SUD éducation a pour fondement la construction d’un syndicalisme de transformation sociale, anticapitaliste, écologiste, féministe, antifasciste, antiraciste et autogestionnaire.
L’Éducation nationale et l’ESR regroupent des personnels aux statuts divers : des fonctionnaires d’État mais aussi un nombre grandissant de précaires et de contractuel·les, embauché·es directement par les rectorats ou les établissements d’enseignement supérieur et organismes de recherche.
Pour devenir un outil de lutte efficace, attractif et gagner de nouveaux et nouvelles adhérent⋅es, notre syndicalisme doit s’adresser à tou·tes, en favorisant l’autogestion, la lutte de classe et la pratique du rapport de force.
Enfin, nous sommes convaincu·es qu’il faut dépasser les revendications corporatistes en développant un syndicalisme interprofessionnel à travers l’Union syndicale Solidaires.
1- 25 ans après : un bilan
Nous avons connu des progrès constants jusqu’en 2014, en termes d’adhésions et de résultats électoraux. Depuis, les élections professionnelles de 2018 ont été une défaite. Si nous avons conservé notre siège au CTMESRI, nous n’avons pas récupéré le siège en CTMEN que nous avions perdu en 2014, ce qui nous coûte au quotidien la moitié de nos décharges dans l’Éducation nationale et affaiblit notre représentativité*. Nombre de nos syndicats ont perdu des sièges dans les instances locales. Plus globalement, ce recul s’inscrit dans une phase descendante du syndicalisme (déclin de l’engagement syndical, échec des mobilisations, précarisation de la société, renforcement du formatage idéologique…). Pourtant notre nombre d’adhérent·es est en hausse depuis le dernier congrès. Nous constatons le lien fort qui existe entre adhésions et résultats électoraux. Ces derniers illustrent aussi la disparité de notre implantation fédérale. Par ailleurs, le mode de scrutin électronique particulièrement abscons ainsi que l’opacité du dépouillement n’ont vraisemblablement pas favorisé la participation et rendent les analyses de vote difficiles.
* depuis le congrès de Caen, SUD
éducation a retrouvé sa représentativité à l’issue des élections professionnelles de décembre 2022
2- Développer notre syndicalisme
La stagnation de SUD éducation n’est bien sûr pas une fatalité et nous pouvons développer notre implantation en mettant en œuvre avec volontarisme notre « double besogne » syndicale : défendre les revendications immédiates des travailleur·euses, lutter pour une transformation d’ensemble de la société. Cela passe par le développement de nos pratiques de terrain, par une réflexion sur notre communication et par une formation constante nous permettant de répondre aux problèmes quotidiens que nous rencontrons. Développer l’engagement et la syndicalisation, c’est en premier lieu rendre plus visible nos positions et nos pratiques militantes.
Il est donc important de faciliter l’acte d’adhérer et l’engagement de nouvelles et nouveaux adhérent·es dans les structures locales pour développer un syndicalisme de lutte et de masse.
Développer notre syndicalisme c’est également inscrire les luttes de l’éducation dans celles des classes populaires pour l’égalité, la justice et la dignité. Pour SUD éducation, cela veut dire avoir clairement pour axe prioritaire et central la défense acharnée de ce qu’il y a d’égalitaire et d’émancipateur dans le service public d’éducation. En ce sens, la construction d’une « perspective de classe dans l’éducation » ne peut se limiter au travail intersyndical, même si celui-ci est primordial. Nous devons aussi porter cette exigence avec les associations de parents d’élèves, les syndicats de lycéen·nes et d’étudiant·es et les collectifs pédagogiques qui peuvent se retrouver dans cet ancrage de classe du combat pour la défense d’un service public d’éducation émancipateur et égalitaire.
3- Des outils pour se développer
3-1 Construire les luttes par notre syndicalisme de terrain
Notre implication dans les luttes, tant dans notre secteur que dans l’interpro, est primordiale, car c’est là que le rapport de force se construit, et qu’on confronte nos revendications et nos pratiques aux réalités du terrain.
Pour les développer, il faut aller aux devants des collègues, notamment en organisant :
- des appels à la grève en prise avec le terrain, discutés avec les personnels ;
- une implication dans les collectifs de lutte. Dans l’ESR par exemple, depuis plusieurs années et notamment lors de la mobilisation contre la LPR, des collectifs de précaires et de « jeunes » (doctorant·es, post-doc, IGR, EC) se sont constitués et ont parfois pris en charge la mobilisation bien plus que les organisations syndicales. Nous devons adopter une politique syndicale en direction de ces cadres en s’y investissant sérieusement, sans cacher notre appartenance syndicale, en y faisant la démonstration que SUD éducation peut être utile aux mobilisations et à l’auto-organisation des collègues.
