Orientation syndicale
I. Contexte politique et économique
I.1 Depuis le premier congrès fédéral en 1998, les tendances à l’œuvre dans l’économie et la société se sont confirmées. Ce que l’on appelle selon les cas néo-libéralisme, mondialisation ou globalisation s’est trouvé renforcé. Au-delà des mots, il s’agit de l’évolution actuelle du capitalisme dans laquelle les institutions caractéristiques du capital financier (banques, fonds de pension, etc.) ont acquis une position hégémonique.
I.2 Cette “évolution ultra-libérale” a été préparée, expliquée, justifiée par une campagne idéologique sans précédent. Initiée dans les universités (américaines souvent), développée par des cercles intellectuels influents, relayée par des groupes de pression, popularisée par des grands médias, cette offensive idéologique s’est organisée autour de deux axes principaux. D’une part, la généralisation du discours économique prétendant dégager des lois abstraites et universelles (les prétendues lois “ naturelles ” du marché) qui s’imposeraient aux acteurs sociaux comme autant de contraintes indiscutables. D’autre part un véritable renversement du sens des mots qui fait appeler progrès un retour au capitalisme sauvage et baptise modernité la disparition des dernières conquêtes ouvrières. Dès lors, pourquoi le marché ne deviendrait-il pas la condition nécessaire et suffisante de la démocratie, voire même son substitut ? L’ultime avatar de cette vulgate ultra-libérale réclamant aujourd’hui le démantèlement des dernières institutions de protection sociale ou de service public : la santé et l’école au premier chef, afin de mercantiliser les seuls espaces collectifs échappant encore aux logiques marchandes.
I.3 Pour le patronat, il a d’abord fallu renverser le rapport de forces qui avait permis aux salariés des pays riches d’obtenir au cours des “Trente glorieuses” un certain nombre d’avancées sociales (système de sécurité sociale, relative redistribution des revenus, fiscalité progressive, indexation des revenus, contrats de travail à durée indéterminée…). De plus, il lui était nécessaire de modifier le partage des richesses afin d’augmenter la part versée au capital.
I.4 L’ouverture des frontières aux échanges de marchandises, l’internationalisation de la production, la libéralisation des flux de capitaux, en un mot la mondialisation néo-libérale sont devenus à la fois le moyen, le prétexte et la légitimation d’une nouvelle forme d’accumulation capitaliste. Pour cela les patronats ont obtenu le concours zélé des gouvernements de toutes obédiences. Au nom de la compétitivité, dérégulation et déréglementation sont devenus l’alpha et l’oméga des politiques menées un peu partout dans le monde. Les institutions européennes ont assuré le relais, les organisations économiques internationales (OMC, OCDE, FMI, Banque Mondiale…) en ont été les maîtres d’oeuvre.
I.5 Les logiques financières l’emportent sur les logiques industrielles et la priorité est donnée à la recherche de valeur pour les actionnaires. L’introduction de nouveaux critères de gestion privilégiant des gains toujours plus élevés de productivité s’est traduite par une politique agressive contre l’emploi (restructurations et délocalisations) et les salariés (par la transformation des rapports de travail, la multiplication des statuts précaires, la flexibilisation). Les conséquences sont connues : chômage de masse pour les uns, développement des inégalités pour les autres, lorsque ce ne sont pas les deux à la fois. Quant aux marchés financiers, non seulement ils dominent le fonctionnement de l’économie (orientation des investissements, partage inégal de la valeur ajoutée), mais ils sont eux-mêmes devenus l’objet d’une forme nouvelle de fétichisme, créant les conditions de la formation d’une bulle financière, grosse d’une crise avec son lot de faillites, de licenciements, d’appauvrissement généralisé.
II. CONSEQUENCES
II.1 Les conséquences en sont connues :
- explosion de la précarité, aggravation et dégradation des conditions de vie et de travail des auxiliaires, contractuels et vacataires, création des emploi-jeunes, nouvelles normes de contrats de travail souhaitées par le MEDEF ; Dans les domaines de l’emploi, du logement et des loisirs, les ségrégations et la précarisation croissante de populations de plus en plus nombreuses ne peuvent s’analyser comme une simple conséquence des politiques néo-libérale : elle joue un rôle d’amplification des restructurations par la pression exercée sur les populations bénéficiant encore de certaines garanties issues d’un siècle de mouvement social et de l’intérêt bien compris du capitalisme.
- remise en cause des acquis sociaux (attaques contre les retraites par répartition au profit de l’épargne salariale, annualisation et flexibilité mises en place par les lois Aubry, assurance chômage remise en cause par la signature du PARE, gel des salaires)
II.2 Le libéralisme a fini par faire passer l’idée que le Service Public serait un frein au développement économique, celui-ci étant présenté comme une fin en soi et non comme un moyen d’améliorer les conditions de vie et de travail. Le dogme de la réduction des déficits budgétaire et donc du gel de l’emploi public justifie la suppression des moyens prévus pour la collectivité.
II.3 Ce qui se joue aujourd’hui, c’est, entre autres, l’avenir du service public d’éducation. L’enjeu dépasse la simple exigence d’une augmentation des moyens. Cela ne signifie pas qu’il faille renoncer aux revendications quantitatives. “L’autre école” que nous voulons devra disposer d’un budget à la hauteur de ses ambitions. Une hausse des crédits est nécessaire, elle n’est pas suffisante.
II.4 De la même façon, la solution des problèmes socio-économiques actuels (chômage, extension des inégalités…) ne peut venir d’un retour à la politique keynésienne. Ce serait tomber dans l’illusion d’un État régulateur, porteur de valeurs universelles et véhicule par nature de progrès démocratiques. Cependant, même si l’État reste un instrument au service des forces sociales qui dominent la société, nous savons qu’il est aussi le lieu d’un rapport de forces, qu’on peut arracher des concessions aux classes dirigeantes, qu’un certain nombre d’avancées ont été obtenues après 1945 et qu’il est possible de les reconquérir ou d’en gagner de nouvelles.
II. 5 La revendication salariale a quasiment disparu de l’arsenal syndical depuis deux décennies, parce qu’il devenait honteux pour un salarié en activité de revendiquer une augmentation alors que le nombre de chômeurs croissait. Outre une culpabilité de mauvais aloi, c’était le refus de faire peser sur le seul patronat la responsabilité du chômage. D’une certaine manière c’était refuser de dire au patronat qu’il était le seul responsable du non-partage du travail et qu’il devait en payer les conséquences, c’est à dire distribuer la même quantité de salaire global (direct et socialisé). Au lieu de cela le mouvement syndical a cultivé la culpabilité (à des degrés divers) et a prôné le partage du travail et du salaire. Les travailleurs se sont trouvés désarmés quand les libéraux leur ont proposé les 35 heures sauce Aubry. Il fallait que chacun y mette du sien, il fallait la contrepartie de la flexibilité et de l’annualisation, sans qu’on ne voie venir, évidemment, d’embauches supplémentaires ou alors exonérées. La plupart des créations d’emplois ces dernières années ont été des créations d’emplois précaires et subventionnés par les autres salariés au travers de l’impôt.
III. L’ALTERNATIVE SYNDICALE
III.1 Dans ce contexte, les syndicats inféodés à la gauche au pouvoir ont anesthésié la combativité de la classe ouvrière et plus largement des salariés pour laisser les mains libres à un gouvernement qui a fait passer des mesures qui auraient été jugées inacceptables de la part d’un gouvernement de droite. D’où ce sentiment de trahison mêlé aux régressions sociales enregistrées depuis une vingtaine d’années. L’échec de la “gauche d’Etat” convertie à des degrés divers au néo-libéralisme ou complice d’une politique franchement libérale, la fragilisation de la société civile et la faiblesse du mouvement social, l’absence d’alternative politique et la défiance vis à vis des politiciens ont, en partie, déterminé l’ascension de l’extrême-droite et de la “réaction triomphante” ? Fascisme et poujadisme se nourrissent avant tout du désespoir de l’individu isolé, de la frustration et de la dépolitisation.
III.2 Face à cette situation, trois attitudes syndicales sont possibles
Un syndicalisme d’accompagnement qui au nom de fa modernité et du renoncement à combattre la capitalisme, devient à la fois un corps séparé des salariés et des chômeurs, un allié objectif quand ce n’est pas un collaborateur zélé du patronat (CFDT/CES ; UNSA ; CGC ; CFTC…)
Un syndicalisme défensif visant à préférer le statu que autour d’un consensus plus ou moins conservateur (c’est le cas de F0 ou de ta majorité de fa FSU et de la CGT)
Un syndicalisme de lutte et de transformation sociale qui, au combat pour une autre société, associe la défense du service public d’éducation et la défense des salariés, c’est le choix de SUD Éducation.
Pour autant, SUD Éducation s’inscrit dans une logique de travail intersyndical dans la perspective d’un développement des luttes.
Parce que la tendance actuelle à la désyndicalisation, laisse désarmés les salariés confrontés aux conséquences de la mondialisation, parce qu’il y a besoin d’une structure totalement indépendante et qui rie soit la courroie de transmission de quelque organisation politique que ce soit, parce qu’il faut une alternative au syndicalisme de service, il est indispensable de prendre toutes les mesures nécessaires au renforcement et au développement de SUD Éducation.
III.3 SUD Éducation a fait avec d’autres le choix du syndicalisme de lutte qui, au combat pour une autre société, associe la défense du service public d’éducation et la défense des personnels, la défense des acquis (sans pour autant considérer que la situation actuelle est la meilleure possible) et la lutte pour de nouvelles avancées.
