Motion adoptée lors du Conseil Fédéral de la Fédération SUD éducation des 9 et 10 décembre
Le gouvernement français a donc décidé de maintenir au 12 décembre le 3ème référendum portant sur l'avenir de la Kanaky/Nouvelle Calédonie. Cette décision est une provocation et une grave entorse au processus de décolonisation défini par les Accords de Nouméa de 1998, faisant suite aux Accords de Matignon de 1988. Il ne peut pas y avoir de consultation référendaire ni de processus de décolonisation sans consultation d'une des parties, en l’occurrence le peuple Kanak, le peuple colonisé depuis 1853. L’ensemble des organisations membres du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), les autres partis politiques indépendantistes, l’Union syndicale des travailleurs Kanak et des exploités (USTKE), les associations, et des dizaines de communes ont appelé à ne pas organiser ce référendum en décembre 2021.
Car avec près de 270 morts du COVID depuis septembre, ce qui proportionnellement correspondait à plusieurs dizaines de milliers en France, la situation sanitaire n'a pas permis l'organisation d'une campagne politique digne de ce nom. Les périodes de deuil n’ont pu être respectées : dans les familles, dans les tribus comme dans les villes, le souci premier actuellement n’est pas d’organiser une campagne électorale ! Comme en France, la pandémie a frappé avant tout les plus pauvres, les plus précaires et les plus isolés, c'est-à-dire avant tout les peuples kanak et océanien, marque d'une situation coloniale bien présente sur ce territoire qui pâtit d'un sous-investissement public chronique et d'une gestion coloniale.
En prenant la décision de maintenir le 3ème référendum au 12 décembre pour répondre aux exigences du seul du camp des partisans de la Kanaky française, le gouvernement français s'apprête à voler le processus d'indépendance du peuple kanak. En effet, le camp du oui à l'indépendance a très fortement progressé entre les référendums de 2018 et 2020 passant de 60 000 voix à plus de 71 000 quand le camp du non n'en gagnait que 3000: tout se jouera donc sur la participation électorale des peuples kanak et océanien. En maintenant unilatéralement la date du 12 décembre, le gouvernement français et les colonialistes interdisent de fait cette mobilisation.
SUD éducation, avec son Union syndicale Solidaires membre du Collectif Solidarité Kanaky:
- appelle à ne pas organiser ce référendum en décembre 2021, à le reporter au second semestre 2022 et soutient le mot d’ordre des organisations kanak de ne pas y participer s’il est maintenu à la date choisie par l’État français et les mouvements colonialistes.
- réaffirme qu'un référendum d'autodétermination ne peut pas se tenir sans le peuple premier.
- rappelle être depuis toujours aux côtés de celles et ceux qui revendiquent le droit à l’autodétermination des peuples et luttent contre le colonialisme. La solidarité internationale est un de nos principes fondateurs, nous soutenons donc les demandes des organisations du peuple Kanak et travaillons à construire en France la mobilisation unitaire nécessaire pour faire entendre leurs revendications.