Cet article est issu de la brochure n°93, "Pour nos retraites", à retrouver en intégralité ici : https://www.sudeducation.org/tracts/brochure-n93-pour-nos-retraites/
Emmanuel Macron, le gouvernement et les partisans du recul de l’âge de départ prétendent sauver le système de retraite soi-disant en péril à cause d’un déficit croissant des comptes. Ils reconnaissent un léger excédent en 2021 (0,9 milliard) et en 2022 (3,2 milliards) mais annoncent un déficit (10,7 milliards ou 12 milliards) en 2027… sans préciser qu’il en est le responsable !
La baisse des recettes (0,3 point de PIB) est en effet provoquée par l’austérité salariale et les exonérations de cotisations, les dépenses et donc le versement des pensions de retraites étant quasiment stables (+ 0,1 point de PIB). Ils ne disent pas qu’à partir de 2030, le système serait à l’équilibre (entre + 1,5% du PIB avec la meilleure croissance économique et –1,8 % dans la plus mauvaise). Ils ne citent pas la bagatelle de 206 milliards (8,3 % du PIB) dans l’ensemble des réserves des systèmes de retraite par répartition, qui permettent d’amortir les à-coups !
Plus sérieux, le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) s’appuie sur une donnée économique plus pertinente (et seule valable à ses yeux) : la part des dépenses de retraite dans les richesses disponibles, c’est-à-dire dans le PIB, qui est « un indicateur déterminant pour évaluer la soutenabilité financière du système de retraite ». Son rapport de septembre 2022 pronostique, après le pic à 14,7% en 2020 :
- jusqu’en 2027, une part stable de 13,8%,
- jusqu’en 2032, une légère augmentation, sous l’effet de la forte contraction du PIB (ralentissement économique lié à la remontée du taux de chômage passant de 5 à 7%),
- puis une nouvelle baisse dans tous les scénarios économiques (sauf une stabilisation dans le plus mauvais)
- pour arriver en 2070 à une baisse dans 3 scénarios (jusqu’à 12,1% du PIB) et, dans le plus mauvais, une stabilité à 14,7% du PIB.
Tous ces pronostics dans 50 ans sont supposés justes alors que les rapports se succèdent et se contredisent plus ou moins d’une année sur l’autre. Très souvent, de telles « expertises » servent à cacher les choix politiques et idéologiques.
Finalement, la part dans le PIB des dépenses de retraite reste plutôt stable alors que le nombre de retraité·es augmente de 1,7% en moyenne chaque année : chaque retraité·e a une part de PIB de plus en plus faible à cause des « réformes » déjà prises. Cela se traduit, selon le COR, par une baisse de la pension moyenne relative au revenu d’activité moyen qui passerait de 50,3% en 2021, entre 32,6% et 39,4% en 2070. La pension nette moyenne progresserait trois fois moins que le revenu net d’activité moyen (entre 0,2% et 0,5% par an contre 0,7% à 1,4%). S’il y a un problème c’est plutôt dans le montant des pensions toujours plus faibles !