III.4 Dans le contexte actuel, l’abandon du terrain revendicatif et la cogestion ont entraîné la désyndicalisation. A contrario l’émergence d’une alternative syndicale, notamment au travers des SUD, prouve que l’unité et la clarté dans les luttes permettent de reprendre l’offensive contre la politique patronale qu’elle soit incarnée par le MEDAF, l’OMC le FMI.
III.5 Parce que la tendance actuelle à la désyndicalisation laisse désarmés les salariés confrontés aux conséquences de la mondialisation, parce qu’il y a besoin d’une structure totalement indépendante et qui ne soit la courroie de transmission de quelque organisation politique que ce soit, parce qu’il faut une alternative à un syndicalisme réduit au syndicalisme de services, il est indispensable de prendre toutes les mesures nécessaires au renforcement et au développement de SUD Éducation. La re-syndicalisation des salariés ne se fera pas sur un discours aussi radical, global, anti-libéral soit-il. Elle passera par la capacité à mener des luttes victorieuses, même partielles et insuffisantes. Penser globalement, agir concrètement doit être un de nos refrains pour les années à venir.
III.6 La possibilité d’adhérer au syndicat de son choix est un droit démocratique élémentaire. Si, formellement, ce droit n’est aujourd’hui pas contesté, il est de fait battu en brèche par la loi Perben de 1996 qui restreint la liberté de candidature aux élections professionnelles – et donc le libre choix des salariés – et qui, combinée avec certains aspects restrictifs du décret de 1982 sur le droit syndical dans la fonction publique, a pour but de marginaliser en particulier les syndicats SUD.
III.7 SUD Éducation prendra toutes les initiatives pour que les libertés syndicales puissent être effectivement exercées, à tous les niveaux : établissements, départements et académies, national. En premier lieu, SUD Éducation relancera la bataille pour l’abrogation de la loi Perben, en informant et mobilisant les personnels et en prenant l’initiative de constitution d’un front unitaire sur cet objectif essentiel.
III.8 Le syndicat SUD Éducation se conçoit comme outil pour les luttes, préparant, organisant, coordonnant et amplifiant celles-ci pour déboucher sur la rupture avec le système et l’école capitalistes.
III.9 SUD Éducation associera autant que possible les parents d’élèves, leurs collectifs et associations aux luttes et débats en cours.
III.10 Au niveau national, SUD Éducation se préoccupera de toutes les initiatives relevant du secteur des prestations et de l’action sociale, notamment celles prises au nom des salariés (MGEN, CAF…)
A) Dans notre champ professionnel
Depuis quelques années une radicalisation des luttes touche une part croissante des personnels de l’Éducation ; des formes de luttes nouvelles dans notre secteur ont été choisies : occupations longues d’IA contre les suppressions de postes ‑depuis 1997 (Besançon) jusqu’à 2000 (Nîmes)- ; grève reconduite durant plusieurs semaines, voire plusieurs mois (Seine-Saint Denis, 1998 dans le second degré, Hérault et Gard en 2000 dans le 1er degré surtout, mars 2000 sur l’ensemble du territoire dans les LP et le second degré surtout). Les personnels ont également choisi de plus en plus souvent de gérer eux-mêmes leur mouvement en Assemblées Générales souveraines ou comités de grève et d’imposer l’unité d’action aux directions syndicales. En Seine Saint Denis puis dans le Gard et l’Hérault les parents d’élèves ont participé très activement à la lutte pour le service public. Les syndicats SUD Éducation ont joué, dans plusieurs départements, un rôle important, parfois déterminant dans le développement de ces luttes.
Nationalement, ces luttes ont été freinées par le contexte syndical : refus et opposition des directions de la FEN, du SGEN-CFDT, du SNETAA-FSU. Louvoiements démobilisateurs des directions nationales et locales SNES- FSU, SNUipp-FSU (…), posant fortement la question de l’indépendance syndicale vis à vis de la gauche plurielle au pouvoir.
Le départ d’Allègre a suffi à faire revenir à la cogestion syndicale ces organisations après les 16 et 24 mars, permettant au ministère Lang de se targuer d’un retour à la paix sociale tout en ne satisfaisant aucune des revendications des personnels en lutte.…
Depuis la rentrée 2000, la remobilisation indispensable des personnels, le retour à l’unité d’action contre les politiques néo-libérales dans l’Éducation est la priorité de la Fédération.
Le syndicalisme ne se borne pas à être une critique (aussi radicale soit-elle) de l’état de choses existant. Il lui faut aussi être utopie c’est-à-dire porteur de projets pour l’avenir. C’est le sens de notre mot d’ordre “ pour une autre école, pour une autre société ”.
« Pour une autre école », c’est d’abord le refus du projet néo-libéral en matière d’éducation, projet qu’illustre parfaitement le concept de kit de survie. Non seulement nous n’admettons pas que l’enseignement puisse être considéré comme une simple marchandise, mais nous ne voulons pas non plus de cette école duale qui assure la reproduction des classes dominantes en fournissant le maximum pédagogique à quelques-uns uns et un minimum social à la majorité des autres. L’école doit se donner comme objectif d’assurer l’accès de tous au savoir. Tournant le dos aux conceptions étroitement gestionnaires des Meirieu, Bancel, Monteil, Pair… et consorts, nous pensons que l’école est aussi une institution se devant de fonctionner selon des principes différents : anti-hiérarchique et anti-autoritaire, c’est-à-dire aux antipodes de ce qui se passe actuellement. Considérant que dans sa phase actuelle, l’école ne parvient plus à faire face à ses obligations, et bien loin de défendre le statu-quo, SUD Éducation aura pour tâche de poursuivre un travail de réflexion et de proposition pour une transformation radicale de l’institution scolaire.
A.1. Au contraire de ce que prétendent les zélateurs de l’École Républicaine, l’institution scolaire n’est pas une entité indépendante, détachée de la société. Elle est aujourd’hui soumise aux contraintes nées du développement du modèle néo-libéral. C’est d’abord une tentative de réduction des dépenses collectives d’éducation et de démantèlement du service public menée au non de la diminution des prélèvements obligatoires, de ce que certain appelait finement le “dégraissage du mammouth”. C’est ensuite un début de rationalisation des choix budgétaires, en clair une introduction des méthodes de gestion empruntées aux entreprises privées afin d’“augmenter la productivité” ou d’améliorer le “retour sur investissements” cher au rapport Bancel. C’est enfin la transformation du savoir et de la culture en demande solvable, en nouveau marché et nouvelle opportunité de profit pour tous ceux qui rêvent de faire de l’éducation une marchandise comme les autres. C’est pourquoi SUD Éducation s’engage à participer à toutes les luttes qui viseront à améliorer la situation de l’Éducation Nationale, les conditions d’étude des élèves, de travail et d’existence des personnels.
A.2. La première des priorités reste, comme lors de notre premier congrès, la lutte contre la précarité. Non seulement parce qu’il s’agit d’un élémentaire devoir de solidarité, mais aussi parce que selon les idéologues néo-libéraux, la précarité devrait devenir la norme salariale emblématique de leur “modernité”. S’y opposer, c’est donc s’en prendre à l’un des fondements de la logique néo-libérale. Ceci implique la participation de SUD Éducation aux luttes des non-titulaires comme des collectifs existants ou qui pourront exister, mais aussi en sa qualité de syndicat à l’organisation et à la mobilisation des précaires notamment pour imposer leur titularisation sans condition.
A.3. L’unité dans l’action et l’élaboration des revendications est notre démarche prioritaire. Les démarches unitaires : intersyndicales ou /et coordinations doivent être envisagées dans ce sens. Notre souci permanent d’unité ne doit pas limiter nos capacités à informer, analyser et proposer. Lorsque nous parlons d’unité, il ne s’agit pas simplement d’unité syndicale, mais de l’unité des personnels de l’éducation en particulier et des salariés en général. La pratique d’AG regroupant les délégués mandatés par les personnels en lutte, et associant les syndicats qui le souhaitent est la forme de lutte souvent choisie par les personnels ces dernières années. Nous prônons cette démocratie dans les luttes et nous ferons tout ce qui est possible pour la mettre en place et la garantir. Toutefois, notre syndicat ne s’identifie pas ipso-facto à ces derniers dans la mesure où nous ne partageons pas toujours et nécessairement leurs positions ( une Assemblée Générale peut être réactionnaire par exemple).
A.4. En février-mars dernier, la vigueur des revendications budgétaires initiées localement combiné au puissant sentiment anti-Allègre et au rejet de la charte des LP ont démontré que les problèmes de l’École ne pouvaient être résolus sans que soit remise en cause l’organisation même de la société. C’est le sens même du slogan “l’Ecole n’est pas une entreprise, l’Éducation n’est pas une marchandise”, dont l’écho a été croissant. (Accord Général sur le Commerce et les Services)
A.5. Le capitalisme veut un service à son image et à son service. Les multinationales possèdent une part des médias, maisons d’édition ou de distribution, laboratoires de recherches, … et maintenant le marché, l’OMC, I’OCDE, la Banque Mondiale, la Table Ronde des industriels européens (en anglais E.R.T.) veulent s’emparer de l’école. Pour eux, l’école publique ne doit plus être le lieu privilégié de l’accès au savoir qui doit être sacrifié au profit de compétences ou de savoir-faire. L’École deviendrait donc une machine à couler les jeunes dans les moules du marché, ce qui implique une plus grande flexibilité de l’élève : flexibilité, adaptabilité en fonction de chaque “bassin de l’emploi” (ici des bacs Michelin, là des bacs Renault, …). Le tir se concentre dans un premier temps sur les lycées techniques et les lycées professionnels, d’où le développement accéléré du “partenariat école-entreprise ».
