Motion d’actualité du CF de juin 2021
La période est marquée par un climat politique nauséabond. Les projets de loi “sécurité globale” et “séparatisme” montrent que la boussole du gouvernement est aujourd’hui du côté de l’autoritarisme. La chasse aux sorcières lancée par le ministère de l’enseignement supérieur, ainsi que les diatribes de Blanquer contre la non-mixité et l’écriture inclusive sont à la fois une diversion face au mécontentement que suscite la politique néolibérale du gouvernement et une offensive réactionnaire reprenant les mots d’ordres de l’extrême-droite. Les tribunes de militaires appelant à préparer la guerre civile, insuffisamment condamnées par le gouvernement, sont de nature à menacer la vie démocratique la plus élémentaire. La mobilisation de syndicats policiers mettant en cause la justice, avec le soutien du ministre de l’Intérieur et de responsables politiques, contribue à cette offensive factieuse. Les déclarations anticonstitutionnelles d’Emmanuel Macron sur les personnes dites sans papiers qui auraient des devoirs avant d’avoir des droits sont également un signal très inquiétant de la banalisation de la xénophobie et du racisme. La suppression de l’observatoire de la laïcité procède de la même logique. Le gouvernement met en scène un tête-à-tête électoral avec le Rassemblement national, confortant de fait celui-ci dans l’opinion publique. Enfin, les agressions racistes, et les attaques de commandos fascistes se multiplient. Face à cette situation, il s’agit dorénavant de poursuivre la dynamique de construction de cadres unitaires larges (du type de celui contre la loi sécurité globale ou des marches du 12 juin), à même de renforcer notre camp social et de faire bloc autour de son système de valeur, contre la réaction, l’intolérance et l’autoritarisme, et plus largement contre l’hégémonie des idées d’extrême-droite et des forces sociales et politiques qui l’alimentent.
De plus, le gouvernement continue de mettre en œuvre sa politique néo-libérale de destruction des conquis sociaux et ce alors que la pandémie a déjà fragilisé de nombreuses personnes : précaires, chômeur-se-s, étudiant-e-s... La réforme de l'assurance chômage en est l'exemple type, les nombreux appels à la prétendue nécessité de mettre en place celle tant décriée des retraites sont un autre symptôme de cette volonté délétère. Les soi-disant efforts inédits des Grenelle de l'Éducation et Ségur de la Santé prouvent également que le gouvernement ne se soucie pas de ces services publics essentiels meurtris, il ose encore demander aux soignant-e-s de faire un effort bien qu'ils et elles soient à bout de force. Les revalorisations historiques – qu'il faut traduire par missions supplémentaires et primes non pérennes – ne sont que des écrans de fumée destinés à détourner l'attention des citoyen-ne-s de la casse des services publics qui se poursuit.
En mars 2020, le confinement et son corollaire dans l’éducation, l’enseignement à distance, a fait son entrée dans les établissements scolaires, alors que ce mode d’enseignement dégradé n’est pas à la hauteur comparable de l’enseignement en classe. De nouveau, la gestion de la crise sanitaire a été catastrophique durant cette année scolaire : rien n’a été anticipé et l’année scolaire n’a été qu’une succession d’improvisations et de réorganisations permanentes. Les suppressions de postes se poursuivent, les effectifs de classe s'alourdissent, les pressions hiérarchiques augmentent, la répression antisyndicale se banalise, la liberté pédagogique est menacée. Les contre-réformes font toujours plus sentir leurs effets : mise en œuvre des réformes des lycées, programmes réactionnaires, évaluations généralisées menaçant jusqu’à l’école maternelle... Enseigner devient une lutte ! Face à la crise sanitaire qui peut être amenée à perdurer, SUD éducation réaffirme la nécessité de mettre en place un plan d’urgence pour pour l’éducation comprenant des recrutements massifs de personnels titulaires et la rénovation du bâti scolaire.
Le bac 2021 se passe dans des conditions inacceptables : inégalité entre établissements du fait des ajustements la mise en place des mesures sanitaires et des absences individuelles liées au Covid, maintien du Grand oral sans préparation, numérisation des copies… Face à cette situation, SUD éducation appelle les personnels à se réunir au plus vite et à débattre des modalités d’action, et soutient les personnels qui se mettront en grève à l’occasion des surveillance, des jurys et des corrections.
Pour cette année exceptionnelle, SUD éducation refuse le dilemme entre contrôle continu injuste et examens finaux problématiques, et revendique la délivrance du baccalauréat et du brevet pour toutes et tous les candidat-e-s.
Le ministère poursuit ses réformes en dépit de l’opposition des personnels. La proposition de loi Rilhac, après un passage au Sénat, n’est toujours pas revenue à l’Assemblée nationale. Si cette loi devait repasser à l’Assemblée nationale, nous nous engagerons dans la construction d’un mouvement de grève massif. La rentrée de septembre va également être marquée par la réforme de l’éducation prioritaire, avec la mise en œuvre des cités éducatives et par l’expérimentation de “contrats locaux d’accompagnement” dans trois académies. Ce chantier a pour objectif la suppression pure et simple des REP. SUD éducation appelle les personnels à construire une mobilisation d’ampleur contre cette nouvelle contre-réforme.
Cette année a été marquée par de nombreuses luttes d’AED et AESH. Les PIAL ont encore un peu plus dégradé les conditions de travail des AESH. En cette fin d’année, il faudra aussi se battre localement pour défendre tous les renouvellements de contrats. Dès la rentrée de septembre, SUD éducation soutiendra toutes les mobilisations afin d’obtenir un véritable statut pour tous les personnels. La mobilisation autour de l’inclusion scolaire et de soutien aux AESH doit se poursuivre à la rentrée.
Les raisons de se mobiliser dans l’Éducation ne manquent donc pas. Afin de renverser la vapeur et d’obtenir enfin un plan d’urgence pour l’éducation, SUD éducation s’engage dans la construction d’un mouvement massif dans l’éducation dès septembre et mettra tout en œuvre dès maintenant pour permettre sa réussite et son ancrage dans la durée.
Pour renforcer le syndicalisme de lutte, cette rentrée de septembre 2021 doit être un grand moment de syndicalisation pour SUD éducation : les progrès importants en terme de nombre d’adhésions ces dernières années doivent se confirmer et s’amplifier, afin de construire un outil syndical ayant les moyens d’impliquer le plus grand nombre de personnels pour mener les combats qui s’imposent.
Enfin, au-delà de notre secteur professionnel, SUD éducation soutient pleinement la perspective de construction d’une grève interprofessionnelle proposée par Solidaires à l’intersyndicale nationale interprofessionnelle, en octobre, et œuvrera à son ancrage dans le secteur de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Pour cette année exceptionnelle, SUD éducation refuse le dilemme entre contrôle continu injuste et examens finaux problématiques, et revendique la délivrance du baccalauréat et du brevet pour toutes et tous les candidat-e-s.