Face aux attaques du gouvernement, renforcer le syndicalisme de lutte
La mobilisation contre la réforme des retraites a mis en avant la puissance de la colère sociale et a réaffirmé la centralité du syndicalisme dans la construction du rapport de force avec le gouvernement.
Les manifestations ont mis des millions de personnes dans la rue malgré des violences policières toujours accentuées. Des secteurs d’activités ont été bloqués par la grève et même si la reconduction n’a pas été une réussite dans le nôtre, le gouvernement a toujours été minoritaire dans l’opinion publique. La mobilisation n’est pas terminée, les casserolades et les manifestations spontanées à travers l’ensemble du territoire le montrent. Dans l’éducation, la revendication d’abrogation de la réforme des retraites s’articule avec les luttes sectorielles, notamment salariales en cours ou à venir : Pacte, voie professionnelle, AESH.
SUD éducation a porté la stratégie de la grève reconductible, de la multiplication des actions, de l’auto-organisation des luttes. Nous sommes persuadé·es que les prochaines mobilisations devront s’appuyer sur ces moyens d’action : il faut pour cela renforcer la syndicalisation, à SUD éducation en ce qui concerne notre secteur.
Conscient.e.s de l'urgence climatique et environnementale, les militant.e.s de SUD éducation se sont par ailleurs investi.e.s ces derniers mois au sein de collectifs dans des luttes locales, nationales (Méga bassines de Sainte-Soline, autoroute Toulouse-Castres avec la Confédération Paysanne ...) et internationales (LGV Lyon-Turin). Ces luttes environnementales sont de plus en plus criminalisées puisqu'elles sont vues, à juste titre, par le pouvoir comme des combats anticapitalistes. A ce titre, SUD éducation condamne très fermement la dissolution du mouvement des Soulèvements de la Terre ainsi que la vague d’arrestations faites par la SDAT (sous direction de l'antiterrorisme) qui l’a précédée. SUD éducation s'associe au recours collectif contre la dissolution des Soulèvements de la Terre.
Construire une mobilisation dans l’éducation à la rentrée
Le passage en force du gouvernement sur la réforme des retraites se traduit dans l’Éducation par la mise en œuvre à marche forcée du programme de Macron. La réforme de la voie professionnelle, qui se traduit par une augmentation du temps de stages et des fermetures de filières, a subi un coup d’accélérateur. SUD éducation s’engage fermement contre cette réforme, dans le cadre de la construction d’une unité large, et appelle les personnels à refuser le Pacte. Ndiaye s’entête à mettre en œuvre le Pacte, rejeté par les personnels et par l’ensemble des organisations syndicales. Nous nous inquiétons vivement des annonces concernant la fusion des AED et AESH qui vont à l’encontre de notre revendication de la reconnaissance de deux métiers à part entière. La destruction de l’éducation prioritaire se poursuit : cités éducatives, politique de “mixité scolaire” (Toulouse, Nantes, Paris), accords avec l’enseignement catholique. La préparation de la rentrée se fait de nouveau dans des conditions difficiles : fermetures de classes, hausses des effectifs, postes non pourvus aux concours, manque de personnels notamment médico-sociaux.
Le déploiement du SNU sur temps scolaire nous renforce dans nos revendications : abrogation pure et simple du dispositif, reversement des fonds alloués dans le service public d’éducation. Il s’agit en effet d’une entreprise de militarisation de la jeunesse, d’un déploiement des idées nationalistes, qui met en danger les jeunes mineur·es accueilli·es. De nombreux cas de maltraitances et de violences sont relevés à chaque séjour sans exception, dont des agressions sexuelles et viols, des propos racistes et homophobes.
La rentrée s’annonce donc une nouvelle fois catastrophique. A tous les niveaux, SUD éducation continue de porter en intersyndicale la nécessité d’une mobilisation d’ampleur pour mettre en échec la casse du service public de l’éducation et de l’enseignement supérieur et la recherche. SUD éducation portera en intersyndicale à tous les niveaux un appel à la grève et à des actions locales pour la période de la rentrée.
