Animer une réunion d’information syndicale consacrée à la lutte contre les violences racistes au travail

SUD éducation vous propose un matériel clé en main pour sensibiliser et former les collègues sur les violences racistes afin de mieux les reconnaître pour mieux les combattre : une présentation à diffuser pendant la réunion, une fiche analyse pour préparer la réunion.
Vous pouvez vous réunir hors temps de service pour échanger à partir de la présentation en diaporama ou vous pouvez contacter le syndicat SUD éducation de votre département pour qu’il dépose une heure d’information syndicale dans votre école, collège, lycée ou université.
Qu’est-ce qu’une réunion d’information syndicale ?

Tous les personnels ont le droit d’assister à 1h mensuelle d’information syndicale (article 5 du décret du 28 mai 1982). Ces réunions sont ouvertes à tous les collègues, syndiqué·es ou non. Pour des raisons de service, dans le premier degré, ces heures sont autorisées par demi-journée (RIS). Dans le secondaire, ces heures (HMI) sont pour tous les personnels. Dans le premier degré, cette réunion d’information syndicale peut :

  • être décomptée du quota des animations pédagogiques, autres temps de concertation ou APC,
  • avoir lieu sur le temps devant élèves (depuis la rentrée 2014, les professeur·es des écoles ont droit à une réunion d’information syndicale sur le temps devant élèves et deux sur le temps annualisé. Les trois peuvent aussi être prises uniquement sur le temps annualisé).
Vous devez prévenir votre IEN 48h en avance.Dans le second degré, il suffit d’informer votre supérieur hiérarchique 48h de votre participation à la réunion.Seules les organisations syndicales peuvent poser des réunions syndicales sur le lieu de travail, contactez SUD éducation.
Pour trouver les coordonnées du syndicat SUD éducation de votre département, c’est ici :
https://www.sudeducation.org/contact/
Des propositions pour animer cette réunion

SUD éducation a pour objectif de proposer une trame, des ressources, des idées pour animer une heure d'information syndicale abordant les violences racistes au travail.

1. Quelques chiffres :

  •  1 million de personnes sont victimes de racisme chaque année (enquêtes de victimation INSEE-ONDRP), 
  • 96% d'entre elles ne portent pas plainte (enquêtes de victimation INSEE-ONDRP), 
  • 55% des affaires à caractère raciste étaient classées sans suite en 2022 (Ministère de la Justice, 2022), 
  • En 2023, la France compte 68 millions d’habitant·es.  5,6 millions de résidents de nationalité étrangère vivent en France. La loi immigration du 19 décembre 2023 s’attaque ainsi à 8,2 % de la population (INSEE, 2024),
  •  91% de personnes noires, en France métropolitaine,  affirment être victimes de discrimination raciale dans leur vie de tous les jours, d'après le dernier baromètre du Cran (Conseil représentatif des associations noires).

2. Quelles sont ces violences ?

La société française est profondément structurée par le racisme, un système de domination et d’exploitation qui hiérarchise les vies et les droits en fonction de leur origine, leur provenance, leur religion réelle ou supposée, leur couleur de peau . Ce racisme  (racisme antiarabe, islamophobie, négrophobie, antitziganisme, antisémitisme…) est largement hérité du colonialisme. Il a déjà des effets concrets : oppressions, discriminations, violences.

La loi interdit et sanctionne le racisme lorsqu’il s’exprime sous forme :

    • d’attitudes (propos, injures, menaces…) fondées sur des opinions, des croyances, articulées à des stéréotypes et des préjugés ;
    • de comportements discriminatoires qui s’expriment à travers des pratiques sociales allant de l’évitement à la persécution, sous des formes organisées ou non (traitement défavorable de personnes, se trouvant dans une situation comparable, dans le domaine de l’emploi, de l’éducation, d’accès à la location…) ;
    • de violences physiques ;
    • de mode de fonctionnement qui institutionnalisent l’exclusion, la ségrégation, la discrimination ;
    • de discours idéologiques, théoriques, voire doctrinaires, constitués de récits visant à justifier la domination de certains groupes humains par d’autres, et se référant souvent à la science à cette fin.

