Pour consulter la brochure n°92 - Changer l'école, pas le climat ! - cliquez-ici.
Le réchauffement climatique entraîne, parmi d’autres phénomènes, l’augmentation de la fréquence, de la durée et de l’intensité des canicules. En France, 23 épisodes caniculaires ont été enregistrés par Météo France entre 2000 et 2021, alors qu’il n’y en avait eu que 17 en plus de cinquante ans entre 1947 et 1999. Se produisant de plus en plus tôt dans la saison estivale, ils produisent des effets en période scolaire, comme en 2019 pendant la période du diplôme national du brevet, qui avait dû être reporté, ou cette année en 2022 pendant les épreuves écrites du baccalauréat. Tout indique que les établissements scolaires doivent s’adapter à cette réalité, et que les gouvernements doivent faire en sorte de limiter à la fois les effets et les causes (les émissions de gaz à effet de serre) du dérèglement climatique. Pourtant, les mesures tardent à être prises par notre hiérarchie, et imposent une mobilisation des personnels pour se protéger, ainsi que leurs élèves.
Les vagues de chaleur pèsent lourdement sur la santé des élèves et sur les conditions de travail des personnels, en particulier dans des locaux scolaires souvent dégradés et inadaptés. L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), suivant en cela les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), considère qu’au-delà de 30°C pour un·e salarié·e sédentaire, la chaleur peut constituer un risque, et que le travail par fortes chaleurs, notamment au-dessus de 33°C, présente des dangers. Pourtant, il n’existe pas de seuil thermique fixé dans le droit au-dessus ou en dessous duquel fermer la classe.
L’Éducation nationale n’a pas conçu de plan d’ampleur pour rénover ou reconstruire des locaux souvent dégradés, mal isolés, mal ventilés, ni pour végétaliser des cours de récréation massivement bitumées. Pourtant, notre employeur est responsable de nos conditions de travail et de notre santé au travail. L’article L4121 du code du Travail prévoit en effet que « l’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. » Les employeurs publics quant à eux sont tenus de garantir la santé et la sécurité des agent·es, ils doivent prévenir les risques, et ils ont une obligation de résultat en la matière, et non simplement de moyens.
Les horaires doivent également être repensés en période de canicule : prévoir des modifications d’horaires dans l’Éducation nationale comme pour les salarié·es pour privilégier le travail le matin permettrait aux familles de récupérer leurs enfants, et éviterait l’utilisation de climatisation énergivore sur les lieux de travail.
Les causes du dérèglement climatique, quant à elles, sont désormais connues : il est d’origine humaine, et tient en particulier au modèle de production capitaliste et productiviste. Des solutions globales et pérennes existent, qui permettraient de construire une société à la fois respectueuse des êtres vivants et plus égalitaire, et de bien vivre en satisfaisant nos besoins. Mais cela passe par une reconversion écologique et sociale de notre société : baisse du temps de travail, sobriété, production non marchande et non polluante, partage des richesses, reprise du contrôle de la production par les salarié·es, reconversion de l’économie tournée non vers la croissance et la création de nouveaux « besoins », mais vers le bien-être de toutes et tous.