- des tournées d’écoles, d’établissements et de services, et des RIS/HMIS ou des AG locales régulières pour mobiliser les collègues et faire vivre une présence du syndicalisme de lutte ;
- une cartographie de notre implantation militante avec des référent·es d’établissements ou de secteurs, en leur envoyant régulièrement du matériel, en les sollicitant pour avoir des informations de terrain ;
- des tables de presse lors des rassemblements militant·es, ou à l’INSPE pour prendre contact avec les futur·es collègues;
Dans l’ESR, pour dépasser une syndicalisation principalement idéologique et faire adhérer plus de BIATSS et de précaires, nous :
• renforçons les problématiques BIATSS (conditions de travail, pression de la hiérarchie, évolution des carrières & rémunération…) dans nos expressions à destination des personnels des établissements d’enseignement supérieur et organismes de recherche.
• renforçons le travail commun avec les commissions précarité et juridique pour qu’elles apportent des armes aux adhérent·es précaires et BIATSS.
• travaillons à établir des ponts entre la précarité dans l’EN et la précarité dans l’ESR
3-2 Communication
- la diffusion de nos valeurs et positions à travers nos journaux, des tracts, des affiches, des brochures, des lettres électroniques, et nos sites alimentés régulièrement ;
- l’utilisation des divers réseaux sociaux : malgré toutes les limites dont nous sommes conscient·es : ce sont des outils de communication certes importants mais qui ne doivent pas être une fin en soi. La vidéo est un support à développer localement ;
- la communication avec les journaux alternatifs en ligne et la presse régionale pouvant donner une couverture médiatique au mouvement social ;
- la formation politique à travers des stages, par exemple sur l’histoire du syndicalisme, du mouvement ouvrier, du féminisme pour mieux comprendre la société dans laquelle on vit et pour mieux la combattre.
3-3 Formation
- la tenue de stages pour développer un premier contact, accueillir les adhérent·es, former syndicalement les militant·es ;
- la formation sur les droits des personnels et sur l’ensemble de nos axes d’intervention pour être en capacité de répondre aux difficultés des salarié·es et de défendre nos positions ;
- le développement de supports de formation pour toucher un maximum adhérent·es (bibliothèques syndicales, vidéos, brochures…)
- la mise en évidence de notre appartenance à l’Union syndicale Solidaires de façon à s’appuyer sur son développement ;
3.4. Des axes d’interventions à (re)développer
Parmi nos orientations (lutte contre la précarité et les discriminations, anti-hiérarchie…), certaines feront l’objet d’une attention toute particulière et d’une action fédérale volontariste, car ils sont centraux dans l’actualité de notre secteur :
- l’écologie : le contexte de crise climatique et écologique impose à notre syndicat de prendre sa place dans cette bataille essentielle. L’exploitation capitaliste mène à la destruction des écosystèmes et met en danger les sociétés humaines. Nous pouvons agir vis-à-vis de notre administration et des collectivités qui gèrent les locaux/travaux, et sur nos territoires par le biais des unions locales et de l’union départementale Solidaires par :
* un engagement plus important dans la préparation des grèves climatiques, notamment celles des jeunes,
* le développement de liens avec les organisations écologiques (en accord avec les valeurs du syndicat),
* du matériel de formation syndicale et pédagogique à destination des collègues, SUD éducation mandate le GT écologie pour :
* travailler nos revendications pour notre champ professionnel, en lien avec d’autres travaux engagés par notre syndicat,
* proposer des campagnes fédérales à décliner localement
* proposer des formations fédérales ou en lien avec Solidaires,
- l’antisexisme : dans un secteur féminisé à 68 %, il y a une nécessité à s’adresser spécifiquement aux personnels en tant que travailleur·euses mais également en tant que personnes opprimées en raison de leur genre, qu’elles soient cis, trans’, non binaires ou queers. Nous développons des campagnes destinées à changer matériellement la vie des femmes (contre les violences sexuelles et sexistes au travail et les inégalités salariales), nous souhaitons en développer d’autres destinées à changer matériellement la vie de ces personnes opprimées et à déconstruire les normes du genre, en lien avec les associations féministes et notre Union syndicale.
- l’antiracisme : SUD éducation doit devenir un acteur majeur dans les luttes antiracistes. Cette question traverse en effet toute la société et notamment l’Éducation nationale.
- les conditions de travail : leur dégradation est constante. Le discours de SUD éducation doit résonner avec les difficultés des collègues au quotidien, cette préoccupation doit être omniprésente dans nos expressions.
- l’opposition aux réformes libérales : SUD éducation doit affirmer, de la manière la plus explicite qui soit, son opposition aux réformes libérales et anti-sociales du gouvernement, et être identifié comme le syndicat qui porte cette ligne de la manière la plus claire, il s’agit de mieux nous armer pour la lutte des classes.
- les problématiques autour des précaires doivent notamment être renforcées, à la fois, pour défendre, former et informer les personnels précaires et pour lutter contre la précarité.
- les salaires : SUD éducation continuera de mettre en évidence l’importance du combat pour une hausse des salaires et la légitimité de cette revendication. C’est aussi par cette lutte que SUD éducation peut défendre une évolution de carrière unique pour plus d’égalité (refus des primes de tout ordre qui ne font que diviser les personnels sans proposer d’augmentation réelle et pérenne des salaires).
