SUD éducation a été reçu par la nouvelle ministre de l’Éducation nationale le 14 octobre lors d’une bilatérale. Comme à leur habitude, les représentant·es de SUD éducation ont porté la voix des personnels et des mesures de défense du service public d’éducation.
La nouvelle ministre, Anne Genetet s’inscrit dans la continuité de la politique d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal en estimant que “beaucoup a déjà été fait” pour l’école. Alors que l’école ne tient que par l’acharnement des personnels à la faire tenir debout, la ministre refuse de reconnaître l’état de délabrement dans lequel se trouve le service public d’éducation. Sur la revalorisation salariale, comme sur les conditions de travail et les salaires des AESH ou sur l’école inclusive, Anne Genetet préfère mettre en avant les “efforts” faits par les précédents gouvernements plutôt que de reconnaître l’indigence du ministère de l’Éducation nationale.
Plus généralement, il y a un profond décalage entre les discours ministériels sur l’inclusion scolaire ou encore l’état du bâti et la réalité du terrain. La ministre sous-estime les effets dévastateurs de la suppression de 4000 postes à la rentrée prochaine.
SUD éducation revient sur les sujets abordés lors de cette réunion :
Sur la question des salaires des personnels, les représentant·es de SUD éducation ont rappelé à la ministre la réalité du terrain : les enseignant·es en France sont parmi les plus mal rémunéré·es parmi les pays de l’OCDE. Pourtant la ministre reprend à son compte le chiffre de 11% d’augmentation moyenne des salaires des enseignant·es, CPE et PsyEN. Les représentant·es de SUD éducation ont su rappeler que le ministère avait trouvé toutes les pirouettes nécessaires pour parvenir aux 10% d’augmentation annoncés par le candidat Macron en campagne et pour annoncer une revalorisation moyenne de 11% des salaires des enseignant·es entre avril 2022 et janvier 2024, soit 258 euros nets mensuels de plus. En effet, pour atteindre ce chiffre de 11% d’augmentation en moyenne, le ministère a dû ajouter la hausse de la valeur du point d’indice de juillet 2022 pour toute la Fonction publique, puis en juillet 2023, puis l’ajout de 5 points d’indice majoré en janvier 2024 à la revalorisation socle entrée en vigueur en septembre 2023.
Aucune réponse de la ministre sur la manière de résorber les inégalités salariales entre hommes et femmes dans notre ministère.
Interrogée sur la situation de grande précarité des personnels AESH, la ministre considère que l’accès au CDI après 3 ans d’ancienneté et l’intervention de personnels AESH sur le temps méridien sont des avancées. Néanmoins SUD éducation a pointé les difficultés de recrutement du ministère qui annonce d’ailleurs 2000 ouvertures de postes d’AESH à la rentrée 2025 alors qu’il sait qu’il ne pourra pas les pourvoir faute de candidat·es. Les représentant·es de SUD éducation ont ainsi rappelé la revendication de la reconnaissance du métier par la création d’un vrai statut pour les personnels AESH.
De même, la ministre ne partage pas le bilan de l’école inclusive fait par SUD éducation. Pour la ministre, l’avenir de l’école inclusive est à trouver dans l’acte 2 avec la reprise en main par l’Éducation nationale des notifications d’accompagnement jusqu’alors émises par la MDPH. En effet, l’Éducation nationale reproche à la MDPH de notifier trop d’heures d’accompagnement pour les élèves.
SUD éducation revendique au contraire de vrais moyens pour accueillir les élèves en situation de handicap à l’école.
Pour illustrer la dégradation des conditions de travail et les difficultés auxquelles se trouvent confrontés les personnels, les représentant·es de SUD éducation ont souligné l’absence de moyens et de pilotage pour la reconversion écologique du bâti scolaire et pour le désamiantage des écoles et des établissements scolaires. Nous avons fait référence à l’alerte danger grave et imminent émise par SUD éducation à l’échelle ministérielle le 9 octobre dernier dans un lycée d’Angers qui connaît des travaux de désamiantage sur site occupé. La lutte contre l’amiante est un enjeu de santé publique puisque c’est une substance cancérogène dès la première fibre et que l’on trouve dans 85% des écoles et établissements scolaires. La ministre a déclaré vouloir s’inscrire dans le temps long de l’école, les représentant·es de SUD éducation lui ont signifié qu’engager une reconversion écologique de l’école répondrait à cette exigence.