SUD Éducation doit dénoncer :
- la généralisation des stages en entreprise
- la tutelle pédagogique du privé
- le droit de regard de l’entreprise sur les programmes
- l’évaluation des “stages” en entreprise comptant pour la délivrance du diplôme
- l’intrusion du patronat dans l’école
- la mise à disposition du matériel de l’Éducation Nationale au service du patronat des régions
Ce mouvement de démantèlement de l’École s’appuie aussi sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication (N. T. I. C.). Au-delà de l’alibi pédagogique, les appétits sont aiguisés par l’enjeu commercial colossal que représente ce marché de 1 milliard d’apprenants dans le monde. Flexibilité de l’élève, mais aussi flexibilité de l’école, dans la logique de cette offensive qui va donc :
- dénoncer le système éducatif “ trop centralisé ”
- encourager une autonomie des écoles concurrentes entre elles ainsi qu’une régionalisation des diplômes.
- cet éclatement permettrait aussi de casser la résistance syndicale :
- apprentissage de compétences spécifiques
- lycées lights et fonctionnels
- diminution des statuts des fonctionnaires
- développement de la précarité
C’est une offensive sans précédent contre le service public de l’enseignement, pour aller vers une privatisation, vers les “cyber-universités” (1,5 millions d’élèves ne vont plus à l’école aux U.S.A.), vers le “home-Schooling” avec Internet, etc.
B) dans l’interprofessionnel
B.1. La régression sociale que veut imposer le capital financier touche l’ensemble des secteurs professionnels, notre action ne doit pas se limiter au seul champ de l’éducation. C’est une obligation de rechercher l’unité avec tous ceux qui partagent nos analyses, notre conception de l’action et nos objectifs.
B.2. On l’a vu, ces dernières années : beaucoup de conflits sont apparus, liés à l’application des 35 h dans le privé, aux licenciements abusifs. Jamais, depuis décembre 95, la Fonction Publique n’avait connu de pareilles mobilisations. Mais, si les conflits restent encore limités à des catégories professionnelles ou restent localisés, c’est que l’action syndicale n’est pas à la hauteur des enjeux de société actuels. La question de l’élargissement des luttes se heurte au refus des états-majors des organisations majoritaires qui, comme la CGT ou la FSU, en appellent à l’unité et à la mobilisation mais ne font rien sur terrain, ou pas grand-chose, pour facilité l’interprofessionnalisation des conflits, premier pas vers une grève générale, seule possibilité pour faire vraiment changer le cours de la politique en place.
Cette stratégie exerce évidemment une pression forte sur les luttes et les mouvements sociaux. Elle les instrumentalise ou tend à les instrumentaliser.
B.3. Une autre stratégie, un autre syndicalisme qui vise à reconstruire l’unité du salariat autour d’objectifs clairs est nécessaire. L’interpro est donc au centre de notre réflexion et de notre action. A cette fin nous avons besoin d’une structure interpro qui corresponde à notre orientation. La question de l’Union Syndicale Solidaire – G10 est donc posée. Avancer ensemble, dans tous les secteurs, contre la logique néo-libérale, dégager ensemble des axes de regroupement pour lutter contre l’émiettement du salariat, la précarité et le chômage doit nous inciter à construire un outil interprofessionnel efficient qui nécessite une démarche volontariste. SUD Éducation contribuera activement au développement des G10. Dans la mesure de ses moyens il apportera son appui aux SUD qui chercheront à se construire dans les autres champs professionnels. En effet il serait illusoire de croire que l’accumulation de luttes revendicatives défensives peut construire une orientation à portée alternative. De même, il serait illusoire de croire que la prise de conscience progressive de l’impasse du syndicalisme “ traditionnel ” peut déboucher automatiquement sur la construction de l’outil syndical interprofessionnel et européen dont les salariés ont besoin. Ceci implique un renforcement de l’Union Syndicale Solidaire G10 et le maintien d’une démarche unitaire avec les autres syndicats dans la diversité de leurs sensibilités. Il faut non pas viser a la construction d’une structure interprofessionnelle faite des bribes des autres syndicats (ce que l’on nomme communément la recomposition syndicale) qui mènerait à un illusoire monopole syndical mais tendre à la construction d’une alternative syndicale contribuant au changement de société. Dans ce cadre, SUD Éducation doit contribuer à la définition de ce qu’on appelle le mouvement social et à la clarification de nos liens avec ses différentes composantes.
Il serait également illusoire de croire, et cette idée traverse parfois notre Union Syndicale, que la recomposition syndicale puisse se faire d’en haut à travers la négociation d’appareils nationaux. C’est sur les pratiques syndicales que nous trouverons des convergences avec des camarades d’autres organisations et notamment sur l’indépendance syndicale et le rapport du syndicat aux salaries.
B.4. SUD Éducation peut susciter l’élaboration de plate-formes revendicatrices fédératrices (par exemple : travail égal/statut égal/salaire égal, actifs/retraités même combat, titularisation sans conditions de concours ni de nationalité de tous les précaires). C’est dans ce cadre qu’une recomposition autour des valeurs et des pratiques de l’union syndicale solidaire serait pertinente.
L’union Syndicale Solidaire doit continuer à aller de l’avant pour :
- mener des initiatives et des campagnes inter-professionnelles nécessaires à, la préparation des luttes.
- prendre des initiatives quand les circonstances le permettent (et le dictent) afin de favoriser l’interprofessionalisation des luttes.
- organiser des stages de formation de base (par exemple juridique) et des stages de réflexion
- donner au plus grand nombre de salariés des informations précises sur les projets patronaux et gouvernementaux(nationaux et internationaux)
Cette nécessaire progression de L’Union Syndicale Solidaire G10 , renvoie SUD Éducation à ses responsabilités en terme de moyens (matériels et humains : temps de décharge), de capacité de propositions et de participation active au niveau local et national à la construction et aux initiatives de l’Union Syndicale Solidaire G10.
c) SUD EDUCATION ET LE MOUVEMENT SOCIAL
C.1. Décembre 95, la lutte des sans-papiers, le mouvement des chômeurs de 1997, Seattle, Davos et Millau, Prague, les luttes dans la fonction publique, mouvements à forte connotation anti-libérale, recèlent des aspects intéressants et encourageants si on se place dans une perspective de transformation sociale : réduction du temps de travail, redistribution des richesses, défense des services publics et des droits sociaux élémentaires que sont le logement, la santé et l’éducation, lutte contre le chômage et la précarité, rejet du racisme et de la violence policière et d’ état, rejet des politiques agricoles actuelles, de la “malbouffe” et de la “marchandisation” de tous les secteurs… Ces mouvements ont également montré à la classe politique que nombre de travailleurs, des jeunes, des femmes, des gens d’horizons divers et des collectifs pourraient vaincre la léthargie et redevenir acteurs de la vie sociale à travers les manifestations, les grèves reconductibles, les occupations diverses, les caisses et les concerts de solidarité, les assemblées générales décisionnelles et les actions directes et concrètes.
C.2. Dans bien des cas, les bureaucraties syndicales ont dû suivre des mouvements qui ont développé des aspects particulièrement novateurs et populaires par exemple électriciens basculant les compteurs en heures creuses, postiers grévistes distribuant le courrier des assedics et bloquant la pub, conducteurs de bus transportant gratuitement des “SDF”, squatters et jeunes en rupture occupant des agences d’Air France ou de la DDASS en soutien aux sans-papiers, chômeurs organisant des opérations “péages gratuits”, paysans démontant un Mac Do ou sabotant des champs de maïs transgénique…
Ces mouvements ont replacé au devant de la scène les situations que vivent celles et ceux que cette société écrase : les “ exclus ” et tous les précaires ‑français ou non, les jeunes “sans avenir” à qui on refuse les moyens de vivre décemment, les travailleurs du privé de plus en plus asservis à la rentabilité, les fonctionnaires aux statuts de plus en plus remis en cause qu’on présente comme des nantis, les petits paysans victimes du productivisme…
C.3. Pour autant, même si nombreux sont ceux qui se réinvestissent dans les luttes, même si dans les assemblées générales ou lors des manifs, il se balbutie qu’une société fondée sur la loi du marché et sur la guerre du chacun contre tous est haïssable, la contestation qui regonfle sur le terrain n’a pas de cohérence stratégique, pas de perspective déclarée.
C.4. Nous pensons que le mouvement social doit se donner des perspectives, non pas par des négociations interminables avec les états-majors de la gauche institutionnelle, mais en étant les acteurs déterminés d’un front social de l’égalité et de la solidarité qui mette en relation les syndicats de lutte, les mouvements contre la misère, le chômage et la précarité, les intellectuels et les artistes solidaires des combats de notre époque, les associations engagées sur le terrain, les jeunes en rupture, à condition que l’esprit de chapelle, et le sectarisme cèdent la place à l’action collective concrète et aux débats d’idées ouvertes. De nouvelles organisations ainsi que de nouveaux mouvements sociaux sont apparus ou se sont développés ces dernières années : Agir ensemble contre le chômage, les syndicats SUD, le Groupe de 10, la Confédération Paysanne, les Etats Généraux du mouvement social, ATTAC et la CCOMC, la Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception, Droit Au Logement, Droits Devants !, Act Up !, le mouvement des sans-papiers, Ras l’Front, le réseau No Pasaran !, les réseaux de soutien à la lutte zapateado, un courant écologiste critique et radical, bref, une sorte de “ gauche sociale ” encore floue et éparpillée. Ces mouvements, bien que se situant à des niveaux de critique différents du capitalisme, se sont retrouvés, pour la plupart, dans l’organisation des marches européennes contre le chômage, la précarité et les exclusions, dans l’organisation de Millau, ainsi que dans l’accueil de la caravane intercontinentale des paysans indiens du KRRS. La confrontation de ces différents niveaux de critique permet de nourrir les débats qui doivent être menés à l’intérieur de ce front social de l’égalité et de la solidarité afin de donner à ce dernier des perspective de luttes unifiées et un peu d ‘épaisseur en terme de contre-pouvoir.