- les effectifs : les effectifs réduits par classe sont une condition nécessaire à un enseignement de qualité. « On enseigne mieux lorsqu’on a moins d’élèves en classe, on apprend mieux quand on est moins en classe. »
- la formation : les injonctions du ministère laisse de moins en moins de place à la formation et donc à la réflexion des enseignant·es sur leurs pratiques. SUD éducation doit revendiquer une formation par les pairs qui tiennent compte des apports des sciences de l’éducation dans leur diversité.
- l’opposition à l’extrême droite sous toutes ses formes : les bons scores du FN/RN, la multiplication des provocations, intimidations et actes violents des groupuscules fascistes, nous invitent à amplifier le combat contre les injustices et pour l’égalité des droits. Ce combat est d’autant plus nécessaire que se développe parallèlement une législation de plus en plus liberticide. Pour ce faire, SUD éducation participe activement à la commission antifasciste de Solidaires et au développement de VISA locaux.
- les violences policières : qu’elles s’exercent dans les quartiers populaires ou contre les mobilisations sociales (comme celles contre les lois travail ou celle des Gilets jaunes), les violences policières sont l’un des principaux outils du maintien de l’ordre capitaliste.
Leur caractère raciste est manifeste dans de nombreux cas : c’est ce qui a provoqué les fortes mobilisations en juin 2019 après la mort de George Floyd et à l’appel du Comité Justice et vérité pour Adama Traoré. De nombreux jeunes ont pris part aux mobilisations dans les différentes villes (et on se souvient du sort réservé aux jeunes du Mantois en 2018) et nombre de nos élèves des classes populaires sont régulièrement confronté·es aux violences policières.
La mobilisation contre la loi dite de « sécurité globale » a également démontré que la défense des libertés publiques est un enjeu fort dans la période et qu’une organisation syndicale comme la nôtre doit y prendre toute sa place.
Ces problématiques répondent à un double objectif : servir les intérêts des travailleurs et des travailleuses et le développement de notre syndicalisme « en avance » sur ces thèmes par rapport aux autres organisations syndicales.
3.5. les élections professionnelles
Les élections professionnelles sont un outil complémentaire dans notre développement. La présence d’élu·es dans les instances nous permet :
- d’observer les pratiques de la hiérarchie, même si la fin du paritarisme opacifie davantage les décisions prises ;
- d’avoir accès aux documents de gestion et d’organisation de l’Éducation nationale ou des établissements d’enseignement supérieur et organismes de recherche, de les sortir de la confidentialité et d’être ainsi un appui pour les luttes ;
- d’avoir une légitimité et une efficacité face à la hiérarchie pour défendre les personnels.
Les résultats aux élections sont un indicateur de la sensibilité de nos collègues à nos revendications et à nos pratiques. Ces résultats reflètent également notre capacité à mener campagne efficacement et à faire voter pour SUD éducation. Ils nous assurent (ou pas) la représentativité nationale, qui nous confère un volume de décharges de droit, à la différence de la situation d’aujourd’hui, au niveau national pour l’Éducation nationale.
Du fait de nos défaites successives en 2014 et en 2018 pour le CTMEN, le scrutin de 2022 revêt un enjeu particulier. Pour retrouver notre représentativité nationale dans l’Éducation nationale et la conserver au niveau de l’ESR, pour assurer la pérennité de notre projet syndical, nous devons nous donner les moyens d’avoir le maximum de listes et de développer sur le terrain une campagne offensive, qui s’appuie sur les luttes.
Le congrès de la Fédération fait de cet objectif une priorité. *
* depuis le congrès de Caen, SUD
éducation a retrouvé sa représentativité à l’issue des élections professionnelles de décembre 2022
Conclusion : Toujours un syndicalisme de lutte et de transformation sociale.
SUD éducation est un outil syndical. Il participe à la défense et à l’émancipation des travailleur·euses au travers des formations et des informations. Son soutien et sa participation dans les luttes favorisent l’autogestion.
Nous nous inscrivons dans le combat social anticapitaliste, pour une société et une école émancipatrice. Nous voulons contribuer à inverser le rapport de force social contre la classe des possédants qui mène actuellement une offensive violente, ultra-réactionnaire et liberticide, contre toute idée émancipatrice .
Notre militantisme syndical contribue, en articulant défense individuelle et action collective, à lutter contre la hiérarchie et les projets réactionnaires. En faisant ce lien, nous œuvrons à la défense des droits et à armer les collègues contre les attaques individuelles et collectives. C’est ce profil que nous mettons en avant dans les élections pro.
SUD éducation augmente toujours son nombre d’adhérent·es après une lutte, à charge des syndicats locaux autonomes de transformer ce nombre croissant d’adhérent·es en votes pour les prochaines élections professionnelles de 2022 afin de tenter de regagner notre siège au CTMEN.
Conscient·es de notre force collective, nous militons dans notre secteur et aussi pour un mouvement interprofessionnel fort, une grève reconductible, pour imposer un plan d’urgence pour les services publics, en particulier dans la santé et l’éducation, contre les licenciements massifs.