En cette journée mondiale de lutte contre le Sida, le Collectif éducation contre les LGBTIphobies en milieu scolaire et universitaire réaffirme l'importance de poursuivre l'action à toutes les échelles et jusque dans les établissements scolaires.
Après plus de 30 ans de journées mondiales, “l’épidémie” continue de reculer depuis le pic de 1998 et ses 2,8 millions de contaminations, mais elle recule trop lentement. Dans le monde, le nombre de personnes vivant avec le VIH est estimé à 38 millions. Avec les progrès des traitements, le nombre de décès a très fortement diminué passant de 1,8 millions en 2010 (pic de décès recensé) à 630000 en 2022.
Pour éradiquer cette épidémie, les campagnes d’informations ne suffisent pas. Il est temps que les politiques publiques encouragent de nouveau la recherche avec les moyens nécessaires pour la soutenir.
Depuis 1981, cette pandémie a déjà emporté près de 35 millions de vies et sévit de nos jours principalement dans les pays en voie de développement, en Afrique avant tout (plus de 25 millions de personnes y vivent avec le VIH). Nous devons donc soutenir l'aide humanitaire à destination de ces populations.
On sait que les jeunes de moins de 25 ans sont particulièrement touché.e.s par les infections. En France, d'après une enquête Ifop de 2022 pour le Sidaction, 31% des jeunes ne s'estiment pas bien informé·es sur la question du VIH/SIDA. Les idées fausses et croyances progressent, car la mémoire collective des campagnes précédentes s'efface. Par exemple, 23% des jeunes interrogé·es pensent que le virus du sida peut se transmettre en embrassant une personne séropositive.
La prévention et la sensibilisation ont été essentielles dans la baisse du nombre de contaminations et de morts, mais elles ne suffisent pas pour poursuivre le mouvement. Il faut une information obligatoire de toutes et tous, qui passe entre autres par l'éducation à la vie sexuelle dès le plus jeune âge. A l'heure où des groupes conservateurs tentent de brider cette éducation, il est important de rappeler que chaque enfant doit connaitre son corps. A l'heure où de la désinformation est organisée sur des sujets de santé comme ce fut le cas dernièrement concernant le vaccin contre le papillomavirus, à l'heure où cette campagne de désinformation abouti à un positionnement en contre de l'enseignement catholique sous contrat, il est primordial que ces sujets soient placés au cœur des programmes dans des temps obligatoires dédiés.
Pour se respecter et respecter les autres, pour avoir une vie sexuelle épanouie, et ainsi devenir un ou une adulte qui saura aussi prendre soin de lui, d'elle, mais aussi de ses partenaires, et par là faire reculer toutes les IST, une pédagogie solide doit être menée par des personnels formé·es.
Les attaques contre les personnels de l'éducation, les écoles et les établissements doivent cesser. Les diffamations, le harcèlement, mené·es par des groupes proches de la droite et l'extrême-droite souhaitant le retour de l'éducation à la sexualité dans le giron familial doivent être combattu·es. Le contexte de la publication par la Civiise d'un rapport qui démontre à la fois l'ampleur du problème de l'inceste et du problème du silence au sein des familles nous invite à rester vigilant·es.
La lutte contre le VIH doit également passer par la lutte contre les discriminations. D'une part parce que la sérophobie est une réalité dans notre société et qu'il nous faut la dénoncer. Mais également parce que l'aspect intersectionnel de cette épidémie est trop souvent oublié, et qu'elle est encore associée trop souvent aux seul·es homosexuel·les. Même si l'ONU considère qu'un homme ayant des rapports avec d'autres hommes a un risque de contracter le VIH 26 fois plus élevé, en 2020, les femmes ont été autant contaminées que les hommes et la majorité des contaminations se font dans le cadre de rapports hétérosexuels. Le VIH est donc bien un problème pour l'ensemble de la société.
Depuis maintenant une vingtaine d'années, il est possible de vivre avec le VIH. Mais les préjugés sont toujours là jusqu'au coeur du milieu médical, témoins du manque d'information dans notre société, et malgré des campagnes en ce sens. Au point que le risque de stigmatisation et de discrimination représente un frein émotionnel au dépistage selon Santé Publique France. On estime que seul·es 84% des contaminé·es connaissent leur statut VIH. Il est donc important d'insister sur le rôle du dépistage, en particulier pour les jeunes.
L'école et les établissements ne sont pas épargnés par les discriminations mais ce sont également des lieux où il est nécessaire et possible d'agir afin de faire évoluer les mentalités de toutes et tous.
Pour y parvenir, nous avons besoin de temps, de formation et de moyens.
Collectif éducation contre les LGBTIphobies en milieu scolaire et universitaire