Pour consulter la brochure n°92 - Changer l'école, pas le climat ! - cliquez-ici.
La France a pris des engagements internationaux de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre. Elle affronte par ailleurs l’envolée des prix de l’énergie. Pourtant, les plans de sobriété énergétique se succèdent et actionnent toujours les mêmes leviers : faire subir les mesures aux usager·es, aux agent·es, plutôt qu’assumer les investissements nécessaires qui nous permettraient de travailler dans des locaux moins consommateurs d’énergie, et qui seraient à terme plus rentables pour les pouvoirs publics.
Jusqu’à présent, le gouvernement s’est généralement contenté de préconisations : ne pas chauffer au-delà de 19°C le jour, de 16°C la nuit, limiter la climatisation à 26°C, modérer la consommation d’eau chaude, encourager le travail à distance. Il s’agit alors uniquement de faire porter la responsabilité de la réduction de la consommation d’énergie sur la population et sur les services publics, quand les entreprises et les grandes fortunes qui sont pourtant les plus grands pollueurs pourront continuer à gaspiller. La promotion du télétravail ou du travail à distance revient par ailleurs à faire payer le coût de l’énergie aux usager·es et aux agent·es.
Le parc immobilier scolaire a besoin d’un plan d’urgence afin de le rénover, de mieux l’isoler et d’appliquer sa mise aux normes, pour en finir avec les passoires thermiques que sont nos écoles et établissements scolaires et universitaires. Un tel plan, en plus de permettre des économies d’énergie, est susceptible d’améliorer considérablement les conditions de travail et d’études, notamment en période de froid, ou inversement de grande chaleur. Les établissements scolaires et d’enseignement supérieur sont très rarement dotés de thermostats. Vétustes, ils rendent le travail très pénible dès qu’il fait froid ou chaud. Les équipements de chauffage ne peuvent pas toujours être contrôlés par les utilisateurs et utilisatrices des salles, conduisant à ouvrir les fenêtres avec le chauffage en route. Stop ! Les solutions existent et sont connues : isolation, systèmes de chauffage de qualité, éclairages à basse consommation et « intelligents », toits végétalisés, ventilation naturelle, production d’énergie renouvelable sur site avec par exemple des panneaux solaires. Il faut aussi créer des postes d’agent·es fonctionnaires pour l’entretien des bâtiments.
À qui adresser nos revendications ?
Ce sont les collectivités territoriales qui sont en charge du bâti scolaire : les régions pour les lycées, les départements pour les collèges, et les municipalités pour les écoles. Seulement, ces collectivités n’auront que rarement les moyens d’assumer seules des travaux aussi ambitieux. On peut même craindre que certaines collectivités ne parviennent pas à financer la consommation des écoles et des établissements scolaires et universitaires en cas d’inflation massive des prix de l’énergie.
C’est pourquoi, pour SUD éducation, le ministère doit reprendre la main sur la gestion du bâti scolaire de la maternelle à l’université en injectant les moyens financiers à la hauteur des enjeux.
Identifier les responsables de la crise climatique
Plus généralement, les efforts pour réduire notre consommation d’énergie doivent venir des systèmes de production, des entreprises et des administrations. Pas des particulier·es, alors que 12 millions de personnes vivent en situation de précarité énergétique en France, subissant une sobriété forcée. Nous revendiquons au contraire une réelle et urgente transition écologique socialement juste. La production énergétique et son utilisation doivent faire l’objet de débats démocratiques. Il faut distinguer la surconsommation de luxe des plus riches qui doit disparaître, de la consommation nécessaire et utile, correspondant à nos besoins réels.
Pour le moment, le gouvernement se refuse à toute mesure contraignante pour les entreprises et entend ne surtout pas faire baisser la production. SUD éducation revendique au contraire des mesures contraignantes pour les entreprises, et en particulier les entreprises polluantes.
Des revendications concrètes sur les bâtiments scolaires et l’énergie
1. Un plan de rénovation / reconstruction du bâti scolaire pour la réduction des consommations énergétiques (isolation des bâtiments, programme de réduction des consommations…) et en eau.
2. La maîtrise des consommations : isolation des bâtiments, éclairages à basse consommation et « intelligents », toits végétalisés, ventilation naturelle, récupération des eaux pluviales...
3. Le développement de la production d’énergie renouvelable sur site (panneaux solaires…).
4. La systématisation des diagnostics énergétiques dont les résultats doivent être communiqués aux usager·es et personnels.
5. La transparence totale sur les risques environnementaux, leur prise en compte par les formations spécialisées et notamment une campagne de désamiantage des établissements scolaires dans le cadre de l’application du Plan amiante relancé en 2016 ; une prise en charge des personnels exposés.
6. La débitumisation / végétalisation des cours de récréation qui doivent être accessibles en dehors du temps scolaire à la population en cas de fortes chaleurs et la dépollution des sols.
7. La généralisation des détecteurs de pollution et de capteurs de qualité de l’air
8. L’instauration de températures minimales et maximales de travail ; le contrôle effectif des températures dans les bâtiments par les formations spécialisées (auparavant CHSCT).