Motion d’actualité du Conseil fédéral de novembre 2024

Le projet de budget 2025 porté par le gouvernement est extrêmement inquiétant : 4000 suppressions de postes d’enseignant·es, attaques envers les fonctionnaires, baisse des dotations des collectivités territoriales, baisse du financement public pour l'écologie… Le gouvernement a décidé de mettre en pièces les services publics et en particulier l’école publique. Cette politique a pour effet de favoriser le développement de l’enseignement privé, à 95% catholique et largement ségrégué socialement. Pour l'Enseignement supérieur et la Recherche, c'est en tout 2 milliards d'euros de budget de fonctionnement en moins qui s'annoncent, avec la possibilité que 60 des 75 universités françaises se retrouvent en déficit à la fin de l'année. Ces situations financières sont intenables pour les établissements qui pourraient se voir contraints de fermer des formations, baisser les capacités d’accueil, stopper la rénovation des bâtiments, basculer des enseignements en distanciel… Le non versement des salaires des personnels est même évoqué par les présidences d’universités. Partout, les emplois précaires et les conditions d'études dégradées deviennent majoritaires.  Pour SUD éducation, il faut s’engager dans une bataille, la plus unitaire possible, pour d’une part mettre un terme aux réformes de tri social (comme celle de l'année de terminale professionnelle, qui montre l'impréparation du ministère, sans aucune visibilité sur la fin de l'année scolaire), et d’autre part gagner des moyens pour un vrai service public d’éducation. 

 

Dans l’Éducation nationale comme dans l’Enseignement supérieur et la Recherche, c’est l’État qui a créé les conditions d’un service public dégradé : 6000 suppressions de postes depuis trois ans dans l’Education nationale et 4000 annoncées pour 2025, des moyens de remplacement supprimés dans le 1er et le 2nd degré, un·e médecin du travail pour 17520 agent·es,  une seule visite médicale dans toute une carrière, suppression des CHSCT. Dans ces circonstances, les propositions du ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian concernant le passage à trois jours de carence et l’abaissement du plafond de remboursement des arrêts maladie sont extrêmement graves. Ces mesures vont toucher en priorité  les femmes et les plus précaires et aggraver la situation qu’elles prétendent régler. Plutôt que d’assumer sa responsabilité en matière de santé des personnels, le ministre s’inscrit dans la continuité de Nicolas Sarkozy pour dénigrer les fonctionnaires, et n’hésite pas à répandre des mensonges sur une prétendue explosion de l’absentéisme. 

Dans le privé, les annonces de plans de licenciements se multiplient, les luttes aussi. SUD éducation apporte son soutien à ces combats contre le capitalisme qui vise à maximiser les profits au détriment des travailleur·euses. Avec les suppressions de postes dans l’Éducation nationale, une convergence peut se construire avec les autres secteurs mobilisés tel le rail et les syndicats en lutte contre les licenciements comme à Michelin ou Arcelor Mittal. La fascisation en cours impose plus que jamais de ne pas en rester à des luttes sectorielles. Il est nécessaire de construire unitairement la mobilisation Fonction publique du 5 décembre en créant des cadres interprofessionnels et intersyndicaux propices à la poursuite de ce mouvement, notamment par la grève reconductible.  

 

L’éducation est un enjeu majeur pour permettre une société plus juste socialement et écologiquement aujourd’hui et demain. SUD éducation lutte pour  la rénovation et le désamiantage du bâti scolaire, pour des moyens en faveur de l’école inclusive, pour l'éducation prioritaire, pour la défense du statut des fonctionnaires et la titularisation des contractuel·les sans condition de nationalité ni de concours. SUD éducation s’oppose au financement public de l’enseignement privé et revendique l’augmentation des salaires via une hausse significative du point d'indice (rattrapage et indexation sur l'inflation), à commencer par les salaires des plus précaires, les AED, les AESH, les agent·es techniques et administratif·ves.

 

L’extrême droite se renforce lorsque le gouvernement dégrade les services publics, nous avons à participer à la construction d’un mouvement social fort qui porte la justice sociale contre le projet raciste, sexiste, LGBTIphobe, validiste, écocide et classiste des partis d’extrême droite. SUD éducation se montre extrêmement vigilant à l’égard des mobilisations de l’extrême droite contre les nouveaux programmes d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle remis aujourd’hui en question par le ministre de la réussite scolaire. Le ministère ne doit pas reculer face aux attaques LGBTiphobes de l’extrême droite. Il doit publier les programmes en conservant la notion d’identité de genre et proposer un programme de lutte contre les LGBTiphobies plus ambitieux. SUD éducation se tient aux côtés des personnels qui subissent le harcèlement de groupes d’extrême droite. 

 

La répression continue de cibler des camarades notamment de notre syndicat. L’administration délimite arbitrairement le champ du syndicalisme pour couvrir ses dysfonctionnements et son non-respect du droit en accusant celles et ceux qui les dénoncent pour tenter de les museler. SUD éducation dénonce vigoureusement ces répressions anti-syndicales. SUD éducation dénonce la criminalisation des militant·es qui expriment leur solidarité envers le peuple palestinien qui subit un génocide et de celleux qui soutiennent les luttes écologistes, antifascistes et anticolonialistes. Dans l’ESR, la question des libertés académiques devient très préoccupante : des collègues sont réprimé·es pour des prises de position sur les guerres impérialistes et colonialistes. Des directions d'universités françaises se permettent par exemple de censurer les voix qui expriment la condamnation du génocide en Palestine et la situation coloniale en Kanaky/Nouvelle-Calédonie. Les étudiant·es, dans leurs mobilisations, subissent une répression policière et administrative de plus en plus féroce. Les universités sont de moins en moins des lieux d'ouverture, de débats et de réflexion critique (contrôles d'accès des campus, levées de la franchise universitaire, garde à vue, intimidations de l'extrême droite, etc). Tout est fait pour que les facs soient muselées. Nous ne nous laisserons pas faire !

 

SUD éducation reste mobilisé pour les droits des enfants et notamment par les mobilisations à venir pour une véritable école inclusive autour de l’anniversaire de la loi de 2005. SUD éducation reste engagée pour les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+. SUD éducation s’inscrit pleinement dans les mobilisations du 18 décembre, journée internationale des migrant·es, et appelle à rejoindre les manifestations et les initiatives qui se déploieront pour défendre les droits des personnes exilées, largement menacés par un ministère de l’intérieur raciste et xénophobe qui relaie les propositions de l’extrême droite. Le racisme d’Etat se retrouve aussi dans le rapport de la France au colonialisme.  La répression des mobilisations en Kanaky et de la mobilisation contre la vie chère aux Antilles en est une illustration. Nous la dénonçons et apportons notre solidarité aux peuples mobilisés pour leurs droits. SUD éducation dénonce l'impunité et le soutien apporté par la France à l'Etat colonial israélien et à ses dirigeants génocidaires, malgré les mandats d'arrêts enfin délivrés par la cour pénale internationale. Nous appelons à renforcer les mobilisations pour un cessez-le-feu et la défense des droits fondamentaux des Palestinien·nes, en particulier par la campagne BDS, que les récents succès doivent permettre d'élargir encore. SUD éducation doit amplifier son combat antiraciste, notamment au travers des revendications contre les violences policières, contre le racisme aux frontières, contre la répression des migrant·es et contre le racisme d’État. Toutes ces luttes sont des enjeux encore plus essentiels pour notre camp et ne peuvent être contournées par les seules revendications sociales. 

 

SUD éducation est en lutte : priorité à  l’égalité et aux services publics !