C.5. Ces rassemblements n’ont cependant de sens que si, reliés les uns aux autres, ils concourent à forger une conscience politique globale face aux problèmes globaux auxquels nous sommes tous confrontés : hommes et femmes, salariés ou non, résidents dans les pays industrialisés ou dans le tiers-monde. Dans une période où la communication prend des allures de nouvelles religions, il est nécessaire pour le mouvement social d’accéder à une nouvelle visibilité en mettant en place un agenda des mobilisations et des luttes propices à contester la “pensée unique”, à ancrer dans la conscience populaire des références idéologiques ou politiques qui rompent avec le renoncement ou avec le fatalisme.
C.6. Bien sûr, les forces politiques ou syndicales qui ont des relais institutionnels rassurent généralement les gens en lutte. Mais, comme la social-démocratie au pouvoir dans presque toute l’Europe contribue, au nom de la stabilité monétaire et de la rigueur budgétaire à liquider les acquis sociaux, il existe de ce fait un espace pour un mouvement social capable de remettre en cause les vieux équilibres au sein du mouvement ouvrier qui font de FO, de la CFDT et de la CGT des forces encore hégémoniques sur le plan, syndical.
D) POUR UNE ORIENTATION INTERNATIONALE COHERENTE
D.1. L’orientation néo-libérale donnée par les gouvernements (le dernier exemple étant le sommet “social”de Lisbonne) prouve qu’il est indispensable de créer une force syndicale alternative à l’échelle du continent. Il n’y a rien à attendre du côté de la Confédération Européenne Syndicale. Par contre SUD Éducation doit poursuivre l’expérience engagée avec d’autres syndicats européens depuis la Conférence de Malaga en y consacrant les moyens que lui permet l’état actuel de ses forces. De la même façon, SUD Éducation cherchera autant que possible à s’associer aux initiatives internationales prises dans le cadre des mobilisations contre la dictature des marchés.
D.2. La construction d’un front commun des organisations syndicales qui s’opposent radicalement au néo-libéralisme et à ses effets est vitale. En 98 et 99, les bases d’une coordination à l’échelle européenne ont été avancées notamment avec la CGT espagnole, l’Unicobas Scuola-Arca. Une déclaration commune a été rédigée à Grenade et ensuite complétée à Rome et Paris. Divers contacts ont en suite été pris avec d’autres organisations syndicales suisse, allemande, italienne, …
Cette volonté d’apporter sur le terrain de la construction et de l’action une réponse aux plans européens et d’offrir une alternative globale aux syndicats intégrés de la CES devrait nous permettre de construire une véritable orientation syndicale indépendante et cohérente. Elle ne préjuge pas des relations amicales que nous devons entretenir avec d’autres forces d’opposition appartenant à des syndicats institutionnels .
Il faut maintenant réellement la mettre en oeuvre et pour cela faire que ce soit une préoccupation de l’ensemble de notre fédération syndicale sinon le morcellement gagnera aussi notre réflexion et notre action.
Lors des réunions internationales nous devons être en mesure de faire des propositions concrètes pour enfin avancer vers la constitution d’un front de lutte solide, démocratique et pluraliste à l’ échelle européenne pour l’École et au-delà.
D.3. Cette condition établie, SUD Éducation doit prendre toute sa place dans les mouvements européens et mondiaux contre l’exclusion, le chômage ou la mondialisation.
Toutes les initiatives auxquelles SUD Éducation a participé ou participe ( Marches européennes…, Millau, mouvements des Sans-papiers, CCOMC, Mumia, Marche des femmes, Convoi syndical pour les Balkans…) méritent une réflexion particulière que le CF doit initier. Nous avons, de par notre place prise dans le combat social, une position à élaborer et nous ne devons plus considérer ces actions ou ces prises de positions comme de simples passages “ obligés ” mais comme des moments de lutte pratique et théorique pour mettre en oeuvre notre orientation. De plus ne pas mener cette démarche aboutirait à terme à considérer que la simple addition de mouvements constitue un seul et même mouvement ce qui ouvrirait toute grande la voie vers l’assimilation.
Nous devons donc oser construire et élaborer en toute indépendance en nous appuyant sur notre slogan fondateur : Une autre société, une autre école.
D.4. Quelques pistes pour reconstruire :
Il faut se déterminer par rapport à notre participation aux réseaux des marches européennes et au réseau anti-mondialisation (ATTAC, CCOMC etc.).
Il faut intensifier nos relations avec le réseau syndical regroupé autour du texte de Grenade et construire une coordination européenne.
Il faut que les syndicats frontaliers prennent contact avec les syndicats des pays voisins (Besançon/Suisse ; Lille/Belgique etc…)
IV. DES OUTILS POUR LA CONSTRUCTION DE SUD EDUCATION
IV.1 Un fonctionnement en phase avec nos priorités et nos valeurs
La question des objectifs et des modes de construction découle directement des analyses de la situation, des priorités d’action et de notre volonté de créer un syndicalisme différent. Après celle (même si elle n’est pas achevée) de la création, de la structuration et de la reconnaissance, SUD Éducation doit engager une nouvelle étape de son existence : le développement.
Après quatre années de fonctionnement, il importe de se doter des moyens de couvrir tout le champ de l’Éducation Nationale : être présent sur tout le territoire et s’assurer de lutter avec toutes les catégories de personnel : précaires, ATOSS, et enseignants. Au-delà des pétitions de principe il s’agit de développer une politique de construction et de prendre en compte les nombreuses attentes des adhérents qui n’ont pas toujours de passé militant.
IV.2 Construire la Fédération
Constat et objectifs
Les élections professionnelles et les mobilisations de 1999 et 2000, ont montré que Sud-éducation avait sa place dans le champ syndical. Là où nous étions présents et constitués, les résultats électoraux sont encourageants. Lors des mobilisations, notre implication, a pu donner le ton.
Toutefois, notre implantation est encore trop restreinte. Dans plusieurs académies et départements, nous n’avons pas de syndicats ou d’adhérents, et dans d’autres Sud-éducation conserve une implantation marginale. Certains adhérents, trop isolés, ne bénéficient pas du soutien logistique minimum. Nous ne pouvons pas attendre que de nouveaux adhérents nous rejoignent sans leur donner les moyens pratiques d’action. Il est temps de se doter des moyens d’une construction nationale, qui mette l’accent sur l’assistance aux syndicats et adhérents, et développe des moyens de syndicalisation dans toutes les catégories..
Propositions : s’assurer des moyens de construction
Le niveau fédéral doit mettre rapidement à disposition de tous les adhérents des outils techniques de syndicalisation (plaquettes, affiches, etc…) donnant les moyens d’agir au plus près du terrain ;
Pour cela des groupes de liaison professionnels (1er, 2nd degrés, enseignement professionnel, ATOSS, précaires, etc…) et des commissions thématiques (enseigner dans les quartiers défavorisés, IUFM…) doivent être renforcés ou mis en place, mandatés par le CF, animés par un (ou plusieurs) syndicats et un membre de la CE, se déroulant dans le cadre de stages fédéraux. Après validation par ce dernier, ce matériel doit être disponible pour l’intervention concrète des syndicats locaux.
L’aide à la construction locale de syndicats (tant du point de vue numérique que de l’inter catégoriel) doit être une priorité du fonctionnement de chaque structure et de la fédération ;
Notre presse syndicale doit se diversifier et se clarifier : un journal d’information, de débat, et de propagande pour les adhérents et sympathisants, une revue théorique pour approfondir nos orientations, un bulletin interne de débats, des brochures spécialisées.
IV.3 Construire un syndicat intercatégoriel
Constat et objectifs
Sud-éducation entend être un syndicat intercatégoriel, mais là encore, notre implantation et notre présence dans les mouvements est très variable. Être présent pour l’ensemble des professions de l’Éducation Nationale suppose que l’on se dote des moyens de répondre aux attentes des différents personnels : précaires, emplois jeunes, administratifs, ouvriers et enseignants. Nous serons d’autant plus présents à leurs côtés que nous saurons formuler concrètement des revendications correspondant à leurs situations. L’organisation de réunions spécifiques catégorielles peut favoriser l’élaboration de documents et de revendications et permettre des contacts nécessaires à notre développement. C’est localement que SUD Éducation peut donner un véritable sens au mot solidarité en agissant et en mobilisant l’énergie de ses adhérents pour défendre les personnels les plus en difficulté.
Propositions : priorités et moyens d’action
Les précaires, les ATOSS et les nouveaux enseignants doivent faire l’objet d’une action spécifique ;
Des éléments concrets d’information sur les statuts des différents personnels, outils indispensables à l’implication dans les luttes devront être édités ;
Un échange permanent d’informations sur les actions menées dans les différents syndicats pour les différents personnels, notamment par le biais de la presse fédérale et d’un site Internet fédéral, permettra de développer nationalement des actions locales.
IV.4 Assurer le fonctionnement démocratique et le renouvellement
Constats et propositions.
Le syndicalisme de lutte et l’attachement à la démocratie interne, loin d’être des freins à la construction d’un mouvement syndical fort, en constituent les composantes essentielles. Nous sommes confrontés à l’intégration de nouveaux adhérents, qui n’ont pas tous un passé militant, et au renouvellement des responsables conformément à notre souhait d’une rotation des mandats. Cela doit se traduire par une pratique du débat démocratique et une politique de formation des militants.
