Cette séance du CSE est l’occasion de tirer un bilan de l’année scolaire écoulée et de la session du baccalauréat.
Cette année scolaire, comme celle qui l’a précédée, s’est révélée particulièrement éprouvante pour les personnels. Une fois de plus, le ministère s’est montré incapable de communiquer des instructions fiables et stables pour s’adapter à l’évolution de la situation sanitaire : l’urgence a systématiquement présidé à des instructions ministérielles délivrées à contretemps.
Les multiples revirements au sujet de l’organisation du baccalauréat ont encore accru la charge qui a pesé sur les personnels lors de la préparation aux épreuves du baccalauréat dont les contours n’ont, jusqu’au dernier moment, pas été clairement définis. Le ministre s’est obstiné à maintenir le grand oral, épreuve par définition socialement sélective à laquelle les élèves n’ont pas pu être préparé-e-s convenablement.
Les dysfonctionnements d’organisation des épreuves ont été nombreux : convocations tardives, incomplètes ou absentes des examinateurs et examinatrices. Dans certaines académies, les correcteurs et correctrices ont eu à affronter une numérisation de copies largement défaillante qui leur a fait perdre un temps précieux alors même que le délai de correction était réduit. La plateforme Cyclades a enfin complété la liste des infrastructures numériques ministérielles tombées en panne durant l’année scolaire.
Le ministre profite cyniquement de la désorganisation qui a régné durant cette année scolaire pour imposer son agenda d’un baccalauréat maison. La peinture de la réforme Blanquer du baccalauréat est encore fraîche : cette année est la première qui verra des bacheliers et bachelières être diplômé-e-s dans les conditions imposées par la réforme. Pourtant, le ministre est déjà en train de modifier de nouveau les épreuves.
La plupart des disciplines (enseignement de spécialité en première, langues, EPS, EMC, Histoire-géographie, enseignement scientifique en filière générale et mathématiques en filière technologique) seront évaluées exclusivement en contrôle continu dans les établissements pour 40 % de la note finale du baccalauréat.
La réforme du ministre conduit à un diplôme de plus en plus délivré par les lycées et non un premier grade universitaire de la même valeur pour toutes et tous, obtenu à l’issue d’épreuves déterminées nationalement et anonymes. Cette décision s’inscrit dans la continuité de la mise en œuvre de parcoursup et de l’esprit de la réforme du baccalauréat général et technologique et plus largement de l’ensemble des réformes du système éducatif de ces dernières années, placées sous le signe de l’évaluation permanente, des injonctions pédagogiques, et de l’autoritarisme. L’annonce de la volonté d’instaurer par décret un emploi fonctionnel statutaire pour les personnels chargés de direction en est à cet égard un signe supplémentaire.
Désormais, avec le contrôle continu, les personnels enseignants deviendront directement comptables de la réussite des élèves aux yeux des familles dont la pression à la hausse des résultats chiffrés ne manquera pas de se faire bien plus forte. C’est une nouvelle attaque portée à la professionnalité des personnels enseignants. C’est également un nouveau coup porté aux établissements situés dans les quartiers populaires, dont les résultats au baccalauréat, attestés lors d’épreuves nationales, inspirent confiance aux familles et les incitent à y inscrire leurs enfants. Il est déjà à craindre que les dispositions qui nous sont soumises auront pour conséquence d’aggraver l’évitement scolaire et la fuite vers l’enseignement privé, par définition socialement bien plus sélectif.
Pour SUD éducation, cette fuite en avant doit cesser. Il est nécessaire de revenir à un véritable diplôme national du baccalauréat, qui offrait les garanties nécessaires à l’égalité des candidat‑e-s.
SUD éducation s’oppose au passage au contrôle continu intégral, et revendique l’abrogation de la réforme du baccalauréat.