Le 17 octobre 2023 dernier, quatre représentants et représentantes du Collectif éducation contre les LGBTIphobies en milieu scolaire et universitaire ont été reçu.e.s par Marion Marty, conseillère école pour tous, santé scolaire et lutte contre les discriminations du ministre l’Éducation Nationale, Gabriel Attal.
Des attaques contre l’école qui inquiètent
Après avoir rappelé nos entrevues de février dernier au sein du même ministère et discuté de notre audition au CSP de la semaine précédente, nous avons évoqué avec madame Marty les mouvements réactionnaires qui attaquent l’école et qui empêchent parfois les établissements de mener leur mission de service public. Pour la première fois, nous avons senti une inquiétude forte du ministère par la voix de sa conseillère. Nous avons voulu lui signifier la portée clairement LGBTIphobe de ces attaques et les risques qu’ils représentent pour la profession ainsi que pour les citoyens et citoyennes en construction. Nous sommes tombé.e.s d’accord sur le fait qu’un dialogue social régulier de qualité devait être un levier important d’action contre ces attaques.
Des formations, des ressources et un dialogue social régulier pour lutter contre les LGBTIphobies
Nous en sommes ensuite venus à évoquer le besoin pour les enseignant·es d’avoir facilement accès à des ressources sur le sujet des LGBTIphobies car l’existant, sur Eduscol ou Canopé, ne nous semble pas permettre de s’emparer du sujet. De plus, nous avons rappelé le besoin de formation sur le sujet pour l’ensemble des personnels de l’éducation. Afin d’accompagner les problématiques LGBTI à toutes les échelles – suivi de la campagne de sensibilisation, formations et observatoires académiques contre les LGBTphobies – nous avons demandé que soit restauré un groupe de travail régulier avec la DGESCO et notre collectif, et que soit créé un observatoire national contre les LGBTphobies. Là aussi, la conseillère s’est montrée sensible à notre demande.
Pour les élèves, nous avons évoqué le besoin d’espaces sûrs référencés dans les établissements, de visibilisation de personnes “ressources”, mais aussi la nécessité de répertorier et d’afficher les associations locales à même de les accompagner. Nous avons voulu signifier le besoin crucial de lister parmi ces associations celles qui peuvent également réaliser des interventions en milieu scolaire et l’urgence de les faire connaître, notamment sur les questions trans. Sur ces dernières, le ministère avoue ses limites en termes de ressources. Nous avons demandé que soit réalisé un point d’étape quant à la mise en œuvre de la circulaire d’accueil des élèves trans ainsi que sa révision notamment pour davantage faire respecter les Droits de l’enfant.
D’autres lignes fortes portées par le Collectif
Nous avons aussi fait le point sur l’enseignement privé sous contrat dont le statut ambigu entre contrat d’association et caractère propre autorise trop souvent à ne pas appliquer ou à détourner ce type d’enseignement mais aussi les directives nationales en termes de lutte contre les discriminations (EAS, formations des enseignant·es, fiche d’accueil des élèves trans). Nous avons demandé à ce que le ministère ait des positionnements plus clairs pour faire que l’ensemble des structures réalisent bien leur mission de service public d’éducation.
Nous avons profité de ce rendez-vous pour remettre un courrier au ministre et l’alerter d’un problème administratif pour les personnels de l’éducation nationale qui souhaitent changer de civilité. Enfin, nous avons rappelé que les manuels scolaires doivent respecter la loi et ainsi ne pas véhiculer de stéréotypes.
Pendant plus d’une heure, nous avons pu échanger avec une conseillère à l’écoute et sensible à nos revendications dans l’intérêt de l’école, des personnels et des élèves. Reste à savoir ce que le ministre en retiendra.