Propositions : formation et fonctionnement interne
Développer une politique de formation des nouveaux adhérents, qui leur apporte des éléments pour se situer dans l’histoire du syndicalisme et de Sud-éducation ainsi que des éléments concrets pour agir sur le terrain (statuts, outils d’interventions…) ;
Se doter d’une politique de formation permanente de tous les adhérents pour préparer la rotation des responsabilités, en évitant à la fois la spécialisation menant à la bureaucratisation et la perte des expériences acquises interdisant toute action dans la durée ;
Clarifier le fonctionnement de la fédération en donnant au conseil fédéral les moyens d’exercer son rôle d’instance de décision et en renforçant la commission exécutive pour appliquer ces orientations ;
Maintenir une pratique démocratique des débats et de l’action des syndicats en assurant le rôle des assemblées générales ;
Encourager les commissions thématiques qui pourront regrouper transversalement des militants de syndicats locaux.
Quelle école ?
Constater le rôle de l’école dans la société aujourd’hui, c’est constater que la société étant divisée en classes et l’école participant à la reproduction de la société, l’école reproduit évidemment ces inégalités.
De fait, le rôle que les classes dirigeantes veulent donner à l’école dans un système capitaliste, c’est bien de produire des individus susceptibles de s’intégrer au système et donc de sélectionner : promouvoir les plus adaptés sans renoncer à exploiter les autres.
Aussi, prendre position pour une transformation de l’école s’avère incontestablement nécessaire mais évidemment insuffisant pour transformer l’ensemble de la société.
I. De l’école républicaine vers l’école libérale
1.1. Issue d’un compromis historique, l’école républicaine, laïque, publique, gratuite et obligatoire, n’a jamais pu mettre en place le mythe égalitaire fondateur, malgré le progrès qu’elle a constitué.
Cette volonté égalitaire et la volonté de déconfessionnalisation furent indéniablement des avancées, mais 1’école a néanmoins toujours assuré une fonction de reproduction sociale. Elle ne fut populaire qu’à la marge, du fait de quelques enseignants, militants révolutionnaires et, ou pédagogiques plus ou moins tolérés.
1.2. Pendant des décennies, celle-ci assurait cette fonction de sélection avec efficacité, déterminée par un certain état historique du capitalisme : le cursus de chacun était déterminé par son appartenance de classe et de sexe.
La majorité des enfants des classes populaires, à l’issue du certificat d’études (réussi ou pas), accédait au monde du travail au sein de sa classe d’origine. Pour les quelques « meilleurs éléments du peuple », l’ascenseur social tant mythifié actuellement, leur permettait d’aller au-delà et de s’inscrire socialement dans toute la hiérarchie des emplois à pourvoir.
Pour les classes bourgeoises, l’école à double vitesse existait sans état d’âme : système payant dans les “petites classes” des lycées, études secondaires voire supérieures, et emplois correspondants à la clé.
En bref, la durée des études était déterminée par l’appartenance de classe et de sexe et non par les capacités supposées des individus.)
1.3. La période des Trente Glorieuses a vu l’entrée dans le second degré de collégiens et de lycéens issus des classes plus populaires. Cette entrée a été de plus en plus massive à mesure que des besoins en main‑d’œuvre qualifiée notamment dans les services, s’amplifiaient. La fin des Trente Glorieuses et les années quatre-vingt ont vu l’achèvement de ce processus de massification qui s’est étendu au supérieur.
La massification – et non la démocratisation ! – conjuguée à la pénurie de l’emploi a mis l’école en crise : faute de mieux, on reste à l’école ?
Le projet libéral tente de masquer ces réalités profondes en se parant de prétentions au renouveau pédagogique. La conséquence en est le dévoiement ou l’occultation d’un réel débat sur les méthodes pédagogiques.
Aujourd’hui , le projet libéral, concevant les individus comme des marchandises, l’école comme un marché, ne pose comme unique finalité scolaire que l’employabilité de chacun. Il s’appuie sur la soi-disant responsabilité individuelle concernant l’échec ou la réussite des élèves (et des enseignants et des parents) pour nier les responsabilités des politiques mises en place. La reproduction sociale et le tri perdurant, les libéraux peuvent ainsi justifier la privatisation du service public.
C’est dans cette perspective que le marché de 1’éducation constitue un enjeu majeur pour les libéraux : « smic culturel et éducation à la citoyenneté » (pacification) pour la masse destinée au chômage complet ou à la précarité, à la charge de l’État ; privatisation sous différentes formes des enseignements diversifiés et professionnalisés pour les autres , filières d’élites, classes CAMIF et consumérisme exacerbé des familles dans le second degré, marché de l’édition et des nouvelles technologies vont dans le même sens.
Les projets de libéralisation des services (Accord Général sur le Commerce des Services dont santé et éducation) programmés par l’OCDE sont d’actualité et cohérents avec les politiques promues par l’OMC.
Dans ce contexte, on donne à l’école publique le rôle de pacificateur, puisque qu’enseigner aujourd’hui, c’est aussi panser superficiellement des plaies sociales produites par un système que nous récusons.
1.4. L’école inégalitaire existe. Ce constat réaliste est masqué par le discours de démocratisation de l’accès à l’école (enseignement secondaire et universitaire ouvert de plus en plus à des jeunes de toutes catégories sociales [1]. Le terme de démocratisation ne doit pas cacher l’aspect inégalitaire de l’école actuelle. C’est donc plutôt de massification (et non de démocratisation) dont il faut parler. Cette massification correspond aux besoins de scolarisation de la société contemporaine, tant en terme de formation des travailleurs à venir, nécessitant une scolarisation accrue, qu’en terme de pacification sociale (atténuation de l’effet du chômage).
Afin de masquer cette réalité de la reproduction et du tri social, le gouvernement prétend que l’objectif à atteindre pour l’école serait donc « l’égalité des chances ». D’ailleurs, Lionel Jospin, Gerhard Schröder font de l’égalité des chances un point fort de leur discours idéologique. Des éclaircissements sont donc nécessaires l’égalité des chances pose individuellement inégales les chances de réussite, alors qu’en fait ces chances de réussite recouvrent des identités collectives, socialement ordonnées. Ce slogan relève plutôt de la mystification idéologique, en occultant au profit du choix et de la volonté individuels toutes les inégalités sociales liées au libéralisme. Plutôt que l’égalité des chances, c’est donc une école pour l’égalité des droits qu’il nous faut revendiquer.
II. Construire une autre école :
SUD Éducation se réclame de l’héritage historique d’un syndicalisme de rupture avec la société capitaliste, tout en s’appuyant sur un mode de fonctionnement autogestionnaire, antiautoritaire, et démocratique préfigurant une autre société. Notre intervention, comme professionnels de l’éducation, enseignants et non-enseignants, mais aussi hors de l’école, doit être en adéquation avec ce projet syndical alternatif.
L’école n’est la propriété de personne : ni des enseignants, ni des parents, ni de l’État. C’est en ce sens que nous devons favoriser la reprise en main par tous les acteurs du mouvement syndical et social de la réflexion autour de l’école en France en général, et d’une possible alternative au modèle d’école actuel, héritage de l’école républicaine, comme au nouveau modèle qui émerge. Nous nous situons comme héritiers de la réflexion et de la pratique pour une éducation populaire (1ère Internationale, Commune de Paris, CGT d’avant 14, Espagne révolutionnaire…) La réflexion sur l’école ne doit plus être l’apanage du seul gouvernement, de ses experts, et de quelques intellectuels plus ou moins informés.
Nous nous situons également aux côtés de militants pédagogiques, qui, loin de se cantonner dans la simple technicité de l’éducatif, inscrivent leur réflexion et leur action dans un projet de remise en cause des valeurs sur lesquelles se fonde la société capitaliste. Nous sommes résolument hostiles à la culture du profit, à la compétition de tous contre tous, à la hiérarchisation des savoirs et des individus, à l’autoritarisme dans les relations adultes-enfants.
Il s’agit pour nous d’œuvrer, ici et maintenant, à la formation d’individus libres, capables de réfléchir et d’agir en collectivité, capables de penser le monde qui les entoure, de le soumettre à leur regard critique, et de combattre la société capitaliste qui leur est imposée comme modèle prétendu indépassable.
Ce chemin, est possible, en développant pour les années à venir la réflexion collective :
Quels savoirs enseigner ? Ceci recouvre les contenus des matières déjà enseignées (et l’idéologie qu’elles véhiculent), mais aussi celles qui peut-être devraient l’être (étude des médias, analyse de l’image, éducation manuelle autant qu’intellectuelle…)
Quelle éducation à la démocratie ? Non pas celle du citoyen sujet, soumis aux « droits et devoirs » mais, par exemple, celle de l’accès de tous à l’élaboration des règles de vie en commun, au droit au débat et à l’exercice du pouvoir.
Quel pouvoir les élèves peuvent-ils exercer ?
Quelle lutte contre la hiérarchie ? Non pas dans le seul cadre de la « liberté pédagogique » du prof, mais dans celui du travail et de l’évaluation collective, du combat pour le corps unique, du partage et de l’égalité des tâches.
Quelles pratiques pédagogiques, dans quel cadre ? Peut-on, aujourd’hui, repenser l’école, dans le contexte de l’éducation Nationale ?
Quelle relation adulte/enfants ? Car cette relation est toujours à repenser non seulement dans le cadre de « la classe » mais en dehors de celle-ci.
Quel accès à l’école, quelle gratuité, quelle obligation, quelle laïcité…
Quelle éducation pour tous ? Le droit à l’éducation nécessite la prise en compte des difficultés spécifiques des élèves pour que tous aient accès aux même objectifs d’éducation.
Quelle égalité à l’école ? L’égalité à l’école autant que son caractère plus ou moins démocratique dépend aussi des moyens qui lui sont attribués, des pédagogies et des contenus qui y sont développés.
