Nous ne laisserons pas expulser nos élèves
Déclaration d’ouverture du Congrès de Clermont-Ferrand
A l’heure où le projet de loi réformant le Code de l’Entrée et du Séjour des Etrangers et Demandeurs d’Asile (CESEDA) du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, est discuté au Parlement, nous ouvrons le quatrième congrès de la Fédération Sud-Education en réaffirmant notre engagement dans la lutte aux côtés des sans papiers.
En effet, aujourd’hui dans notre pays, des enfants, des adolescents, de jeunes majeurs – nos élèves – sont traqués jusque dans les écoles. Ils sont arrachés de leur classe, séparés de leurs camarades, pour être enfermés avec leurs familles dans des centres de rétention que le rapport Mermaz qualifiait déjà en 2001 d’ « horreurs de la République », ce que vient de confirmer Gil Roblès, le commissaire européen aux droits de l’Homme. Puis ils sont expulsés vers des pays où leur avenir est menacé.
Des mineurs isolés sont chassés du territoire français dès leur majorité.
Des hommes et des femmes sont menottés, bâillonnés, ligotés sur un siège d’avion.
Tous ont fui la misère, la guerre, la violence… Ils se sont réfugiés chez nous pour manger à leur faim, vivre dans des conditions décentes et dans la sérénité.
Or, des lois de circonstance, des circulaires et des pratiques administratives organisent la traque des étrangers, leur rejet et leur expulsion du territoire français. Ils sont ainsi contraints à la clandestinité et à la misère qu’elle engendre. Malades, ils n’ont pas accès aux soins. Travailleurs illégaux, ils sont dans une totale dépendance vis-à-vis de leurs patrons et sont confrontés à la précarité, la surexploitation et le non-droit.
Cette politique est indigne des principes qui fondent une démocratie.
Devant l’ampleur des protestations dans les établissements scolaires, le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, a annoncé qu’il n’y aurait aucune expulsion de familles avec un enfant scolarisé, en cours d’année scolaire. Outre qu’une fois de plus l’annonce était mensongère, elle programmait des expulsions massives pour les mois de juin, juillet et août. Nous refusons que certains élèves ne soient pas dans leur classe à la rentrée de septembre. Nous ne laisserons pas le gouvernement et ses représentants locaux, les préfets, accomplir leur sale besogne, ni pendant l’année scolaire ni pendant l’été. C’est pourquoi, avec l’approche des vacances, il est urgent que nous renforcions les mobilisations existantes. Afin de préparer et d’ organiser la lutte, il est nécessaire de rejoindre les collectifs et les associations de défense des étrangers et particulièrement le Réseau Education Sans Frontières dont est membre la fédération Sud-Education et qui existe dans de nombreuses villes en France. RESF, c’est aujourd’hui plus de 120 associations (syndicats et personnels de l’Education Nationale, parents d’élèves, défenseurs des droits de l’Homme…) dont les militants se battent pour la régularisation des jeunes scolarisés et de leurs familles, empêchent les expulsions, hébergent ou cachent des gens en détresse et en danger …
Nous appelons à signer massivement la pétition de RESF : « Nous les prenons sous notre protection » dans laquelle les signataires déclarent : « Nous ne laisserons pas commettre ces infamies en notre nom. Chacun avec les moyens qui sont les nôtres, nous leur apporterons notre soutien, notre parrainage, notre protection. S’ils nous demandent asile, nous ne leur fermerons pas notre porte, nous les hébergerons et les nourrirons ; nous ne les dénoncerons pas à la police. »
- Nous nous engageons à lutter collectivement pour la régularisation de tous les sans papiers et nous exigeons :
- la régularisation de tous par une carte de dix ans
- la régularisation automatique et définitive des mineurs isolés dès leur majorité
- l’arrêt immédiat des expulsions
- la fermeture des centres de rétention
- l’abolition de la double peine
- un véritable droit d’asile.
Motion d’actualité Immigration /Sans-papiers
Le projet de loi réformant le Code de l’Entrée et du Séjour des Etrangers et Demandeurs d’Asile (CESEDA) du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy est actuellement discuté au Parlement. Cette nouvelle réforme, qui s’inscrit dans la continuité du pillage des pays pauvres, conduit à une négation totale des droits fondamentaux de la personne. Elle restreint encore plus radicalement le droit au séjour pour toutes celles et ceux qui construisent leur vie en France et qui ont fui la guerre, toutes sortes de violences, la misère… Elle entérine la quasi-disparition de la carte de résident, durcit encore les conditions du regroupement familial, crée une nouvelle catégorie de travailleurs étrangers dont la durée du séjour est limitée au bon vouloir de leur patron. Elle s’attaque au séjour des malades étrangers. Se marier entre français et étrangers devient quasiment impossible, il y a suspicion des pères étrangers d’enfants français, qui devront justifier de leur paternité. La suppression du droit à la délivrance d’un titre de séjour pour les étrangers présents depuis au moins dix ans en France les condamne à l’irrégularité perpétuelle et par conséquent à des conditions de vie misérables …
Pour espérer obtenir et conserver leur titre de séjour les étrangers doivent cumulativement être « bien intégrés », bien vus par le maire de leur commune, en bonne entente avec leur conjoint, appréciés par leur patron, disposant d’un bon salaire et d’un grand logement.
