Ce diaporama de présentation du « choc des savoirs » détaille les différentes mesures de cette réforme qui vise à formater les enseignements, classer les élèves et trier les élèves. Il donne aussi quelques pistes de mobilisation pour s'informer, s'organiser et faire connaître son opposition au « choc des savoirs ».
En octobre 2023, Gabriel Attal a annoncé une mission « exigence des savoirs » pour « élever le niveau des élèves ». Des auditions ont été organisées dans la précipitation sur l’école, le collège et le lycée. Aucun bilan de ces auditions n’a été présenté.
Début décembre 2023, le « choc des savoirs » a été annoncé par Gabriel Attal en conférence de presse, sans concertation sur leur contenu.
Toutes les annonces ont d’abord été présentées dans un dossier de presse. Les différentes mesures annoncées ont ensuite été traduites en textes d’application, qui sont en cours de présentation au Conseil supérieur de l’éducation (CSE). Le CSE est une instance qui regroupe des représentant·es des personnels (enseignant·es, chef·fes d’établissement, inspecteurs·trices), des parents d’élèves, des élèves et des « partenaires éducatifs » (associations, patronat, collectivités territoriales).
Jusqu’à présent, toutes les mesures du « choc des savoirs » ont été rejetées massivement voire unanimement par le Conseil supérieur de l’éducation… mais le ministère de l’Éducation nationale s’obstine à vouloir mettre en place le « choc des savoirs » dès la rentrée 2024 contre l’avis de l’ensemble de la communauté éducative.
formater les enseignements
Deux mesures du « choc des savoirs » visent à formater les enseignements :
- la labellisation des manuels scolaires
- la réécriture des programmes
Ces mesures doivent s’appliquer dès la rentrée 2024.
Le ministère veut mettre en place un label « Éducation nationale » pour les manuels conformes aux programmes et qui feraient la preuve de leur « qualité didactique et pédagogique » sur la base d’un « référentiel » décidé par le Conseil scientifique de l’Éducation nationale (CSEN).
Ce CSEN, mis en place par Jean-Michel Blanquer, défend une certaine vision de la pédagogie, très formatée.
Le ministère prétend que les manuels labellisés ne seront pas obligatoires mais seuls les manuels labellisés seront financés par l’État. Les municipalités, qui sont responsables de l’achat du matériel pour les écoles, seront donc fortement incitées à proposer uniquement les manuels labellisés. Pour les enseignant·es, c’est un manque de confiance et une atteinte à la liberté pédagogique.
Ce sont les enseignant·es qui savent le mieux ce qui est utile pour les élèves, en fonction de leurs besoins. La labellisation doit d’abord concerner les manuels de lecture et de mathématiques en cycle 2 (CP, CE1 et CE2) mais doit ensuite être généralisée à tous les manuels jusqu’à la terminale.
La labellisation est une manière d’imposer une certaine vision des programmes et de formater la manière d’enseigner.
Le ministère a également annoncé une réécriture des programmes, à commencer par les programmes de l’école maternelle et de l’école élémentaire.
Les programmes seront beaucoup plus encadrés avec des objectifs à atteindre au fur et à mesure des années d’école. Le Conseil supérieur des programmes n’a pas encore rendu sa copie mais on peut s’attendre à des programmes formatés, qui ne respectent pas le rythme des élèves.
Classer les élèves
Depuis Jean-Michel Blanquer, le ministère veut évaluer les élèves à la place des enseignant·es.
Avec le « choc des savoirs », les évaluations vont conduire à classer les élèves dès l’école primaire et, surtout, à leur entrée au collège.
Pour classer les élèves, le ministère a annoncé la généralisation des évaluations nationales à tous les niveaux. Pour rappel :
- 2017-2018 : évaluations début CP
- 2018-2019 : évaluations début CP, mi-CP + début CE1
- 2023-2024 : évaluations début CP, mi-CP + début CE1 + début CM1
Ces évaluations sont inutiles et prennent du temps alors que les enseignant·es évaluent déjà leurs élèves. Les recherches ont montré que les évaluations les plus utiles sont celles qui sont en lien avec les apprentissages dans les classes.
Au contraire, les évaluations nationales sont formatées et imposées. Elles conduisent les enseignant·es à modifier leurs pratiques pour préparer ces évaluations.
Elles peuvent être stressantes, surtout si elles conduisent à classer les élèves dans des « groupes ».
Le ministère veut imposer la répartition des élèves en « groupes » dès leur entrée en 6e dans tous les cours de français et de mathématiques.
Dès la sortie du CM2, les élèves auront donc :
- leur classe de 6e
- leur groupe de mathématiques
- leur groupe de français
Les « groupes » en 6e et en 5e c’est :
- la stigmatisation des élèves en difficulté
- la relégation des élèves en situation de handicap et des élèves allophones
- le nivellement par le bas des attentes pédagogiques dans les groupes d’élèves en difficulté
- la casse du groupe-classe
- une surcharge de travail pour les enseignant·es de français et de mathématiques qui devront suivre plusieurs classes à la fois
- l’utilisation de toute la « marge d’autonomie » des collèges et la fin des dédoublements dans les autres disciplines
- la baisse des volumes horaires des dispositifs d’inclusion ou de lutte contre les difficultés scolaires
- la désorganisation des collèges et la dégradation des emplois du temps
Trier les élèves
Le « choc des savoirs » va enfin avoir pour conséquence un tri des élèves à toutes les étapes de leur scolarité :
- dès l’école élémentaire avec la possibilité du redoublement imposé aux élèves et aux familles alors que le redoublement est seulement profitable quand il s’agit d’un projet concerté. Le redoublement va redevenir une sanction...
- à la fin du collège avec l’obligation d’avoir le brevet pour entrer en seconde
Le diplôme national du brevet va devenir obligatoire pour entrée en 2de GT ou en 2de pro dès la session 2025. Les élèves qui n’auront pas le DNB seront envoyé·es dans des classes de « prépa-seconde » (expérimentales dès la rentrée 2024) dans leur établissement d’affectation (LGT ou LP).
On ne sait pas encore quel sera le programme de ces classes de relégation destinées à faire patienter les élèves avant la fin de la scolarité obligatoire.
Comment se mobiliser ?
La première étape, c’est d’informer autour de soi :
- en diffusant des tracts/flyers d’information pour expliquer la logique du « choc des savoirs »
- en organisant des réunions d’information dans les écoles et les établissements à destination des parents d’élèves
- en utilisant les réseaux sociaux pour faire connaître les mesures de classement et de tri des élèves
Avec les personnes informées et motivées, il faut ensuite s’organiser :
- en constituant une liste de diffusion par mail
- en créant un groupe d’échanges avec une application de messagerie
- en se mettant en lien avec les organisations syndicales de personnels et les organisations de parents d’élèves
Cette organisation permet de faire connaître son opposition au « choc des savoirs » :
- en faisant signer des pétitions, du niveau local au niveau national
- en rendant visible la mobilisation par des affichages, des banderoles
- en organisant des manifestations ou des rassemblements devant les établissements, les DSDEN, les rectorats
- en contactant la presse