Cet article est issu de la brochure n°93, "Pour nos retraites", à retrouver en intégralité ici : https://www.sudeducation.org/tracts/brochure-n93-pour-nos-retraites/
Pour assurer le financement du système des retraites il est possible d’augmenter les recettes. Les entreprises du CAC 40 ne cessent de verser des flots de dividendes aux actionnaires : il est temps de partager les richesses.
Il faut augmenter le niveau des salaires ainsi que la part des salaires dans le partage de la valeur ajoutée. Il faut augmenter les cotisations sociales qui sont du salaire socialisé (soit la part du salaire versée directement par l’employeur aux caisses de sécurité sociale pour financer la protection sociale) !
Le salaire socialisé est une partie du salaire qui n’est pas versée directement au salarié, mais prélevée sur son salaire brut sous forme de cotisations sociales, et redistribuée à lui ou d’autres travailleurs sous formes de prestations (assurance chômage, sécurité sociale, pensions de retraites).
Or plusieurs tendances destructrices sont à l’œuvre depuis un certain temps :
- privilégier le versement de primes annuelles désocialisées et défiscalisées,
- développer les mécanismes de participation ou d’intéressement exonérés de cotisations sociales.
Supprimons les exonérations de cotisations sociales. Des exonérations (75Mds€ en 2019), ce sont des cotisations sociales qui ne rentrent pas dans les caisses sociales (chômage, sécu, retraite). Pour les caisses de retraites, c’est 17 Mds€ en moins pour 2022. Ainsi, le financement de la CNAV (caisse nationale d’assurance vieillesse) par les cotisations sociales ne cesse de baisser : 83% en 2003, 75% en 2013 et seulement 64,5% en 2019.
Augmentons les cotisations patronales (ainsi 0,8% de hausse rapporterait 12 milliards d’euros en 2027).
Mettons en place une cotisation sociale sur les dividendes.
Réalisons l’égalité salariale Femmes/Hommes. Elle passe par une augmentation conséquente des salaires des femmes dans des métiers à valeur égale ce qui améliorerait les rentrées de cotisations sociales. La CNAV a calculé en 2010 que cela augmenterait son budget de 14 Mds €, soit 14% de son budget ! Il faut aussi mettre en place une surcotisation sociale patronale équivalente à celle d’un taux plein pour le temps partiel (le plus souvent supporté par les femmes et résultant du manque d’équipements de petite enfance).
Intégrons les régimes complémentaires de retraite dans le régime de base, cela contribuerait aussi à un financement sain et équilibré du système de retraite.
Non au hold up sur le FRR : on assiste à un véritable détournement des réserves du Fonds de Réserve des Retraites créé en 1999 pour combler ponctuellement un déficit. Depuis janvier 2011 le FRR verse 2,1 milliards chaque année à la Caisse d’Amortissement de la dette sociale (Cades) (déficits de toutes les branches) jusqu’en 2024 puis versera à compter de 2025 jusqu’à 2033, 1,45 milliard par an. Le FRR c’est actuellement 37 milliards (2021) !
Partageons le travail sur la base de 32h sans perte de salaire, ni flexibilité. Le taux d’emploi des 60-64 ans est de 33% selon le COR, le report de l’âge n’est donc pas une solution de financement pour améliorer les rentrées de cotisations sociales mais allonge le temps passé en inactivité. Reculer l’âge de départ à 64 ans génèrerait près de 5 milliards d’euros de dépenses supplémentaires, et cela occasionne un surcoût (pensions d’invalidité, indemnités chômages, indemnités journalières de la Sécu, ou minimas sociaux, rente accidents de travail…).
Menons une politique de l’emploi déterminée : des embauches dans les services publics (éducation, santé, social, perte d’autonomie, petite enfance…) et secteurs écologiques pour la bifurcation écologique.
Agissons pour la retraite à 60 ans sans décote (et 5 ans de départ anticipé sur cet âge légal pour pénibilité). La retraite à 60 ans permet de donner place aux jeunes : 9 fois sur 10 l’embauche d’un jeune correspond à un départ à la retraite. De plus, symétriquement, elle permet d’éliminer la période d’inactivité des seniors (puisque près de 66 à 70% d’entre eux sont inactifs entre 60 et 64 ans). Et la durée moyenne de trimestres validés aujourd’hui est de 37,5 ans pour le taux plein, ce qui correspond à la retraite à 60 ans.
Les choix de Macron sont ceux du patronat : toujours plus pour le capital, toujours moins pour le travail. En matière de retraite comme de salaires c’est d’une autre répartition des richesses produites par le travail dont nous avons besoin. C’est par la mobilisation, en grève et dans la rue, par le blocage de l’économie si nécessaire que nous l’obtiendrons.
Avec l’ensemble des forces sociales, des travailleurs et travailleuses, des privé·es d’emploi, des retraité·es, des étudiant·es et de leurs organisations, l’Union syndicale Solidaires veut faire barrage à cette nouvelle tentative de régression sociale. Face au gouvernement au service du capital, seule une action collective forte nous permettra de reprendre en main notre avenir !
Faire reculer le pouvoir ouvrirait d’autres perspectives revendicatives et pas seulement sur les retraites mais également sur les salaires. Pour une augmentation générale des salaires et des minimas sociaux : 400€ pour toutes et tous, toutes et tous pour 400€.
Pour notre union interprofessionnelle, Solidaires, ce qui était possible en 1982 doit l’être aujourd’hui : retour aux 60 ans maximum à taux plein (75%) avec 37,5 années de cotisation, dans le privé comme le public. Annulation de toutes les décotes, donc aussi la réforme Hollande Touraine.
· prise en compte de la pénibilité qui doit permettre des départs anticipés.
· des pensions alignées au minimum sur le SMIC.
· rattrapage des pensions pour les femmes.
· prise en compte des années d’étude.
En savoir plus
[1] https://solidaires.org/sinformer-et-agir/brochures/argumentaires/non-notre-systeme-de-retraites-nest-pas-en-peril
[2] https://solidaires.org/sinformer-et-agir/brochures/argumentaires/retraites-le-financement-nest-pas-un-probleme