Dans l’ESR, les vacataires se sont mobilisé·es en cette fin d’année à travers un mouvement de rétention des notes pour réclamer une réévaluation de leur rémunération : SUD éducation a apporté son soutien à cette mobilisation et poursuit le travail syndical pour des hausses de salaires et la titularisation de tous les personnels précaires qui font vivre l’ESR.
Notre organisation est en première ligne des mobilisations, et son action dérange les rectorats et le ministère. On ne compte plus les camarades suspendu.es 4 mois, et muté.es « dans l'intérêt du service » comme Kai Terada dans le 92 (doublé d'une « neutralisation » par le rectorat de sa demande de mutation dans son lycée d'origine), Hélène Careil dans le 93, ou Christine Gorce dans le 13, et bien d'autres. Cette répression se poursuit sous Ndiaye : c'est bien son ministère qui fait appel de la victoire d'Hélène suite à son recours au tribunal administratif. Il est temps que cela cesse ! SUD éducation continuera à se mobiliser et à soutenir les camarades et collègues qui subissent une répression anti-syndicale en raison de leurs engagements.
Les offensives menées par les chef·fes contre les tenues vestimentaires des jeunes filles se multiplient. Nous soutenons les jeunes collégien·nes et lycéen·nes dans leur combat pour le droit de s’habiller comme elles et ils l’entendent, et contre les remarques sexistes et islamophobes des adultes. Nous condamnons toutes les démarches qui visent à interdire l'accès à l'établissement scolaire à des élèves sous prétexte d'une tenue inadaptée.
Enfin se pose de manière urgente la question de l’amiante dans le bâti scolaire. D’ici à 2025, l’amiante pourrait provoquer 100000 morts en France. Le déni de l’administration doit cesser. Sa responsabilité est pleine et entière. SUD éducation continue de revendiquer le retrait de tout matériau amianté, la mise en sécurité de tou·tes les agent·es et usager·ères et un suivi médical renforcé.
À l’école comme ailleurs, combattre l’extrême-droite
L’école subit des pressions croissantes de la part de l’extrême-droite. Des groupes souvent structurés autour de l’association “Parents vigilants” de Reconquête harcèlent et menacent des enseignant·es qui mettent en oeuvre des enseignements qui portent des projets en lien avec l’antisexisme, les luttes contre les LGBTIphobies ou les droits des personnes migrantes. Dans les universités, les groupuscules d’extrême-droite poursuivent leur implantation et multiplient les attaques contre des militant·es. Cette dynamique, en lien avec l’impunité dont bénéficient les fascistes dans la rue, est très inquiétante et nécessite une réponse forte.
Le gouvernement fait le jeu de l’extrême-droite lorsqu’il demande de faire remonter les taux d’absentéisme des élèves lors de l’Aïd. Ce racisme institutionnel se décline également dans le projet de loi Darmanin qui va encore plus réduire les droits des personnes migrantes, tandis qu’un énième naufrage en Méditerranée a eu lieu il y a quelques jours et que la violence d’État dans les centres de rétention administrative a abouti à la mort d’un retenu en région parisienne il y a quelques semaines.
SUD éducation s’est pleinement inscrit dans les commémorations de Clément Méric, notre jeune camarade assassiné par des militants d’extrême-droite, pour rappeler qu’elle a tué et tue encore. SUD éducation impulse depuis deux ans un cadre unitaire contre l’extrême-droite avec la FSU, la CGT, le SGEN-CFDT et l’UNSA-éducation : cette dynamique doit être renforcée au cours des mois qui viennent. SUD éducation continuera à développer en propre sa campagne contre les menaces que fait peser l’extrême-droite sur l’école.
L'extrême-droite menace partout les droits des femmes et minorités de genres, et notamment le droit à l'avortement. SUD éducation appelle à se mobiliser massivement à l'occasion de la Journée internationale pour le droit à l'avortement, le 28 septembre, et construira une mobilisation d'ampleur dans un cadre intersyndical dans ce but.