1 Une étude parue dans “Education et Formation » n° 54 (1999) montre que si les collèges publics de France accueillent en moyenne 42,3 % d’élèves défavorisés, 10 % des collèges en accueillent moins de 20 %, et 10 % des collèges en accueillent plus de 64 %. Cette étude concluait : « D’une manière générale, ces différences ont tendance à augmenter, ce qui montre bien que le processus de ghettoïsation des établissements ne s’est pas ralenti ». D’autres chiffres du Ministère de l’Éducation Nationale de 1997, montrent que les élèves d’origine défavorisée constituent 50 % de la population du collège, ils ne forment plus que 10 % des étudiants, et à l’inverse, les élèves d’origine favorisée qui constituent 15 % des collégiens forment 40 % des étudiants
Enseignement Professionnel
La politique gouvernementale est caractérisée par des réformes prenant leurs sources dans l’idéologie libérale. Les lycées professionnels, par leurs liens avec la sphère économique, au travers notamment “ des périodes de formation en entreprise ” et des stages, constituent un terrain d’application idéal de cette idéologie.
La flexibilité et la précarité peuvent y être expérimentées et appliquées plus facilement. Ce qui a déjà été le cas par le passé. L’annualisation du temps de service était déjà prévue par le statut des PLP de 1992. Mais, faute de texte d’application, elle n’a pas été généralisée. Elle n’a été appliquée que pour certains PLP intervenant en formation complémentaire ou, dans certains établissements, à l’ensemble du personnel. La précarité est fortement développée depuis longtemps dans les LP où les rectorats ne recrutent plus que des contractuels, notamment dans les “ petites disciplines ” de l’enseignement professionnel pour lesquelles il n’y a aucun poste mis au concours.
Le nouveau statut des PLP, en lien avec la Charte de l’enseignement professionnel intégré, accentue et généralise la flexibilité et la précarité. Plus d’horaires des enseignements hebdomadaires (BO n°2 du 9 mars 2000), mais des horaires annualisés. Ce qui, ajouté à la mise en place des Projets Pluridisciplinaires à Caractère Professionnel (PPCP) pousse, de fait, à annualiser le service des enseignants. De plus, les horaires d’enseignement ne sont plus fixes, mais seulement indicatifs, ce qui autorise tous les “ bidouillages ” d’un établissement à l’autre. C’est un premier pas vers la fin du caractère national des diplômes et un début de mise en place de “ diplôme maison ”.
Le service annualisé renforce le pouvoir hiérarchique du chef d’établissement en augmentant l’opacité de la répartition des horaires entre les disciplines et donc l’opacité de la répartition des services entre les personnels. Sur quels critères sont attribuées les heures de projet interdisciplinaire ? Conjugué avec l’application du rapport Bancel, le service annualisé mènera à la création de “ super-profs ” chargés de répartir et de contrôler les services des autres collègues. Nous y sommes opposés !
Sous couvert de répondre aux demandes des élèves et des parents, l’application de la réforme diminue fortement le nombre d’heures d’enseignement par discipline et rend optionnels certains enseignements. On renforce ainsi la disparité entre les établissements. Ce n’est pas acceptable.
L’application de la réforme aura pour conséquence la disparition d’un grand nombre de postes. Elle porte en germe le licenciement de milliers de contractuels ou de MA. De surcroît, elle précarise les titulaires qui, victimes d’une mesure de carte scolaire pourront, en fonction du nouveau statut, être nommés sur plusieurs établissements.
La charte de l’Enseignement professionnel intégré correspond à un premier désengagement de l’État au profit du patronat alors que depuis la Libération l’État est clairement maître d’œuvre de l’enseignement professionnel, et donc garant d’un service public de qualité ouvert au plus grand nombre. Le Patronat a toujours contesté ce fait, il préfère à l’enseignement professionnel scolaire la formation par apprentissage. S’il réclame les rênes de la formation professionnelle, c’est pour avoir des salariés dociles, préparés à accepter “ les valeurs de l’entreprise ” et du libéralisme et aussi mieux contrôle l’accès de la main d’œuvre sur le marché du travail. Nous sommes opposés à cette conception patronale de la formation professionnelle des jeunes qui de plus, en mettant l’accent sur le “ professionnel ”, nie toute valeur aux contenus disciplinaires nécessaires à l’appropriation du savoir par les jeunes et à leur émancipation.
La classe dominante pousse une fraction de la jeunesse en dehors des institutions scolaires en direction de l’apprentissage et autres contrats (de qualification, Emplois-Jeunes, d’orientation, d’adaptation). La loi quinquennale, mise en place par le gouvernement Balladur et soutenue par la Gauche plurielle, avait officialisé ce choix.
Aujourd’hui, la menace est encore plus pressante avec la politique de “ refondation sociale ” du MEDEF et de la “ modernisation sociale ” du gouvernement. Ces politiques libérales visent à la liquidation rapide des filières de formation diplômante, que ce soit dans la formation initiale (LP, SEGPA, EREA) ou dans la continue (GRETA, AFPA). La méthode consiste à dissoudre les enseignements dans des activités qualifiantes et spécialisées (CQP), dans la validation des compétences comme alternative aux diplômes. Ces activités (PPCP en LP, formations sur les compétences en AFPA et GRETA) ont pour objectif de répondre aux besoins immédiats des patronats locaux.
C’est pourquoi SUD entend combattre les réformes en cours et fera tout son possible pour renforcer la reconnaissance des diplômes publics nationaux dans le cadre des conventions collectives nationales.
Enseignement en milieu socialement défavorisé : terrain de lutte et enjeu idéologique
Quelle est la situation ?
Durant cet hiver 1999 – 2000, les failles du système scolaire dans les quartiers en difficultés sont apparues un peu plus au grand jour : ici et là, en France, des enseignants, soutenus par d’autres personnels, par des parents et par des élèves, ont arrêté le travail pour dire leur ras-le-bol des incivilités, de la violence [1] et d’une situation de classe où on passe plus de temps à essayer de régler les incidents qu’à enseigner et apprendre.
Il faut poser tout de suite (et on y reviendra ci-après) que cette agitation des élèves est due essentiellement à la situation sociale et matérielle qui leur est faite (et il faut ajouter que l’école, dans ses contenus et dans ses modalités, est le plus souvent en phase avec cette domination sociale)
A Beauvais, à Roubaix, dans le Rhône, dans le Gard, dans L’Hérault, en Seine Saint-Denis, les grèves ont été quasi-totales, actives, parfois très longues.
Alors, pourquoi cette détermination ? Pourquoi les verrous habituels (comme le souci du renom de l’École Publique, comme le danger de récupération par l’extrême droite, ou comme les pressions de l’administration pour cacher la situation et étouffer les affaires) ont-ils sauté ?
En fait, depuis 3 ou 4 ans (les universitaires qui travaillent sur ce thème en font foi) le niveau de l’agitation, des incivilités, qui règne dans les établissements des quartiers en difficulté s’est encore accru. De fait, on en est à un niveau tout à fait insupportable entre élèves, d’abord, et, aussi, bien sûr, entre élèves et personnels.
C’est un climat où l’on ne se sent plus ni respecté, ni vraiment en sécurité. C’est une situation de souffrance réelle pour beaucoup d’élèves et beaucoup de membres du personnel, souffrance dont l’intensité varie suivant la difficulté objective et suivant la capacité de résistance de chacun.
Souffrance d’autant plus difficile à vivre qu’elle est méconnue, voire niée, et qu’à partir de là, chacun est vu (et se voit plus ou moins) comme responsable de la situation : c’est parce qu’il ne sait pas se défendre (version pour les élèves), c’est parce qu’il ne sait pas s’y prendre (version pour les adultes) .
Et il y a aussi, pour les personnels, une pénibilité moins apparente mais qui use à terme : le métier leur apporte très peu de satisfaction, très peu d’occasion de constater une efficacité (peu d’efficacité personnelle dans l’exercice de leur métier, et très peu d’efficacité de l’école en général).
Quelle position prendre ?
Sud Éducation déclare que c’est l’une de ses priorités que d’être aux côtés de ceux, parmi les personnels de l’Éducation Nationale, qui sont aux postes de travail les plus difficiles, et que la lutte pour la réduction de la pénibilité de ces tâches est pour lui une nécessité incontournable.
Il déclare que le rôle de l’école est d’enseigner et d’éduquer et certainement pas de contenir, plus ou moins bien, une jeunesse en révolte : l’école doit refuser d’être utilisée comme instrument de pacification sociale.
Il déclare aussi que les enfants et les jeunes des familles populaires ont droit, comme les autres, à un enseignement de qualité. Il se déclare révolté par la situation scolaire, qui de fait s’installe, pour les élèves de cette origine sociale (voir annexe 1).
SUD Éducation est dans la lutte aux côtés des sans travail, aux côtés des sans logement, aux côtés des sans papiers, il luttera aussi pour les « sans droit effectif d’accès aux savoirs » … qui, d’ailleurs, sont souvent les enfants des précédents.
SUD Éducation est conscient que, sur ce terrain de l’enseignement dans les quartiers en difficultés, un combat idéologique est engagé, combat dont l’enjeu est l’acceptation ou le refus de l’école à deux vitesses (et que ce combat fait évidemment partie du combat contre la société à deux vitesses).
Ce combat idéologique se déroule aussi à l’intérieur de l’Éducation Nationale. En particulier, SUD Éducation est conscient que nombre de collègues, enseignants et autres personnels, désemparés face à la situation insupportable où ils sont placés, glissent sur des positions autoritaristes et des discours de rejet et d’exclusion, des discours ethnicisants aussi [2]. SUD Éducation est conscient qu’il s’agit là d’un versant du glissement de la société vers une conception selon laquelle il y aurait une fraction de la population qui serait différente et dangereuse et qu’il faudrait surveiller, encadrer, punir, pour qu’elle se tienne tranquille. SUD Éducation est conscient que ce glissement est produit par les mêmes forces que celles qui poussent à toujours plus de libéralisme économique.
