Notre syndicat s’inquiète du peu de cas que le gouvernement fait des avis que nous rendons , et se demande à quoi bon être «entendu » - mais le sommes nous ? - en CNESER ou CSA MESR si de toute façon le projet de loi de finance 2024 est validé par 49.3. Nous nous alarmons de ce simulacre de démocratie.
Concernant le budget 2024, et plus particulièrement le programme 150 sur les formations supérieures et la recherche universitaire,il est insuffisant.
Certes on constate depuis la rentrée 2022 une diminution du nombre d’étudiants, mais après combien d’années à réduire les moyens alloués par étudiant et des années à ne pas donner les moyens à l’enseignement supérieur d’accueillir les étudiants dans des conditions correctes? Et après combien d’années à favoriser le développement de l’enseignement privé post bac ? Après combien d'années où se sont cumulés les effets désincitatifs de Parcoursup, de la plateforme Monmaster et le sous encadrement ? Le sous encadrement des étudiant.es va finir par se résorber parce que les étudiant.es seront de moins en moins nombreuses et nombreux à s’inscrire à l’université publique : cet abandon de la logique de service public est un constat amer de la politique budgétaire de ces dernières années et nous ne nous en réjouissons pas. La dépense moyenne par étudiant n'a cessé de diminuer depuis 2009 (13050 euros par étudiant) , on est passé à 11630 euros en 2021. Pendant de nombreuses années l’augmentation du budget n’a pas été à la hauteur de l’augmentation des effectifs, et la dégradation des conditions d’enseignement et d’étude s’en ressent encore.
En ce qui concerne la répartition de ce budget insuffisant nous notons que les efforts consentis participent au renforcement de la logique de détricotage sur service public, avec les efforts financiers en faveur des chaires de professeurs juniors, de l’ « adapation des formations » aux besoins en termes d’emploi industriel et le renforcement de la logique des contrats d’objectif.
Par ailleurs le budget tel qu’il nous est présenté manque d’information et ne nous permet pas d’examiner de manière transparente la répartition qui en est faite. Quels sont les critères d’attribution des budgets : quels sont les effectifs prévisionnels à partir desquels la réflexion a eu lieu ? Quelles sont les clés de répartition, entre les différentes filières, les différents établissements ? Quelle part de la masse budgétaire va aux différents corps et dans quelle proportion ? Nous demandons à ce que ces informations soient fournis dans les documents préparatoires.
Ces informations permettraient de documenter finement les inégalités de répartition des moyens entre les personnels et l’accroissement des inégalités de rémunération des agent-es, mais aussi les inégalités de répartition des moyens entre étudiant.es, entre universités et entre filières.
Nous dénonçons enfin les inégalités auxquelles ce budget ne s’attaque pas : nous savons déjà que les coûts de formation sont très différents selon les filières. Depuis 2014 : la dépense par étudiant recule à l’université tandis qu’elle est stable en CPGE et STS.
Dans le supérieur, la dépense moyenne par étudiant varie de 11 190 euros par an pour un étudiant à l’université, et 17 260 euros pour un élève en CPGE. Pourtant à l’université, la part des étudiants boursiers sur critères sociaux parmi ceux inscrits dans une formation y ouvrant droit s’élève à 40 % à l'université et seulement à 27% en CPGE. Comment justifier alors de telles différences en termes de taux d’encadrement et de moyens alloués par étudiant.e.s ?
Cette répartition inégalitaire du budget doit pouvoir être documentée et analysée et des données plus précises devraient être transmises et des informations claires qui permettent ne remise à plat de la répartition du budget.
Pour mettre un terme aux inégalités de traitement entre étudiant-e-s de différentes filières ou de différentes universités, tout en prenant en compte évidemment les enjeux propres à chaque formation, nous demandons à ce que cela soit discuté de façon transparente dans les différentes instances.
A SUD éducation, nous pensons qu’il faut donner plus à celles et ceux qui ont moins et non l’inverse.
Déclaration de SUD Recherche lors de ce même CNESER
Si on regarde les RAP (Rapports annuels de performance) et PAP budgétaires, le tableau est quelque peu différent de celui dressé dans la note de présentation. Par exemple, la stabilité annoncée des emplois sous plafond correspond à une suppression de 227 ETPT pour les EPST (contre 158 l’année dernière), compensée par la création d’emplois au CEA. La relance du nucléaire se fait donc sur l’accélération de l’érosion des emplois permanents dans les EPST.
Comme d’habitude, l’ANR verra son nombre d’ETPT augmenter d’environ 5% cette année encore.
Concernant l’évolution des moyens alloués aux EPST elle se situe autour de 2,3%. Cette augmentation ne compensera clairement pas l’inflation qui n’est pas seulement liée à l’augmentation du coût de l’énergie. C’est donc sur le coût des manips, autrement dit sur la capacité de travail de recherche, qu’il faudra compenser l’inflation.
Sur l’évolution des moyens, l’ANR sera encore la grande gagnante avec des augmentations de 9% pour ses interventions et de 5% pour son fonctionnement. Cet abondement permettra de créer plus encore d’emplois précaires plutôt que des emplois statutaires bien mieux adaptés au temps de la recherche. Mais pour créer des emplois statutaires il faudrait allouer des crédits récurrents aux laboratoires, ce que ce budget ne fait pas.
Alors peut-être que ce budget respecte la trajectoire de la LPR, mais nous avions dénoncé cette trajectoire qui ne permettra pas d’atteindre les 1% de PIB, et ce d’autant moins dans un contexte d’inflation.
Sud Recherche votera donc contre ce budget.