Le recours aux vacations d'enseignement dans les établissements d'enseignement supérieur est massif : plus de 130 000 vacataires contre... 800 en 1982 ! Face à cette pratique structurelle de la précarité pour faire tenir le système de l’enseignement supérieur, des mobilisations de vacataires, même si elles restent encore assez faibles, ont émergé par la grève et des rétentions de notes.
Et si les jonctions et mobilisations collectives avec les titulaires et les autres personnels de l’ESR restent difficiles, c’est principalement parce que l’ensemble de l’ESR croule aujourd'hui sous les tâches et des conditions de travail dégradées. Tandis que des personnels vacataires quittent d'eux/elles-mêmes la "maison", écoeuré·es et complètement essoré·es (à défaut d'être payé·es six mois après la fin de leurs cours), d'autres voient leurs vacations non-renouvelées pour avoir osé protester et défendre leurs droits au sein d'un enseignement supérieur qui avait pourtant annoncé de "belles" avancées (se faire payer tous les mois pour son travail, quel progrès !), et tout cela dans un silence assourdissant.
Comme le rappelait récemment la Confédération des Jeunes Chercheurs (CJC) dans son Guide des droits de l'enseignant·e vacataire, s'il n'existe certes pas de droit général au renouvellement d'un engagement comme enseignant·e vacataire, il existe néanmoins une limite au non-renouvellement, qui ne peut être totalement arbitraire : il ne peut se fonder que sur un "motif tiré de l'intérêt du service" (Conseil d’État, 12 septembre 2018, n°400453222, c/ université de Pau). Les enseignant·e vacataires concerné·es peuvent ainsi demander à l'établissement de justifier ce non-renouvellement (voir notamment la lettre type proposée par la CJC dans son guide p. 63-64). Pour vous faire accompagner dans cette démarche et signaler ces pratiques, contactez nos sections SUD éducation locales.
Sud Éducation déconseille également totalement, suivant là des recommandations récentes de l'Ancmsp qui travaille depuis plusieurs années sur la question, d'assurer des vacations en période de chômage : les enseignant·es qui s'y risquent sont en général complètement perdant·es (justificatifs délivrés par les établissements d'enseignement supérieurs non reconnus par Pôle emploi, risque réel de réclamation ultérieure de trop-perçu pouvant s'élevant à plusieurs milliers d'euros...).
Pour SUD éducation la question des vacations administratives et d'enseignement doit être avancée et défendue lors de toutes les instances afin d'exiger la mise en place effective de la mensualisation, la revalorisation de la rémunération de ces vacations (au moins son doublement) et la prise en compte des arrêts maladie.
Il ne peut s'agir que de mesures d'urgence, qui ne sauraient faire oublier que le recours structurel à la vacation est une pratique proprement indigne d'une administration publique - contrairement à ce que souhaiteraient faire penser nos gouvernant·es et des présidences d'universités, les interventions de professionnels ne représentent qu'une portion limitée des vacataires exerçant dans l'ESR, l'arbre qui cache la forêt, des formes scandaleuses d'exploitation et de travail gratuit qui n'ont pas leur place dans l'enseignement supérieur et la recherche publics.