Les personnels de l’Éducation nationale s’apprêtent à rejoindre leurs écoles et établissements scolaires dans un fort sentiment d’incertitude. Cette année, chaque rentrée des classes a connu un fiasco : celui de l’absence de masque en septembre, celui des protocoles sanitaires fantômes en novembre, celui des tests fantômes en janvier et à nouveau les protocoles sanitaires fantômes en mars. Aujourd’hui, ce sont l’accès aux autotests et l’accès aux vaccins qui interrogent : quand les personnels de l’Éducation nationale auront-ils accès à une véritable politique de vaccination et de tests et dans quelles conditions ?
L’absence de réponse à ces questions et l’incapacité de l’administration d’appliquer un protocole sanitaire plus protecteur sont autant de sujets d’inquiétude pour les personnels. Pourtant la baisse du taux d’incidence chez les 0-19ans pendant la période de fermeture des écoles et des établissements scolaires met au jour l’évidence des contaminations qui ont lieu dans le milieu scolaire. L’annonce du dédoublement uniquement pour les classes de 4eme et de 3eme dans certains départements nécessite d’alléger les programmes, en particulier pour le DNB, et d’abonder ces départements de moyens supplémentaires pour pallier les retards pris dans les apprentissages.
BAC 2021 : des décisions qui arrivent trop tard
Il aura fallu à nouveau huit mois à l’administration pour prendre la mesure des effets de la crise sanitaire : SUD éducation alerte pourtant l’administration depuis le printemps dernier sur la nécessité d’adapter les examens du baccalauréat. L’Éducation nationale semble avoir toujours un temps de retard sur le reste de la société. Il était évident que l’année scolaire 2020-2021 ne serait pas une année normale, pourquoi ne pas élaborer des scénarios permettant, dès la rentrée, d’anticiper les effets de la crise sanitaire ? Toute l’année, l’administration a fait peser sur les personnels et les élèves une pression inutile avec par exemple le maintien coûte que coûte des E3C dont les épreuves sont finalement annulées les unes après les autres.
Il faut donc attendre la fin du mois d’avril pour que des décisions de bon sens soient prises, néanmoins elles arrivent trop tardivement et restent insuffisantes : SUD éducation revendique toujours la suppression de l’épreuve du Grand Oral. La préparation de cette épreuve a été trop hétérogène selon les classes d’un même lycée, selon les lycées. La situation sanitaire n’a pas permis aux personnels de bénéficier d’une véritable formation pour préparer les élèves à cette épreuve. On n’institue pas une nouvelle épreuve et un nouveau bac en pleine crise sanitaire alors que la vie des lycées est largement perturbée depuis le mois de novembre 2020 et que le décrochage scolaire a explosé.
De même, pour les lycées professionnels, les aménagements se bornent aux périodes de PFMP, comme si la scolarité des lycéens et des lycéennes de la voie professionnelle se limitait aux période de formation en entreprise. Pourtant, entre les CCF, les dédoublements et la fermeture des lycées, les personnels de la voie professionnelle font le constat d’une année insuffisante du point de vue des apprentissages.
SUD éducation revendique des moyens supplémentaires pour permettre aux élèves des lycées professionnels, généraux et technologiques de pouvoir redoubler leur année s’ils et elles le souhaitent afin de préparer au mieux la poursuite de leurs études.
Préparer les épreuves du DNB tout en rattrapant les effets de la crise sanitaire, comment faire ?
Par ailleurs, les mêmes questions se posent pour le DNB : il a été annoncé que les épreuves terminales auront lieu et que les élèves de troisième des départements les plus touchés auront classe de manière dédoublée. Comment travailler dans ces conditions avec les élèves à deux mois de l’examen ? Comment mobiliser les élèves en moins de deux mois après cette année chaotique ? La période de confinement de mars à mai 2020 a considérablement aggravé les difficultés scolaires des élèves, surtout pour les élèves qui souffrent déjà de difficultés sociales. Néanmoins l’année 2020-2021 n’a pas permis de les limiter leurs effets, bien au contraire. L’incapacité de l’administration à mettre en œuvre des mesures cohérentes et adaptées au terrain, en particulier dans les zones d’éducation prioritaire, a contraint élèves et personnels à vivre au rythme des pics épidémiques avec une scolarité « au jour le jour ». Le manque de remplacement des personnels cas contacts, testés positifs, ou éreintés par des conditions de travail dégradées, ont eu des effets catastrophiques sur la scolarité des élèves. Pourtant notre rôle, celui de l’Éducation nationale, est bien de construire un cadre d’apprentissage dont la régularité et la stabilité bénéficient aux apprentissages. Chaque « changement de cap » a eu pour effet un décrochage scolaire de plus en plus important. À deux mois des épreuves du DNB, avec l’annonce des dédoublements pour certains niveaux dans certains départements, les personnels auront la lourde responsabilité de parvenir à remobiliser les élèves et de savoir si la priorité est de préparer les élèves aux épreuves du Brevet en multipliant les entraînements ou bien si il faut se concentrer sur la consolidation des apprentissages pour la préparation de l’entrée au lycée.
SUD éducation revendique un plan d’urgence pour la rentrée 2021
Et c’est bien la question de la rentrée 2021 qui se pose pour SUD éducation. Les suppressions de poste dans le second degré, le manque de personnels dans le 1er degré, l’absence de véritable accompagnement éducatif et médico-social dans les écoles, collèges et lycées… aggravent l’échec scolaire. Pourtant le ministre Blanquer s’entête dans cette politique pernicieuse.
Il faut préparer la rentrée 2021. L’école publique a besoin d’un abondement important de moyens pour faire face aux effets de la crise sanitaire sur la scolarité des élèves.
Enfin, les élèves de terminale, qui auront connu une longue période de confinement en classe de première, et une année de terminale largement perturbée, devront bénéficier d’un accompagnement personnalisé lors de leur arrivée dans le supérieur à la rentrée 2021.
Le ministre Blanquer doit prendre ses responsabilités et répondre à la revendication d’un plan d’urgence pour l’éducation à la rentrée 2021.