[Brochure n°94] Brigade et Freinet : quelques activités faciles à mettre en place en tant que remplacant·e dans le 1er degré

Cet article est extrait de la brochure n°94 : la coopérative pédagogique.

La pédagogie Freinet est un mouvement politique et social qui vise à développer la coopération, l’expression de soi et l’autonomie en école publique. Si vous souhaitez en savoir plus, contactez le Groupe Freinet de votre Département (GD) afin d’assister aux réunions ou aux congrès de l’ICEM. Face à des collègues conventionnels, intégrer un groupe d’enseignants Freinet est la meilleure solution pour développer et surtout maintenir votre pratique.

MATERNELLE

1) Le Quoi de Neuf ? (15 min)
Le Quoi de neuf ? est un moment d’écoute et de prise de parole, qui fait le pont entre l’école et la maison. Idéal en début de journée, il est facile à présenter aux élèves. Le principe : un enfant va devant la classe pour parler de quelque chose d’intéressant qu’il a fait ou vu en dehors de l’école et qu’il a envie de partager à la classe, ou présenter un objet qu’il a ramené de chez lui. Quand il a fini de parler (3 min max mais il n’est pas forcément nécessaire de chronométrer), il peut interroger les enfants qui ont des questions ou des remarques (certains PE limitent à 3 questions/remarques par intervention).

Quelques conseils pratiques :
- Il peut être préférable de demander en un mot aux élèves le sujet de leur prise de parole avant qu’ils aillent devant tout le monde (cela permet d’être sûr que l’élève a un sujet précis en tête).
- Si les enfants n’ont jamais fait de Quoi de neuf ? avant, expliquez-leur le principe, et restez à côté de l’enfant qui prend la parole (pour assurer le respect, s’assurer de l’écoute de tous).
- Prendre des notes sur ce qui est raconté, cela servira pour la suite de la journée.
- Si il y a présentation d’un objet : ne pas faire passer l’objet pendant le Quoi de neuf ?, sinon on perd trop de temps. Prévoir un espace dans la classe (près de la porte ?) pour laisser le temps aux enfants de regarder.
- Temps de questions - réponse : inciter les enfants à poser des questions complémentaires, qui poussent à en dire plus (et pas supplémentaire). Exemple : « j’ai mangé des frites chez mon oncle » -> « moi aussi » (supplémentaire) / « tu y es allé·e comment ? ; dans quelle huile ? » (complémentaire).

Pour rappel, la pédagogie Freinet est une pédagogie événementielle, et non programmatique. Avec la pratique, on peut s’appuyer sur ce qui sera dit au Quoi de Neuf ? pour la suite des activités. Exemple : un élève présente son nouveau T-shirt rayé. On regarde si d’autres enfants ont un vêtement rayé. On peut faire un atelier spécial rayures (bandes de papier, feutres, ou autre).

Le PE peut s’appuyer sur la grille de lecture ci-dessous pour rebondir sur ce qui est dit (poser la bonne question, problématiser, faire des liens). Demander « Et toi ? » si élève raconte un évènement extérieur à lui, pour connaître son rapport affectif à l’évènement (à quel point cela l’a touché). En fonction de la durée du remplacement, on peut mettre en place un système d’inscription et ainsi que des rôles (président, secrétaire, maître du temps…). Pour en savoir plus sur le Quoi de neuf ? :
> www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-quoi-de-neuf

2) L’histoire de mon dessin (20 à 30 min)
L’équivalent du texte libre en élémentaire, l’histoire de mon dessin est une façon de développer l’expression de soi, tout en travaillant de nombreuses compétences du programme (participer à une production d’écrits, illustrer, écrire seul des mots, prendre la parole devant un groupe pour raconter, décrire, poser des questions et des remarques, faire des liens avec d’autres histoires…).

