Cet article est issu de la brochure n°93, "Pour nos retraites", à retrouver en intégralité ici : https://www.sudeducation.org/tracts/brochure-n93-pour-nos-retraites/
Le projet accroît les inégalités sociales.
Parce que l’écart de l’espérance de vie des 5% les plus pauvres et des 5% les plus riches est de 13 ans pour les hommes et de 8 ans pour les femmes avec une espérance de vie en bonne santé de 66 ans pour les femmes et 64,5 ans pour les hommes. A 64 ans, 29% des hommes et 15% des femmes les plus pauvres sont déjà mort·es. Contre 6% pour les hommes et 4% pour les femmes les plus riches. A 35 ans l’écart d’espérance de vie entre un·e ouvrier·e et un·e cadre est de 6,4 ans chez les hommes et de 3,2 ans pour les femmes. Dès la première année de retraite, une incapacité apparaît pour 21% des agriculteur·ices, 20% des ouvrier·es, 15% des employé·es, 12% des cadres. Si l’on partage les retrait·es par une médiane : la moitié la plus modeste présente 30% de risque d’avoir moins de 10 ans de retraite et 15% de ne pas en avoir du tout. Contre respectivement 15% et pratiquement 0% pour l’autre moitié. Repousser l’âge de départ à 64 ans nous ferait partir en plus mauvaise santé et avoir une espérance de vie en retraite certainement plus courte. C’est nous imposer nos pires années de travail et nous voler nos meilleures années de retraite.
La fermeture des régimes « spéciaux »
Mesure qui concerne la RATP, les Industries Électriques et Gazières, les clercs et employés des notaires, le personnel de la Banque de France et les membres du CESE. Avec la fameuse « clause du grand-père » : seul·es les nouveaux / nouvelles embauché·es sont concerné·es (comme cela a été fait en 2008 à la SNCF). On note que les professions libérales et avocat·es ne sont pas concernées par cette fermeture.
Depuis des années, les libéraux martèlent que le régime des fonctionnaires d’Etat est un régime spécial. On peut donc s’attendre à une autre attaque dans quelques années. Sauf si la contre-offensive sociale que nous construisons sort victorieuse de la lutte engagée.
Cela déplacerait des dépenses sociales
Parce qu’à l’heure actuelle, nombre de personnes ne sont plus en activité au moment de l’âge de la retraite. L’âge moyen de l’arrêt du travail est à peine supérieur à 60 ans. Allonger l’âge de départ c’est donc prolonger des situations de précarité (RSA, chômage, maladie…) et accentuer le déficit de l’assurance maladie (la majorité des arrêts longue durée sont en fin de carrière). Cela génère aussi des coûts (versement d’allocation chômage, RSA), tout en réduisant les recettes de cotisations sociales.
Le report à 64 ans coûterait entre 5 et 7 milliards d’euros aux autres caisses de la Protection Sociale par l’augmentation des pensions d’invalidité, des allocations chômage, des indemnités journalières, des minimas sociaux, (RSA, AAH, ASS…)
Habillages et fausses améliorations
Comme toutes les contre-réformes, celle-ci est parée de « justice-équilibre-progrès »…
Pénibilité. E. Macron a supprimé 4 des 10 facteurs de pénibilité : port de charges lourdes, postures pénibles, vibrations et risques chimiques. Dans le dossier de presse du 10 janvier, E. Borne parle de recenser les facteurs de risques ergonomiques qui causent les 9 maladies professionnelles sur 10. Là réapparaissent : les postures pénibles, le port de charges lourdes et les vibrations mécaniques. A noter que les risques chimiques se sont « évaporés ». Le « progrès social » du gouvernement, c’est d’abord de nous faire les poches et après de nous restituer une partie de ce qui a été volé. SUD éducation et Solidaires luttent pour une réduction de la pénibilité tout au long de la vie professionnelles. En améliorant, entre autres, les conditions de travail.
Les carrières longues. Soi-disant mieux prises en compte, elles verront l’âge de départ reporté le plus souvent de 60 à 62 ans.
La retraite à 1200€ bruts, 85% du SMIC. Parce que l’annonce d’une pension minimale de 1200€ ne concernerait que les carrières complètes, excluant les personnes, principalement des femmes, ayant eu des bas salaires et interruptions de carrière. Derrière cette mesure phare, se cache bien des artifices de communications. Déjà dans la loi en 2003, il était question de 1000€, puis 1100€ promis par Macron en 2017 et maintenant 1200€. Cette mesure ne concerne qu’un quart des travailleurs·euses les plus modestes, c’est à dire 1,8 million de retraité·es sur les 5,7 millions de retraité·es qui ont une pension inférieure à 1100€. En effet, pour y avoir droit, il faut avoir le nombre d’annuités et avoir travaillé au SMIC toute sa carrière. Or aujourd’hui les retraité·es les plus pauvres, sont celles et ceux qui ont eu des carrières « hachées ». Les 48% de femmes qui ont une retraite égale ou inférieure à 1000€ bruts (12% pour les hommes) ne sont pas concernées.
Parce qu’elle augmente les inégalités entre les hommes et les femmes sachant que le taux de pauvreté des femmes retraitées est supérieur à celui des hommes : 10,4% contre 8,5% et cet écart a tendance à se creuser depuis 2012.
Parce que de l’argent, il y en a. Il suffit de récupérer les 75 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales, cadeau aux patrons sur le dos du système social alors que les cotisations sociales constituent le salaire socialisé des travailleuses et travailleurs.