes, et pouvant donc moins facilement faire le choix de faire des missions supplémentaires. Le “pacte” est inacceptable : pour SUD éducation, c’est non !
Par ailleurs, le ministre précise son projet sur le collège, dans le cadre d’une logique de remise en cause du collège unique que SUD éducation refuse, et pour la mixité scolaire, qui devrait aboutir à une remise en cause de la logique de l’éducation prioritaire.
SUD éducation dénonce et s'opposera au projet de mixité sociale annoncé par le ministre. Ce projet, déjà mis en œuvre à Toulouse, persiste à vouloir créer des binômes de collèges peu éloignés géographiquement mais socialement éloignés plutôt que de donner de vrais moyens à l’éducation prioritaire pour garantir un service public de qualité partout et empêcher la fuite des élèves vers les collèges privés. Derrière les plans de “mixité sociale”, ce sont les populations des quartiers populaires et les personnels qui sont déplacé·es et maltraité·es.
Enfin, les annonces concernant le collège sont chaque jour plus inquiétantes : suppression de la technologie en 6e, la demi-journée hebdomadaire consacrée dès la 5e à l’orientation, les évaluations nationales en 4e.
D’autre part, le dernier conseil supérieur des programmes vient de rendre ses conclusions sur le recrutement des professeur-es du premier et second degré : elles prévoient notamment la suppression des concours actuels des professeurs des écoles et des certifié-es pour remplacer l’accès au métier par un seul et unique oral... Une manière de plus de niveler par le bas nos professions d’enseignements et de légitimer des salaires mal rémunérés.
La préparation en cours de la rentrée 2023 se fait de manière inacceptable. Face à la décrue démographique dans le 1er et le 2d degré, le gouvernement a fait le choix de ne pas desserrer l’étau des moyens. Au contraire, il répond par des classes toujours plus chargées, par des fermetures de postes, ce qui bloque d’autant les mobilités des personnels. SUD éducation soutient toutes les mobilisations en cours et appelle à les amplifier, notamment en lien avec la réforme du lycée professionnel. Quant à l’ESR, il doit absorber la hausse démographique sans moyens à la hauteur, comme l’avaient fait avant
lui le 1er et 2de degré.
Ensuite, les épreuves de spécialité ne se sont pas “bien passées” comme l’affirment les services du ministère. Le passage des épreuves de spécialité pour la première fois en mars a été la source de nombreux dysfonctionnements et de stress pour les élèves, aggravés par la fuite de sujets.
Le décès tragique, et (l’enquête doit le déterminer) possiblement évitable d’un élève en plein examen à Lille n’est pas un fait divers : tout, dans la relation qu’en fait la presse, indique que les dysfonctionnements sont patents. En particulier, l’attitude du chef d’établissement, si elle est avérée, est indigne, et jette une lumière crue sur la pression exercée par le ministère sur les établissements pour assurer le passage des épreuves en mars.
SUD éducation revendique un retour à une épreuve nationale terminale en juin.
3. Luttes sociales
Le gouvernement a déclaré au début de l'année vouloir étendre les tests du Service National Universel (SNU) dans sept départements. Alors que la jeunesse se mobilise face à la réforme des retraites et contre la casse de son avenir, le SNU apparaît comme un moyen de mater la jeunesse. Il s’agit d’inculquer un esprit d’obéissance aux règles, un respect absolu des normes... Règles et normes qui, pour la plupart, ne visent qu’à perpétuer les inégalités et injustices inhérentes à l’organisation actuelle de la société.
C'est aussi un outil au service du management et du capitalisme, qui fait travailler gratuitement les jeunes selon les valeurs de l'entreprise. Volonté de soumission, enfin, car elle ne reconnaît comme « engagement » des jeunes que les dispositifs étatiques. Face à cette nouvelle obligation qui endoctrine la jeunesse au nom de la patrie et de l'autoritarisme, il est important de réaffirmer notre opposition au SNU. Les moyens pour la jeunesse doivent aller à l'éducation émancipatrice, pas au militarisme. SUD éducation s’inscrira dans toutes les initiatives visant à mettre en échec ce projet.
Le nouveau projet de loi Asile & Immigration du gouvernement conduit à une négation radicale des droits fondamentaux des migrant-es. Il a pour objectif de graver dans le marbre et de radicaliser les pratiques préfectorales arbitraires et répressives : systématisation des OQTF et des IRTF, dans la suite des instructions déjà prises pour augmenter les assignations à résidence et le nombre de Centre et Locaux de Rétention Administrative.
Pour SUD éducation, qui revendique la liberté de circulation et d'installation et la régularisation de tou-tes les sans papiers, cette loi doit être combattue. La mobilisation en cours contre la réforme des retraites ne doit pas invisibiliser ce combat : au contraire, la lutte sociale massive en cours doit permettre d’arracher des victoires partout où c’est possible, et notamment contre la loi Darmanin. Il est en effet pertinent et utile de lier nos luttes en tractant dans les manifestations concernant les retraites sur les autres sujets, en insistant sur la façon dont les différentes lois défendent un même système. Les mobilisations notamment du samedi 25 mars contre le racisme et le projet de loi prennent donc particulièrement sens dans le contexte actuel de remise en cause du pouvoir en place et de son projet de société capitaliste et raciste.
Enfin, l’actualité est marquée par les mobilisations nécessaires pour les droits des personnes LGBTIQIA+. Le suicide récent du jeune Lucas, faisant suite à de nombreux suicides récents en raison de l’orientation sexuelle ou de genre dans l’éducation nationale, vient le rappeler. Par ailleurs, l’extrême-droite a fait de la transphobie et la lutte contre un “entrisme LGBT à l’école” un cheval de Troie: l’extrême-droite tente par de biais de s’implanter au sein de la communauté éducative, que ce soit auprès des personnels, des parents, des élèves, des étudiant-es.
SUD éducation continue à se battre contre les LGBTIQIA+phobies et fera de la journée du 17 mai un événement majeur auprès des personnels de l’Éducation nationale.