- Matériel : à défaut de cahier d’écrivain, on peut photocopier une feuille avec quelques lignes en bas et une petite phrase pour expliquer la démarche (« Dessine-moi une histoire » ou « L’histoire de mon dessin »…).
- Organisation : cet atelier se fait avec 5-6 enfants, après la récréation du matin ou en début d’après-midi. On pourra placer le reste de la classe en graphisme, dessin libre sur cahier/feuille/ardoise… Faire comprendre que ce moment est un temps calme où tout le monde chuchote.
- Etapes :
1) Distribuer les feuilles en expliquant que les élèves vont inventer une histoire, en commençant par la dessiner (au feutre noir, puis coloriage au crayon de couleur quand on a fini), et qu’on viendra ensuite voir les enfants un par un pour qu’ils nous dicte leur histoire.
2) S’assurer que chaque enfant ait une idée d’histoire : pour cela on demande si quelqu’un a déjà une idée, on fait le tour de la table en essayant d’aider ceux qui sèchent (« qu’est-ce que tu aimes bien comme histoire ? Une histoire avec des animaux ? Des chevaliers ? Du sport ?…). Cela permet aussi de rectifier le tir si un élève pense qu’il faut raconter une histoire déjà connue (ex : la reine des neiges). Lui expliquer qu’on peut s’inspirer d’histoire qu’on connait, mais il faut que ce soit une histoire différente, qu’on a jamais entendue, qu’on invente.
3) Quand tous les élèves sont lancés, aller les voir un par un pour recueillir leur histoire. N’hésitez pas à corriger la syntaxe, à assurer la cohérence des temps, à poser des questions pour enrichir le texte si l’enfant parle peu, mais toujours en demandant si cela lui convient. Le but étant de faire progresser l’enfant, tout en préservant la personnalité de son histoire.
4) GS : Une fois l’histoire racontée, on demande à l’élève quel mot dans son histoire il aimerait savoir écrire. Il prend une ardoise sur laquelle il essaye d’écrire le mot en fonction des sons qu’il entend (avec plus ou moins d’aide en fonction de son niveau), il peut s’aider des imagiers de la classe s’il connait un mot ressemblant. Lorsqu’il a fini, on corrige les erreurs éventuelles puis il peut recopier le mot sur sa feuille (sur une ligne s’il reste de la place).
5) La présentation au groupe classe : en regroupement, les élèves qui le souhaitent pourront raconter leur histoire. La plupart s’en rappellent bien et peuvent la raconter sans l’aide du professeur. L’enseignant pourra relire la dictée à l’adulte pour qu’ils comparent les deux versions (cela permet aux élèves de comprendre que l’écriture permet de garder une trace précise d’une histoire). Pour les plus timides, l’adulte peut lire à leur place ou leur souffler les phrases, mais il vaut mieux éviter de le faire dès le début car souvent ensuite les élèves n’osent plus raconter leur histoire eux-mêmes.

3) Graphisme libre (atelier autonome)
Sur une feuille, les élèves peuvent copier ou inventer des graphismes, les disposer comme ils le souhaitent, et tracer des traits à la règle. Il est important ensuite de prendre le temps de comparer les résultats obtenus (en regroupement), et de relever les bonnes idées.

4) Construction libre en kappa : « la bonne idée » (atelier autonome)
Consigne : trouve une bonne idée de construction à faire, puis dessine ta construction sur la feuille. On pourra prendre en photo les idées trouvées pour les présenter ensuite.

ELEMENTAIRE

1) Le Quoi de Neuf ? (15 à 30 min)
Le Quoi de neuf ? est un moment d’écoute et de prise de parole, qui fait le pont entre l’école et la maison. Idéal en début de journée, il est facile à présenter aux élèves.
Le principe : un enfant va devant la classe pour parler de quelque chose d’intéressant qu’il a fait ou vu en dehors de l’école et qu’il a envie de partager à la classe, ou présenter un objet qu’il a ramené de chez lui. Quand il a fini de parler (3 min max mais il n’est pas forcément nécessaire de chronométrer), il peut interroger les enfants qui ont des questions ou des remarques (certains PE limitent à 3 questions/remarques par intervention).

Quelques conseils pratiques :
- Il peut être préférable de demander en un mot aux élèves le sujet de leur prise de parole avant qu’ils aillent devant tout le monde (cela permet d’être sûr que l’élève a un sujet précis en tête).
- Si les enfants n’ont jamais fait de Quoi de neuf ? avant, expliquez-leur le principe, et restez à côté de l’enfant qui prend la parole (pour assurer le respect, s’assurer de l’écoute de tous).
- Prendre des notes sur ce qui est raconté, cela servira pour la suite de la journée.
- Si il y a présentation d’un objet : ne pas faire passer l’objet pendant le Quoi de neuf ?, sinon on perd trop de temps. Prévoir un espace dans la classe (près de la porte ?) pour laisser le temps aux enfants de le regarder à un autre moment.
- On peut permettre aux élèves de dessiner pendant le Quoi de neuf ? 
Consigne : rien sur la table sauf une feuille et un stylo/feutre avant le début du Quoi de neuf. Dessiner librement peut aider à fixer l’écoute chez certains élèves.
- Temps de questions - réponse : inciter les enfants à poser des questions complémentaires, qui poussent à en dire plus (et pas supplémentaire) :
Exemple : « j’ai mangé des frites chez mon oncle » -> « moi aussi » (supplémentaire) / « tu y es allé comment ? ; dans quelle huile ? » (complémentaire).

