Pour consulter la brochure n°92 - Changer l'école, pas le climat ! - cliquez-ici.
L’Union syndicale Solidaires, dont fait partie SUD éducation, est pleinement investie dans les travaux du collectif “Plus jamais ça” qui regroupe organisations syndicales et ONG luttant pour la défense de l’environnement. SUD éducation relaie les propositions du collectif. Voici l’introduction de la brochure, et le document entier est à télécharger également.
« Pour sauver la planète, il faudrait faire des sacrifices » ; mais aussi « les propositions de la Convention citoyenne pour le climat sont inapplicables, elles détruiraient trop d’emplois » : pour justifier alternativement les politiques d’austérité et l’inaction climatique, le discours dominant ne cesse d’opposer les causes sociales et environnementales.
Pour nos organisations, au contraire, la pandémie confirme le double diagnostic qui fonde notre coalition : on ne pourra préserver l’environnement sans justice sociale, il n’y aura pas d’emplois sur une planète morte. La crise sanitaire mondiale manifeste brutalement les limites d’un système capitaliste et productiviste qui détruit à la fois les équilibres sociaux et environnementaux en prétendant justement refuser toute limite. Les mesures de lutte contre la pandémie et les confinements ont entraîné une réduction temporaire des émissions de gaz à effet de serre et autres polluants, mais au prix d’une flambée de la précarité et des inégalités. La récession, la crise économique ne sont en aucun cas une solution à la crise écologique.
Dans l’urgence, des entreprises ont réorienté leur production, démontrant une capacité d’adaptation. Les gouvernements et les banques centrales ont déployé d’énormes moyens financiers. Mais en l’absence d’une pression sociale suffisante, les plans de relance ne cherchent qu’à reconduire et accélérer les trajectoires antérieures. Les moyens consacrés à la relocalisation et à la reconversion du système productif vont du dérisoire à l’inexistant.
Au lieu de mettre la science et la technologie au service des besoins humains vitaux, le système les instrumentalise pour entretenir une fuite en avant irresponsable : l’intelligence artificielle, les biotechnologies, la géo-ingénierie seraient notre seul salut.
De nombreux scientifiques nous alertent sur les nouvelles crises sanitaires, sociales, écologiques et démocratiques encore plus graves qui se préparent si nous continuons à ravager la planète : pour les éviter, nous devons vite réorienter et relocaliser nos systèmes productifs, redistribuer les richesses, approfondir la démocratie politique et économique.
Depuis un an, mise en place des gestes barrières, confinement et couvre-feux ont conduit à la limitation de l’action collective, à des tentatives de nous empêcher de nous réunir, de manifester, d’agir ensemble pour la justice sociale et environnementale. Comme le dit le philosophe Jacques Rancière, la « politique » a dû laisser la place à la « police », l’inventivité sociale à la gestion sanitaire et sécuritaire. Mais l’épidémie a renforcé notre volonté de travailler ensemble. Dans ces circonstances adverses, nous avons travaillé et élaboré ensemble ce document destiné à nourrir les débats et les mobilisations sociales à venir. Pour chacun des thèmes évoqués, nous sommes partis de quelques idées reçues qui trottent dans beaucoup de têtes et bloquent la pensée et l’action commune entre les luttes pour les « fins de mois » et contre la « fin du monde ». Puis nous avons cherché à définir des principes et des propositions communes, sans chercher à masquer les débats et controverses qui demeurent. Nous avons souvent été surpris, au cours de ce travail, par l’étendue de nos points d’accord. Mais nous n’avons pas réponse à tout : nous avons laissé certains débats ouverts, pour les approfondir par la confrontation et l’expérimentation sur le terrain, par la délibération démocratique. Notre pari : que les citoyen·nes de notre pays s’emparent de ces propositions et de ces controverses pour leur donner vie et les imposer dans le débat public.