Jean-Michel Blanquer a une façon bien singulière de répondre au bilan de la réforme du lycée dressé par ses propres services, aux sociétés savantes de mathématiques et aux organisations syndicales. Dans son mail du 17 février adressé aux enseignant·es de mathématiques, il affirme que « Ces interrogations ont pu se nourrir de la vigilance légitime par rapport à un sujet fondamental mais aussi de propos approximatifs et de références biaisées ou erronées ». Et suit une longue liste de rectificatifs.
Au-delà du mépris exprimé par cette phrase, ces mesures déjà prises ne permettront pas de répondre aux problèmes constatés. Il y a bien un abandon des mathématiques à partir de la classe de première pour 31 % des élèves de première. En 2019, on comptait 47,5% de filles en Terminale S et en 2021 il y a 39,8% de filles en spécialité maths : en deux ans de réforme du lycée la part des filles à choisir les mathématiques est revenue au niveau de 1994. Il en est de même lorsque l’on étudie les choix de spécialités en fonction de l’origine sociale des élèves.
La disparition des mathématiques dans le tronc commun de la filière générale pose problème. Les élèves souhaitant s’orienter vers des filières comme la sociologie ou l’économie, ou s’orienter vers des cursus généraux, notamment pour devenir professeur⋅es des écoles, auront arrêté les mathématiques en fin de seconde, sauf à devoir suivre un enseignement de spécialité de mathématiques aussi difficile que les mathématiques de l’ancienne filière S et donc inadapté à de nombreux⋅ses élèves.
Comité sur la place des mathématiques : prendre les mêmes pour ne rien changer
Un comité sur la place des mathématiques vient d’être créé pour répondre aux questions soulevées. Les objectifs fixés en marquent déjà la limite. Ainsi il faudra “encourager encore plus de filles à choisir la spécialité mathématiques en première”, comme si le nombre de filles à effectuer ce choix était très important et qu’il fallait le renforcer. L’énoncé de l’autre objectif, de "renforcer la place des maths dans l’enseignement scientifique" en limite la portée car on ne pourra renforcer la culture mathématique de l’ensemble des élèves qu’en la sortant d’un « enseignement scientifique » fourre-tout et en la faisant enseigner par des professeur·es de mathématiques.
Le choix des membres de cette commission est tout aussi significatif de la volonté de Blanquer de ne rien changer. Nous retrouvons ainsi Pierre Mathiot, architecte de la réforme du Lycée, Stanislas Dehaene, neuroscientifique qui pense l’enseignement comme répétition et technique d’apprentissage en niant les dimensions didactiques et pédagogiques, et Charles Torossian, auteur des actuels programmes de mathématiques.
SUD éducation revendique toujours :
- l’abrogation de la réforme du lycée et du baccalauréat ;
- la suppression de Parcoursup et l’accès à tous les bacheliers et bachelières dans la filière de leur choix ;
- la création des dizaines de milliers de places nécessaires dans l’enseignement supérieur.