Pour rappel, la pédagogie Freinet est une pédagogie événementielle, et non programmatique. Avec la pratique, on peut s’appuyer sur ce qui sera dit au Quoi de Neuf ? pour la suite des activités (exemple : une élève à parlé de la tempête de la veille. Exploitations possibles : une séance d’art spéciale « comment représenter une tempête ? » ou une recherche documentaire sur les tempêtes…)
Le PE peut s’appuyer sur la grille de lecture ci-dessous pour rebondir sur ce qui est dit (poser la bonne question, problématiser, faire des liens). Demander « Et toi ? » si élève raconte un évènement extérieur à lui, pour connaître son rapport affectif à l’évènement (à quel point cela la touché). En fonction de la durée du remplacement, on peut mettre en place un système d’inscription et ainsi que des rôles (président, secrétaire, maître du temps…). Pour en savoir plus sur le Quoi de neuf ? :
> www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-quoi-de-neuf

2) La dictée coopérative (30 min)
Le but de la dictée coopérative est de développer le doute orthographique et la coopération entre élèves. A partir des phrases dites lors du Quoi de Neuf ? ou d’un texte libre, et en fonction des temps de conjugaison abordés par la classe à ce moment-là, on peut mettre en place une dictée coopérative de quelques mots ou quelques phrases en fonction du niveau de la classe.
Le principe : la dictée se fait en 3 étapes :
1. Les élèves écrivent la dictée au crayon à papier : ils laissent un espace sur les mots ou les parties de mots qu’ils ne savent pas écrire. Penser à sauter des lignes.
2. Partie coopérative : On prend un stylo bleu. On reprend chaque phrase de la dictée. On a le droit de demander de l’aide pour trouver l’orthographe d’un mot sur lequel on a un doute. Les élèves qui savent la réponse peuvent aider, mais sans épeler (!), ils doivent trouver une analogie avec un autre mot facile à écrire : « C’est comme… »
3. Correction au stylo vert. On écrit la correction au tableau. On peut leur dire : « Si vous n’avez pas hésité à demander de l’aide, normalement vous n’avez rien à noter en vert ».

3) La chasse aux mots (étude de la langue - fin cycle 2 et 3)
à partir de la dictée coopérative, le jour même ou le lendemain (en fonction de la durée du remplacement), on se lance dans la chasse aux mots.
On peut faire un petit rappel collectif sur la nature ou la fonction d’un mot. Puis on chasse : les noms (propres/communs), les articles, les adjectifs, les pronoms, les verbes... ou les sujets, verbes...
Pour les verbes, on note en dessous son infinitif et le temps auquel il est conjugué.
On pense à faire des légendes sous la dictée et à changer de couleur (en bleu les noms, en vert les adjectifs, en rouge les verbes...).
La chasse aux mots peut également évoquer la recherche de champs lexicaux : exemple : le texte parle d’un marronnier. On essaye de trouver tous les mots en rapport avec l’arbre (tronc, branche...), à partir du mot marronnier, on cherche d’autres noms d’arbres...

Quelques exercices additionnels possibles :
- On prend une phrase du texte étudié et on la transforme : changer le temps de conjugaison ou le sujet (singulier → pluriel).
- Décliner la conjugaison de certains verbes du texte sur le temps étudié
- Enrichir une partie du texte en ajoutant des adjectifs ou des compléments.

4) Le texte libre (20-30 min)
Les enjeux du texte libre : le plaisir d’écrire, de créer et de s’exprimer ; libérer l’écriture ; accélérer la progression à l’écrit ; faire écrire…
Au vu du temps de correction de cette activité, nous vous conseillons de vous lancer sur du texte libre seulement si vous restez au moins deux jours dans une classe.
Matériel : en absence de cahier d’écrivain, on prendra le cahier de brouillon, et des feuilles à carreaux ou on fabriquera des petits livres pour la mise au propre. Pour un remplacement court, on peut limiter la taille du texte (5 à 10 lignes en C2, une demi-page à une page en C3). Demander aux élèves de sauter des lignes pour faciliter la correction.