Quant aux autres, ils n’ont aucun droit et vivent dans la peur quotidienne d’être arrêtés puis enfermés dans un centre de rétention, avant d’être expulsés. Travailleurs illégaux, dans une totale dépendance vis à vis de leurs patrons, ils sont confrontés à la précarité, la surexploitation et le non-droit. La politique du gouvernement en matière d’immigration s’inscrit délibérément dans une perspective utilitariste. N’est acceptable que l’étranger perçu comme rentable pour l’économie française. Cette logique s’inscrit dans la logique libérale qui tend à imposer flexibilité et précarité à l’ensemble du salariat.
Pour mieux faire oublier les problèmes d’insécurité sociale générés par sa politique, le gouvernement vise à faire des étrangers les boucs émissaires des maux de la société française (chômage, précarité, délinquance… ). Il intensifie le recours à des pratiques sécuritaires et à la mise en place d’appareils répressifs qui restreignent chaque jour davantage les libertés individuelles et stigmatisent les populations ciblées, déjà largement précarisées, en les excluant socialement.
Une telle approche de l’immigration favorise la montée de la xénophobie, du racisme, de l’exclusion, et, par réaction, des communautarismes.
Réunis pour le quatrième congrès fédéral de Sud-Education à Clermont-Ferrand, nous condamnons les lois de circonstance, les circulaires et les pratiques administratives qui organisent la traque, le rejet et l’expulsion des étrangers du territoire français.
Nous exigeons :
La liberté de circulation et d’installation
Une véritable politique de l’asile
L’arrêt immédiat des expulsions
La fermeture des centres de rétention
La libération de toutes les personnes emprisonnées pour défaut de papiers et leur régularisation par une carte de résidant de 10 ans
La régularisation automatique et définitive des mineurs isolés dès leur majorité
L’abolition de la double peine
Le respect de l’état de droit et la fin des mesures répressives d’exception en France Outre-Mer
Motion d’actualité : rétablissement immédiat de l’aide occidentale aux Palestiniens !
Le Congrès fédéral de SUD Education a accueilli un représentant des Réfugiés palestiniens du camp de Deisheh.
Après 3 mois d’embargo sur l’aide occidentale au gouvernement, la situation actuelle de la Palestine est extrêmement préoccupante :
pas de salaires versés aux 165 000 employés de l’Autorité palestinienne depuis février ;
répercussions économiques immédiates de l’embargo sur les services publics rendus à la population : soins aux malades, aide sociale directe aux familles et aux prisonniers, éducation, distribution d’électricité, d’eau, ramassage des ordures… Les hôpitaux publics ne sont plus en mesure d’assurer les soins pour les pathologies lourdes et déplorent déjà des morts ;
au fil des mois, ralentissement de toute l’activité économique jusqu’à la paralysie : pénurie d’essence, difficultés de transport des marchandises et des personnes, approvisionnement alimentaire très réduit, production en chômage technique…
La décision de stopper l’aide financière au gouvernement palestinien ne frappe pas prioritairement le parti Hamas au pouvoir en Palestine depuis son élection démocratique en janvier dernier, comme le laissent entendre les gouvernements occidentaux.
Au contraire, elle constitue une attaque contre le peuple palestinien lui-même, qui ne peut survivre sans les quelques 500 millions d’euros de subventions annuelles de l’Europe, et leur équivalent d’aide américaine, canadienne, japonaise…
L’embargo européen va dans le même sens que l’arrêt du paiement par Israël des taxes qu’elle devrait reverser aux Palestiniens.
Ce sont des décisions criminelles : elles mettent en péril la vie de tout un peuple, le poussent au désespoir, à la révolte et ainsi favorisent la répression par l’armée israélienne.
Le congrès fédéral de SUD Education condamne la décision irresponsable des Etats occidentaux, de la Communauté européenne, et en particulier du gouvernement français, d’affamer le peuple palestinien et d’exercer sur lui un chantage politique.
SUD Education exige de celui-ci le rétablissement immédiat et sans condition de sa contribution à l’aide financière au peuple palestinien.
SUD Education s’engage à mener, avec d’autres organisations de défense des droits du peuple palestinien, une campagne publique de pression auprès des autorités françaises pour l’obtenir.
SUD Education réaffirme le droit à l’autodétermination du peuple palestinien dans un Etat aux frontières sûres et reconnues, dans le respect du droit au retour des réfugiés et avec Jérusalem comme capitale (capitale internationale).