Les représentant·es de SUD éducation ont interrogé la ministre sur l’avenir du “choc des savoirs” que nous continuons de combattre comme une réforme de tri social. La ministre refuse le terme de tri social mais plaide pour “le temps de long de l’école” et défend la nécessité de faire un bilan des premières mesures avant de les généraliser ou de les détricoter. On peut légitimement penser que le ministère ne s’aventurera pas à généraliser les groupes de niveau/besoin pour les classes de 4e et de 3e à la rentrée 2025, ni à généraliser les prépa-secondes, néanmoins il n’y a pas d’engagement ferme de la part de la ministre.
Sur les réformes en cours, les représentant·es de SUD éducation ont interrogé la ministre sur l’avenir de la réforme de la formation initiale. La ministre souhaite mettre en œuvre cette réforme qu’elle juge nécessaire. Toutefois, cette réforme devrait être imputée au budget 2026. Il est pourtant urgent de reprendre rapidement les discussions avec les organisations syndicales et les acteurs et actrices de la formation initiale pour mettre en œuvre une réforme qui répond aux enjeux de l’attractivité du métier tout en conservant son caractère universitaire et garantissant une formation soutenue. La rémunération des stagiaires ne pourra en aucun cas être suspendue aux décisions budgétaires du gouvernement actuel ou d’un futur gouvernement.
Sur la formation continue, les représentant·es de SUD éducation ont alerté la ministre sur le faible nombre de jours de formation des personnels de l’Éducation nationale au regard des autres ministères. Notre point d’alerte porte aussi bien sur les modalités des formations (visio, hors temps de travail) que sur les contenus imposés (savoirs fondamentaux). La ministre s’est dit attentive à cette question sans toutefois donner d’éléments précis sur la politique qu’elle compte mener.
Chaque année, le ministère nous annonce une refonte de la carte de l’éducation prioritaire, or cette refonte ne semble pas être dans le viseur de la nouvelle ministre. Pourtant SUD éducation a bien rappelé l’injustice que constituent la sortie des lycées de la carte en 2015 ainsi que les écoles et collèges non classés ou mal classés. SUD éducation a par exemple rappelé l’exemple de l’école Mandela à Saint Herblain dans le 44 ou des 8 collèges de Mayotte classés en REP alors qu’ils ont un IPS semblables à celui des REP+.
De même, la ministre n’a aucune réponse à apporter à la mobilisation des personnels de Seine-Saint-Denis pour un plan d’urgence pour l’éducation pour le 93.
Pour SUD éducation, la question de l’éducation prioritaire et des inégalités sociales est à analyser au regard des évolutions de l’enseignement privé. C’est pourquoi les représentant·es de SUD éducation ont porté auprès de la ministre la nécessité de donner des moyens à l’éducation prioritaire dans un contexte de baisse démographique où l’enseignement privé devra se montrer de plus en plus agressif à l’encontre de l’enseignement public pour maintenir ses effectifs.
Enfin, les représentant·es de SUD éducation ont beaucoup insisté sur les effets des suppressions de postes et donc de la dégradation des services publics sur la montée de l’extrême droite sans que la ministre ne réponde sur ce sujet.
La ministre a néanmoins rappelé sa volonté de publier les nouveaux programmes d’EVARS (éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle) en ayant conscience des pressions de l’extrême droite qui s’exercent sur l’école. La ministre s’est déclarée résolument du côté des personnels et a rappelé son refus de céder aux pressions de l’extrême droite.
SUD éducation saura rappeler ses engagements au ministère afin que tous les personnels soient protégés lorsqu’ils sont attaqués par l’extrême droite.
Pour SUD éducation, cette première prise de contact n’est pas satisfaisante puisque la ministre refuse de reconnaître l’état déplorable dans lequel se trouve le service public d’éducation. Comme les personnels l’ont fait en 2022-2023 sur la question des salaires, c’est par une mobilisation massive que nous parviendrons à mettre sur la table de nouveau la question des salaires mais aussi celle des moyens pour le service public d’éducation.