Faire du texte libre en tant que remplaçant équivaut à faire une première séance de texte libre avec sa classe.

Les étapes :
1) On pourra expliquer ce qu’est un texte libre, recenser collectivement les différents types d’histoires qu’on peut inventer (histoire d’amour, enquête, autobiographie, comédie, aventure, fantastique...).
2) Lancer la séance en l’interrompant de temps en temps pour demander à des volontaires de lire leurs premiers jets, tout en s’assurant que tout le monde ait une idée d’histoire (aider individuellement les élèves qui sèchent).
3) Lorsqu’un élève a fini son brouillon, après l’avoir lu entièrement, le PE corrige le texte, de préférence avec l’élève.
4) L’élève recopie le texte au propre et peut faire un dessin pour l’illustrer.
5) À la fin de chaque séance, les élèves volontaires peuvent lire leurs productions à la classe, puis donnent la parole aux camarades pour un tour de questions / remarques autour de leurs productions (uniquement positives le 1er mois).

5) Arts plastiques libres (1h30)
L’art en pédagogie Freinet est une des façons de développer l’expression de soi. Il existe plein d’organisations différentes en classe Freinet : dans la plupart des cas, le matériel d’art est rangé explicitement à la porté des élèves, et ce sont eux qui choisissent les supports, les outils et les matières nécessaires à leurs projets.
En temps que remplaçant n’ayant qu’un temps limité et ne maîtrisant pas le matériel disponible, voici deux propositions d’organisations pour une séance collective.
L’après-midi est un bon moment pour une séance d’art. On pourra improviser une séance en fonction de ce qui a été abordé au Quoi de Neuf ? ou essayer de trouver du matériel pour une séance de création libre.

Les étapes :
1) Brouillon (15 min) : on donne une demi feuille A4, les enfants cherches de bonnes idées en fonction du thème.
2) Analyse collective des brouillons (10 min) : on les affiche tous au tableau et après un temps d’observation, on procède à des questions et remarques sur les idées trouvées.
3) Phase de chef d’oeuvre (45 min) : en partant de son brouillon ou en changeant d’idée, on a 45 min pour réaliser une œuvre.
4) Analyse collective des chefs d’oeuvres : on les affiche tous au tableau et après un temps d’observation, on procède à des questions et remarques sur ce qu’on voit d’intéressant.

Le PE peut ensuite demander comment on regrouperait les œuvres si on devait les trier. Cela permet de leur faire cerner les différentes techniques utilisées (œuvre plates / en volume ; abstrait, réaliste ; paysage / portrait...).

Autre possibilité d’organisation : la peinture libre :
Sur une grande feuille (de préférence sur chevalet), les enfants vont d’abord réaliser un brouillon de leur sujet à la craie de couleur (ils peuvent se corriger facilement avec un chiffon). Lorsqu’ils sont satisfaits, ils peuvent peindre grossièrement le fond, puis plus précisément leur sujet par dessus la craie. On pourra les inciter à renforcer leur peinture de contours noirs.

Exemple 1 : un matin, des élèves de CP ont parlé de la tempête Alexandre, certains ont vu des arbres tombés, des meubles de jardins cassés, des orages, entendu le vent… L’après-midi, on s’est lancé dans une séance d’art spéciale « tempête », avec le matériel trouvé sur le temps du midi : du fusain, des feutres, des craies grasses et des crayons de couleur. Après une phase de brouillon, on a observé les différentes idées pour illustrer une tempête : les élèves ont fait des remarques pertinentes (la pluie est en diagonale à cause du vent, le vent peut faire des vagues, des boucles…).
Exemple 2 : un élève de CP a raconté qu’il avait créé des mandalas avec son père pendant les vacances. On lui a demandé d’expliquer le principe. L’après-midi, on a fait une séance de création de mandalas, après avoir rappeler la technique et recensé quelques idées de graphismes. Après une petite phase de brouillon et d’analyse, ils se sont lancés sur feuilles A4 (crayon puis feutre noir). Les résultats sont très variés. À la suite fin de la séance, on peut photocopier chaque modèle de mandala plusieurs fois pour que les enfants puissent colorier les mandalas de leurs camarades en plus du leur, les jours suivants.
Exemple 3 : En suivant les étapes décrites ci-dessus, on peut lancer une séance d’art avec seulement du papier de couleur, des ciseaux, et une colle - c’est facile à mettre en place, les oeuvres sont très variés, et ça ne tache pas !