 

3. Ce que dit les textes, la loi :

4. Quelques définitions :

Racisme d’État :

le racisme n'est pas seulement un phénomène individuel : c'est un système de domination, d'oppression et d'exploitation dans lequel l’État et ses différentes institutions jouent un rôle structurant, en mettant en place des politiques discriminatoires, en cautionnant des pratiques ou en s’abstenant d’agir pour lutter contre les discriminations. La lutte contre le racisme ne doit donc pas être un combat purement moral, c'est une lutte politique.

Islamophobie :

l’islamophobie désigne l’oppression et la discrimination systémique des personnes en raison de leur appartenance réelle ou supposée à la religion musulmane.

C’est une forme de racisme structurel et culturel, qui débouche sur des peurs, des représentations dégradantes, des discriminations et des violences verbales ou physiques. L'islamophobie est aujourd'hui une composante majeure du racisme d’État. L'islamophobie est reconnue par les organisations internationales dont l'ONU.

Suprémacisme blanc :

Idéologie raciste selon laquelle blanc·ches seraient supérieur·es aux autres. Héritée de l’esclavage aux États-unis, elle a une forte influence dans les milieux masculinistes d’extrême-droite.

Stéréotype :

Un stéréotype est un cliché, une image mentale. C’est une « opinion toute faite » portée sur un groupe de manière extrêmement simplificatrice et généralisée à tous les membres du groupe.

Préjugé :

Un préjugé est un jugement porté sur un individu ou un groupe, qui se fonde sur des idées reçues issues d’un milieu ou d’une époque donnés. À la différence du stéréotype, il est porteur d’une charge affective et suscite des considérations ou des réactions souvent défavorables à l’égard des personnes visées.

Discrimination :

Dans la loi, la discrimination est définie comme un délit qui consiste à sélectionner ou à traiter inégalement des personnes dans différents domaines de la vie sociale, en se fondant directement ou indirectement, sur les critères interdits. (Loi Pleven du 1er juillet 1972).

Xénophobie :

La xénophobie désigne la peur ou le rejet de ce qui est étranger : la pratique et les caractéristiques des groupes étrangers sont dénigrées et jugées avec hostilité. Le xénophobe cherche à préserver « son groupe » contre les « étranger-es », qu’ils·elles fassent ou non partie de « son » territoire.

Racisé·e (usage courant) :

Une personne « dite » racisée est une personne touchée par le racisme et des discriminations. En sociologie, l’expression « racisée » est relative à l’attribution automatique de certaines compétences et comportements à un groupe, simplement du fait de leur origine réelle ou supposée ou encore de leurs couleurs de peau. La notion de racisé renvoie à un concept sociologique, celui de racisation.

Essentialisation :

On parle d’essentialisation quand l’identité d’un individu se voit réduite à des particularités morales, des aptitudes intellectuelles ou des caractères psychologiques supposés immuables.

Au cours de l’histoire, des individus ont été classés dans des catégories en fonction de leurs traits physiques. À chaque catégorie ont été associés des caractères moraux, psychologiques ou comportementaux qui se transmettraient de génération en génération. Aujourd’hui, l’essentialisation perdure sous une forme culturelle, fondée sur des critères comme la religion ou l’origine géographique. La culture est perçue comme fixe et monolithique, alors qu’en réalité les identités culturelles sont dynamiques et changeantes.

5. L’impact sur la santé mentale des personnes non blanches :

Les conséquences de discriminations racistes sont :

  • le stress,
  • l’anxiété,
  • les  troubles addictologiques,
  • la dépression,
  • les tentatives de suicide.

Le concept de traumatisme racial
Le psychologue américain Robert T. Carter a développé le concept de « Race based Trauma » (RBT) ou « traumatisme racial ». Selon T. Carter, la discrimination raciste peut engendrer des réponses neuropsychologiques et des symptômes similaires au stress post-traumatique. Le « Race based Trauma » est une réaction traumatique générée par un stress, lui-même engendrée par l’expérience des discriminations racistes.