SUD Éducation estime que, pour endiguer ce glissement idéologique de certains collègues, il y a lieu de faire apparaître quelles sont les causes réelles de cette quasi-révolte des jeunes (rejet dans la misère, racisme, etc..) et, aussi, de construire et d’énoncer des perspectives à court et à moyen terme – les perspectives à long terme étant dans une transformation radicale du système social et politique – Il s’agit de parler à gauche sur ce thème des jeunes des banlieues et de leurs familles.
Parler à gauche sur ce thème serait, par exemple :
- montrer que les discours ethnicisants sont ineptes.
- expliquer inlassablement que les punitions, les exclusions, ne sont que des réponses à très court terme, et qu’elles sont injustes. Elles sont injustes parce qu’elles frappent, le plus souvent, des enfants, des jeunes à qui ni la vie ni la société n’ont fait de cadeau. Expliquer que ce qu’il nous faut, ce sont les moyens de faire autrement que de réprimer, que ce qu’il nous faut c’est le temps d’entendre les problèmes des élèves, et les moyens de prendre en compte ces problèmes. Expliquer que ce qu’il nous faut ce sont les moyens et le temps de mettre en oeuvre une pédagogie et diverses actions qui feraient que les élèves adhèreraient à ce qui se fait à l’école.
- expliquer les difficultés matérielles auxquelles sont confrontées les familles et les élèves. Expliquer que les parents n’ont pas démissionné, mais qu’ils ont été « licenciés de la vie » (selon l’expression d’Adil Jazouli) .
- expliquer que les causes de ces comportements de quasi-révolte des jeunes résident aussi dans le rejet et la violence que subit une partie de la population de la part d’une société qui produit de la pauvreté (et beaucoup de richesses !) qui repousse les pauvres dans certains quartiers dégradés (par divers mécanismes dont le montant des loyers tout simplement, ou les politiques de peuplement des H.L.M.) et qui, de surcroît, véhicule et promeut une idéologie selon laquelle chacun aurait sa chance, et chacun serait donc responsable de sa réussite ou de son échec. Une société qui affiche que si vous ne réussissez pas c’est de votre faute, et qui, en même temps pose de fait beaucoup plus de barrières à l’accès à l’emploi à ceux dont le C.V. porte une adresse située dans un quartier défavorisé et/ou un nom à consonance maghrébine. Ou, version scolaire des choses, un système qui affiche que chacun aurait sa chance à l’école et serait donc responsable de son échec, (quand il y a échec) et qui, en même temps n’accorde pas réellement aux enfants des milieux populaires les possibilités de réussir (Bourdieu et Passeron, et bien d’autres, ont, depuis longtemps montré ce qu’il en est du rôle des barrières culturelles. Il y a aussi les barrières matérielles, les conditions de vie, et il y a, tout simplement, que l’on ne peut pas apprendre dans une classe ou dans un établissement scolaire qui ne tourne plus). Une grande partie des causes des comportements violents ou « incivils » des jeunes des quartiers défavorisés réside dans le rejet dont ils sont l’objet, rejet dans des zones de pauvreté. Ces comportements ont lieu dans les quartiers, mais aussi dans les établissements scolaires et dans les classes.
- expliquer que ceux des élèves qui font régner la loi du plus fort (élèves qui sont plus ou moins nombreux selon les circonstances) ceux qui sont dans les bandes avec caïd et qui ont assez de poids dans la classe pour empêcher quiconque parmi les élèves de participer ou de faire preuve de bonne volonté, expliquer que ceux-là sont pris dans des dynamiques et des phénomènes de groupe qui les dépassent et sont avant tout, et eux-aussi, des victimes d’un fonctionnement social (où, d’ailleurs, c’est effectivement la loi du plus fort qui a cours). Expliquer que les réponses à ces situations extrêmes (qui sont loin d’être exceptionnelles) sont bien plus dans un autre fonctionnement de la classe, de l’établissement et de la société en général, que dans la sanction et la mise à l’écart.
Enfin, le combat se situe aussi, et peut-être principalement, sur le terrain de l’opinion publique. Le rôle de S.U.D éducation doit donc être de faire savoir quelle est la situation réelle, et il doit être surtout, d’en faire apparaître les causes aux yeux de l’opinion. Ainsi, parler des problèmes de l’enseignement dans les quartiers en difficulté, ce sera porter en pleine lumière l’un des effets les plus négatifs du libéralisme économique.
Que faire dans l’immédiat
- participer aux luttes, sur ce thème, et, au cours de ces luttes, combattre les conceptions autoritaristes et les perspectives d’exclusion qui émergeront probablement à un moment ou à un autre.
- collecter les informations qui permettront de faire état de l’inefficacité de la politique répressive et des impasses où elle mène.
- expliquer aux parents d’élèves des quartiers en difficulté quel est l’état de l’école que leurs enfants fréquentent, en associant bien cela à des perspectives de lutte.
- collecter des informations sur l’état de dégradation de l’ambiance des établissements et les diffuser en préservant l’anonymat des personnes et des établissements
- soutenir les collègues mis en cause par la hiérarchie – hiérarchie qui, placée face à une situation qui lui échappe de plus en plus, a tendance à rendre les acteurs de terrain responsables du dérapage.
- faire état de la vérité sur les moyens mis par l’administration au titre des politiques en faveur de l’enseignement dans les quartiers en difficulté, en comparaison avec ce qui est mis ailleurs.
- faire état de la vérité sur les établissements et les expériences exposées en exemple par la hiérarchie toujours prête à prétendre qu’on peut faire beaucoup avec peu de moyens : c’est-à-dire lutter contre l’effet vitrine.
- dénoncer ces « actions » à vocation moralisatrice, qui ont comme présupposé que les enfants, les jeunes des quartiers en difficulté sont tous prêts à se conduire en voyous : par exemple, celles où on emmène les élèves rencontrer des personnes d’une société de transport public qui leur expliquent qu’il ne faut pas taguer les sièges ni insulter le chauffeur, ou celles où les îlotiers viennent en classe « présenter leur métier ». Ces actions stigmatisent les jeunes. Et, par ailleurs, elles instillent l’idée selon laquelle enseignants, policiers, chauffeurs de bus et bien d’autres, auraient à se tenir les coudes face à la jeunesse en révolte, alors que la démarche qu’il faudrait initier serait qu’enseignants, policiers chauffeurs de bus et tous les autres se posent la question des raisons de cette révolte.
- faire connaître les expériences de mise en place d’une autre façon de faire l’école, les expériences de construction d’une école populaire.
- rechercher l’apport de « scientifiques » (sociologues, historiens, psychologues etc…) qui expriment une pensée critique.
- contacter les SUD qui syndiquent des personnes qui travaillent en banlieue (SUD-CRC, les SUD des transports publics, SUD-PTT, etc..) et proposer une réflexion puis des actions communes.
- faire état de ces cas de collègues qui « craquent » nerveusement, qui sont en arrêt de maladie pour des années parfois, quand ce n’est pas plus grave . Bien sûr, les problèmes rencontrés au travail s’entremêlent toujours avec des difficultés dues à l’histoire personnelle de chacun. Mais, d’une part, qui n’a pas de difficulté due à son histoire personnelle ? Mais, surtout, beaucoup de ces collègues n’en seraient pas là s’ils n’avaient pas eu à subir des situations professionnelles très difficiles.
- aider à élaborer et porter les revendications spécifiques des personnels de l’enseignement aux élèves des populations défavorisées (voir, en annexe 2, les problèmes que cela pose).
- Ces revendications supposent la mise en place de moyens importants (le problème à résoudre étant très lourd). Il ne peut donc s’agir de moyens qui seraient pris ailleurs. Ces revendications pourraient être :
réduction des effectifs par classe et de la taille des établissements.
les moyens nécessaires en matériel et en formation pour la mise en oeuvre de la meilleure pédagogie possible
et , surtout, du temps pour les enseignants, afin qu’ils puissent mener, avec une ampleur suffisante pour qu’on puisse en voir des effets durables, toutes ces actions qui améliorent l’ambiance des établissements et/ou qui permettent aux élèves de mieux réussir dans les apprentissages. Ces actions qui aideraient à (re)créer un climat tel qu’il pourrait y avoir rencontre entre des élèves et des enseignants, entre des élèves et des savoirs. Ces actions sont, par exemple, des sorties éducatives, du soutien, du rattrapage scolaire, une pédagogie plus active, l’instauration de plus de démocratie dans la classe et dans l’établissement scolaire etc…
Annexe 1 :
D’une part, une grande partie du temps d’apprentissage, du temps de classe, est perdue à régler des problèmes de discipline. D’autre part, les besoins des élèves, d’être respectés, et de se sentir en sécurité (besoins élémentaires quand il s’agit d’apprendre, comme en tout autre circonstance) ne sont pas satisfaits car les personnels n’ont pas les moyens d’empêcher que ce soit la loi du plus fort qui règne dans les établissements.
Annexe 2
Avancer des revendications, sur ce sujet de l’enseignement dans les quartiers en difficulté, pose plusieurs problèmes , et ne pas en avancer en pose d’autres.
Si on émet des revendications :
elles semblent toujours très insuffisantes par rapport aux problèmes à résoudre .….. et, en même temps, exorbitantes par rapport à ce que ce système social semble prêt à accorder.
on accrédite l’idée que ce problème de l’enseignement en banlieue (et, au-delà, le problème des banlieues lui-même) pourrait trouver une solution à travers quelques aménagements du système social dans lequel nous sommes, alors qu’en réalité, c’est une caractéristique fondamentale de ce système que de produire de la pauvreté, de la relégation et donc de produire ce problème des banlieues. Résoudre en profondeur le problème de l’enseignement en banlieue, serait résoudre le problème des banlieues, et donc les problèmes de la pauvreté et de la relégation, et ce serait changer de système social.
