Le Conseil Supérieur de l'Education s'est réuni le 5 septembre. SUD éducation tient à ce qu'aucun texte structurant ne soit présenté au CSE par Madame la Ministre qui doit s'en tenir aux affaires courantes.
Vous trouverez ci-dessous la déclaration liminaire de SUD éducation.
La déclaration de SUD éducation
Quelle étrange rentrée scolaire vivons-nous ! Nous avons connu des ministres qui imposent des réformes malgré les mobilisations des personnels et des parents mais aussi contre l’avis des instances de dialogue social, des ministres qui dénigrent le service public d’éducation, des ministres qui jouent avec l’école pour assurer leur carrière politique.
À présent, nous sommes dans la situation ubuesque d’une ministre démissionnaire qui continue d’appliquer une politique éducative, sanctionnée par les urnes.
L’imposture n’a que trop duré : plus le pouvoir macroniste abîme la démocratie, plus il précipite notre société dans les bras de l’extrême-droite avec ses réponses populistes.
Le message des urnes et celui des travailleurs et des travailleuses mobilisé·es sont analogues : il faut revenir sur la réforme des retraites, augmenter les salaires et investir massivement dans les services publics, y compris dans l’école publique, pour une société plus juste socialement et plus écologique.
Force est de constater que la rentrée s’est mal passée : il n’y a pas un·e enseignant·e devant chaque classe et les écoles et les établissements scolaires manquent de tou·tes les personnels qui font vivre l’école au quotidien : d’enseignant·es, d’AESH, d’infirmier·es, d’assistant·es de service social, de PsyEN, de personnels administratifs et techniques…
La mise en oeuvre des mesures Choc des Savoirs est un échec. Dans les collèges, les équipes ont fait leur possible pour minimiser la réforme en constituant des groupes hétérogènes et en développant la co-intervention, ou même, pour ne pas l’appliquer puisqu’un certain nombre de collèges ont décidé de ne pas constituer de groupes.
Dans les collèges qui ont mis en place les groupes, même hétérogènes, c’est la désorganisation qui règne : les chef·fes d’établissement peinent à recruter des professeur·es principaux, les élèves sont perdus, les emplois du temps dégradés et les personnels ont le sentiment d’être maltraités et privés de la relation pédagogique à leur classe.
De même, dans les écoles, les collèges et les lycées, les personnels sont particulièrement mécontents de voir se généraliser les évaluations nationales dont chacun·e a déjà pu constater à quel point elles étaient nuisibles au service public d’enseignement. Les évaluations nationales sont une marotte pour votre ministère et s’intègre dans votre modèle éducatif qui se résume en quelques mots : standardiser, évaluer, trier, sélectionner.
Avec la réforme du lycée, les élèves n’ont plus le temps d’apprendre, iels subissent la pression de l’évaluation permanente du contrôle continu et de Parcoursup.
Avec les nouveaux programmes, les manuels labellisés et les constellations, les contenus comme les méthodes pédagogiques sont normalisés et prescrits.
Avec les groupes en 6e et en 5e et la politique des Savoirs fondamentaux, vous amplifiez les inégalités sociales et scolaires : aux enfants des classes populaires, l’école au rabais, celle des opérations cognitives simples et des groupes d’élèves faibles où les attendus sont nivelés vers le bas, aux élèves des classes plus favorisés, la fuite vers le privé ou la promesse d’une scolarité sans mixité scolaire.
Avec les évaluations nationales, vous soumettez les élèves à une évaluation stressante qui nie l’hétérogénéité de leurs rythmes d’apprentissages, inutilisables pour les enseignant·es pour construire des réponses aux difficultés des élèves.
Des réformes de Jean-Michel Blanquer au Choc des Savoirs annoncé par Gabriel Attal et appliqué par Nicole Belloubet, on retrouve la même logique : celle d’accroître le tri social, de fragiliser les élèves, et en premier lieu les élèves les plus vulnérables, mais aussi de nier les compétences professionnelles des enseignant·es qui sont considéré·es comme des exécutant·es. À SUD éducation, on constate l’effet extrêmement négatif de ces réformes sur l’estime et le regard que les enseignant·es portent sur leur métier : en niant leur expertise professionnelle, en niant leur capacité à construire des évaluations au service des apprentissages, en niant au lycée leur rôle dans la construction des apprentissages par une pression forte à l’évaluation permanente au service du tri social que représente Parcoursup, le ministère discrédite le métier d’enseignant·e.
Le contexte d’austérité budgétaire imposé à l’école vient aggraver ce tableau déjà morose.
Pour rendre acceptable cette politique, vous vous employez à construire une vitrine, celle de l’école inclusive : à nouveau, derrière les belles paroles, où sont les moyens pour accueillir les élèves en situation de handicap dans des conditions dignes à l’école ?
Nous le répétons à SUD éducation, il n’y aura pas d’école inclusive sans les personnels. Il est urgent de répondre aux revendications des personnels AESH, à commencer par la création d’un statut de la Fonction publique afin de reconnaître leur métier, mais aussi de s’attaquer à la question du nombre d’élèves par classe et à celle de la formation des personnels.
Après avoir abîmé l’école pendant tant d’années, il est temps de la réparer.
SUD éducation appelle les personnels à refuser collectivement de faire passer les évaluations nationales, à se mobiliser pour abroger le Choc des Savoirs et pour gagner un Choc des moyens pour l’école publique.
Pour défendre l’école publique, SUD éducation porte 5 mesures urgentes :
• la création d’un statut de la Fonction publique pour les AESH,
• l’augmentation des salaires,
• la baisse du nombre d’élèves par classe,
• la refonte, l’élargissement de la carte et des moyens de l’éducation prioritaire,
• l’arrêt du financement de l’enseignement privé par l’argent public.
C’est pourquoi SUD éducation appelle à la grève le 10 septembre prochain et appelle les personnels à ne rien lâcher pour un Choc des Moyens pour l’école publique.