La charge raciste : 

Les situations de discriminations racistes citées par l’équipe de Robert T. Carter sont  :

  • les contrôles au faciès,
  • la peur d’être victime de discrimination dans l’espace public,
  • la peur de se balader dans la rue avec son voile,
  • la peur sexuée (misogynoir),
  •  la peur pour ses proches,
  • la peur de devoir toujours se justifier, d’être accusés d’exagérer ou de trop généraliser
  •  l’expérience de la relativisation ou du déni d’autrui face aux situations discriminatoires

Pour Robert T. Carter, les micro-agressions du quotidien sont les expériences les plus dangereuses sur le long terme car elles  provoqueraient une somatisation.

6. Quelques exemples dans nos établissements : 

  • refuser d’accorder la journée de l’aïd aux personnels les plus précaires
  • dire à un élève que son prénom n’est pas musulman ou qu’il peut ne pas faire le ramadan
  • s’écarter d’une collègue non blanche en affirmant sur le ton de l’humour d’avoir peur d’être frappée par cette collègue.

7. Réagir 

Obligation de protection des personnels

Article R. 421-10 du code de l'éducation, « en qualité de représentant de l’Etat au sein de l’établissement, le chef d'établissement (...) prend toutes dispositions, en liaison avec les autorités administratives compétentes, pour assurer la sécurité des personnes et des biens, l'hygiène et la salubrité de l'établissement ».

Que faire en cas de racisme dans le monde du travail ?

Vous êtes victime ou témoin de propos ou comportements racistes dans le cadre de votre travail et vous vous demandez ce que vous pourriez faire. Il existe plusieurs réponses possibles. Pour vous défendre vous ou votre collègue, vous pouvez soit avoir recours à la loi qui mentionne l’interdiction de discriminer.

Si vous constatez un fait raciste, vous pouvez :

  • venir en soutien à la personne victime, en accueillant et en recueillant ses propos et sa parole. Invitez-la à parler afin de la sortir de son isolement et d’empêcher les phénomènes conscients ou inconscients de silenciation (fait d’être réduit·e au silence, notamment lorsque la société ne veut pas reconnaître les discriminations faites à une personne ou à un groupe).
  • Alerter vos autres collègues et les mobiliser pour la ou vous défendre. Vous pouvez l’orienter vers les instances les plus efficaces pour l’aider.
  • L’accompagner dans les différentes démarches, qui peuvent être juridiques ou non, l‘aider à constituer un dossier à partir des preuves récoltées.
  • Se rapprocher d’un syndicat.

Les réponses possibles en cas de discriminations :

  • Informer  la hiérarchie : en cas de comportement problématique d'un·e collègue l'entreprise.
  •  Contacter le·la médecin traitant pour l’informer de votre état de santé physique et psychologique.
  • Contacter a médecine du travail, qui peut faire des propositions d’aménagement ou de transformation des postes de travail justifiées notamment par l’état de santé physique ou mental du/de la travailleur·euse.
  • Un syndicat, qui peut vous former ou vous accompagner dans vos démarches.
  • Une association de défense des droits (ex : CCIE), qui peut vous accompagner ou vous orienter dans vos démarches.
  • Le Défenseur des droits, qui peut recevoir une réclamation par courrier postal ou par un formulaire en ligne et pourra, selon les situations, intervenir.
  • Le commissariat ou gendarmerie en déposant plainte.

 

Pour nous contacter

Rendez-vous sur www.sudeducation.org

Contact > Contacter SUD éducation pour trouver les coordonnées du syndicat SUD éducation de votre département.

source :

https://f3c.cfdt.fr/upload/docs/application/pdf/2024-12/dir2/24nsy1093a_discri_cfdt_combattre_le_racisme_au_travail_guide.pdf

https://solidaires.org/sinformer-et-agir/brochures/argumentaires/le-racisme-de-quoi-parlons-nous/

https://syndicat-asso.fr/wp-content/uploads/2024/10/brochure_web.pdf