Si on n’émet pas de revendication :
on ne tente rien qui vise à améliorer la situation, sur le terrain de l’école. Or, il y a de la souffrance tout à fait réelle, tout à fait présente, chez les élèves et chez les personnels.
on s’interdit de dresser ces perspectives, simplement humanistes, qui permettent d’indiquer aux parents, aux élèves, aux personnels, dans quelle direction ils pourraient lutter. C’est laisser le désespoir s’installer et c’est laisser la place aux dérives autoritaristes et sécuritaires.
S.U.D. éducation fait le choix d’énoncer des revendications (ou de soutenir éventuellement celles des établissements en lutte) car il considère que, pour que la mobilisation ait lieu, il faut des revendications à court et moyen terme et S.U.D. éducation travaillera à ce que ces revendications s’articulent avec une vision des changements de fond.
[1] Remarque 1 : incivilités et violence sont deux notions qu’il est utile de différencier. La vraie violence (violence physique grave, agression sexuelle, vol avec agression, etc.) est loin d’être monnaie courante. Par contre, dans certains établissements, les incivilités (bousculades, injures, insolences, « petits » vols, etc.) sont omniprésentes et ce sont elles qui font que l’enseignement n’a plus lieu, et qui « usent » les enseignants.
Introduire le terme « incivilités » permet de décrire la situation : si on ne dispose que du terme « violence », on ne peut dire ce qui se passe car une même situation peut être qualifiée de violente ou non suivant ce que l’on met derrière ce mot.
[2] Remarque 2 : ce que l’on entend ici par discours ethnicisant est un discours expliquant le manque de réussite scolaire ou tel comportement répréhensible, par l’origine ethnique (explications reposant, très souvent, sur des visions fausses de ce que sont les cultures d’origine des élèves et surtout, de ce qu’il reste de ces cultures chez ceux qui sont de la deuxième ou de la troisième génération)
Motion ATOSS
Quand, d’après les chiffres du ministère, 30 000 postes manquent, Lang propose quelques centaines de créations de postes. Ces chiffres mêmes mentent, d’autant que les remplacements des congés maladie, maternité et de formation ne sont pas assurés, ni la compensation des temps partiels, décharges syndicales, cessation progressive d’activité, etc. . Ce déficit se traduit par : la dégradation des conditions de travail, le recours massif au travail précaire (CES, contractuels, emplois jeunes…), l’annualisation, la flexibilité, et la « mutualisation des moyens » .
La situation ne cesse de s’aggraver au fur et à mesure des circulaires et textes ministériels (11 depuis 1994). La dernière circulaire du 30 Octobre, par exemple « les agents contractuels n’étant pas employés sur une longue durée ne bénéficient plus de 4 jours de congé par mois comme précédemment, mais seulement de 2 jours et demi par mois de travail effectif ». La surveillance pendant les périodes de vacances tend à reposer exclusivement sur les OEA (ouvriers d’entretien et d’accueil), presque exclusivement des femmes. Le passage aux 35 heures se prépare sans création de postes statutaires.
Arrêtez le massacre !
Non à l’annualisation ! Non à la précarisation ! Création des postes statutaires nécessaires !
L’existence des personnels ATOSS est remise en cause. Le rapport Mauroy propose ni plus ni moins de vendre le personnel ATOSS aux collectivités locales, encore un pas vers la privatisation après les cantines, le chauffage, la maintenance. Les ATSEM, les employés communaux et les enseignants par conséquence – sont en train de faire l’expérience de ce que signifie cette sous-traitance.
Que reste-t-il du service public ?
Face à cette situation SUDÉducation revendique :
Création des postes statutaires nécessaires, titularisation de tous les précaires
Augmentation des salaires et réduction du temps de travail, sans annualisation ni flexibilité.
Respect de la dignité des personnels. Arrêt du harcèlement et du flicage par la hiérarchie.
Pour une autre société, pour un syndicalisme de lutte :
Participez à nos listes électorales
Rejoignez notre syndicat !
Voter pour SUD-Éducation, c’est combattre pour l’unité de tous et toutes dans l’action.
Invite de la commission ATOSS réunie lors du congrès de Roubaix
La commission ATOSS réunie le 30 novembre 2000 appelle l’ensemble des syndicats de la Fédération SUD Éducation à :
- Désigner un correspondant ATOSS par structure en vue de rejoindre la commission fédérale ATOSS déjà existante
- Organiser dans chaque établissement où SUD est présent une heure d’information syndicale à destination des personnels administratifs et ouvriers
- Diffuser massivement le texte du congrès appelant à la constitution des listes SUD.
Motions d’actualité
TRAVAIL DE NUIT
Le 30 novembre 2000, pour se mettre en conformité avec les directives européennes, le parlement français a levé l’interdiction du travail de nuit des femmes, sous le prétexte hypocrite d’égalité.
En dehors de toute appréciation sur l’aspect sexiste et protectionniste de cette interdiction, et sachant que le travail de nuit, nuisible à la santé, devrait être interdit et réservé aux seules activités socialement indispensables, SUD Éducation estime qu’il s’agit d’une nouvelle étape dans l’alignement a minima de l’ensemble des droits des salariés en Europe.
La fédération des syndicats SUD Éducation réaffirme ses revendications :
- à travail égal salaire égal
- réduction du temps de travail pour tous, sans flexibilité ni annualisation ni pertes de salaire
- interdiction du travail de nuit pour les femmes comme pour les hommes
Aubervilliers (93) : familles expulsées, enfants privés d’école
Dans le courant du mois d’avril 2000, une soixantaine de familles africaines, arrivant de toute la France, et fatiguées de l’errance urbaine à laquelle elles étaient soumises, se sont installées à Aubervilliers en Seine Saint-Denis, en squattant des logements HLM vides gérés par la municipalité.
La réaction du maire, Jack Ralite, a été particulièrement dure : 41 familles ont été mises à la rue en 3 vagues d’expulsions, et jusqu’à la dernière limite avant la trêve hivernale. Il reste 22 logements occupés, mais la fin de la trêve le 15 mars, amènera l’application des arrêtés d’expulsions qui pèsent sur les personnes qui occupent ces appartements.
La mairie justifie cette réaction musclée par la “mixité sociale” : “Aubervilliers ne peut pas accueillir toute la misère du monde” a‑t-on pu entendre ou lire ici et là, en particulier dans la presse municipale. Bien qu’aucune autre solution que les expulsions n’ait été avancée, le maire n’en continue pas moins d’associer des valeurs telles que solidarité et humanisme à sa décision.
SUD Éducation souhaite que de réelles solutions humaines soient apportées à ce problème, mais aussi que s’engage un véritable débat sur la politique du Logement en France, afin de régler en amont la situation des familles nécessiteuses et éviter à l’avenir que d’autres personnes ne soient acculées à squatter des appartements, HLM ou non.
Tout aussi scandaleux, est le refus du maire de scolariser 31 enfants des familles établies dans les squats. Seuls ceux qui étaient déjà scolarisés à Aubervilliers, et ceux arrivant de province, l’ont été, avec parfois un mois de retard par rapport à la rentrée des classes. Les autres familles ont été invitées à retourner dans “leur commune d’origine” pour scolariser leurs enfants. Inadmissible !
Dès la rentrée, SUD Éducation Créteil a demandé au maire de revenir sur cette décision contraire aux droits les plus fondamentaux : celui de la libre circulation, et celui de l’accès à l’éducation. Nous avons, dans le même temps, alerté les services de l’Etat : l’Inspection Académique, le Rectorat, le Ministère de l’Éducation Nationale, et même la Préfecture. Rien n’a été fait pour scolariser ces enfants. L’Inspecteur d’Académie, lors d’une entrevue, a résumé leur position en ces termes : “Dans cette affaire, nous sommes tous solidaires du maire d’Aubervilliers”. Inacceptable !
Depuis 3 mois maintenant, une bataille s’est engagée entre l’administration et le Comité, dont SUD Éducation Créteil est un acteur, soutenant les familles dans leur démarche pour scolariser leurs enfants.
Ce comité organise la lutte :
sur le plan éducatif, en assurant des cours de soutien aux enfants grâce à quelques volontaires enseignants pour pallier dans l’urgence les carences de l’administration.
sur le plan syndical, en interpellant chacun des services de l’État à de fort nombreuses reprises ; en intervenant en plein Salon de l’Éducation, banderoles et tracts à l’appui ; en appelant l’ensemble des organisations syndicales, étrangement silencieuses (si l’on excepte la CGT Educ’Action, UL-FO et le syndicat SN-PJJ de la FSU, tous trois membres du Comité de Soutien) à prendre leurs responsabilités.
sur le plan juridique, une plainte ayant été déposée pour non-scolarisation à l’encontre du maire et du préfet. Un premier jugement à été rendu par le TGI de Bobigny, reconnaissant un problème de Droit, mais se déclarant incompétent, et renvoyant l’affaire au Tribunal Administratif. Le jugement en appel sera rendu le 14 décembre.
La lutte a commencé à payer puisque, aujourd’hui, 10 des 31 enfants sont scolarisés. Cependant, la mairie refuse toujours de prendre en compte 15 enfants concernés par la maternelle avec pour argument qu’ils ne sont pas soumis à l’obligation scolaire, et 6 autres, d’âge primaire, dont les familles ont été expulsées une première fois avant d’établir un second squat, toujours à Aubervilliers. Pour le maire, ces 6 là n’existent tout simplement pas.
La Fédération des Syndicats SUD Éducation s’insurge contre la prise en otage des enfants à travers le refus de leur scolarisation, dans le but de faire pression sur leurs parents. Ceux-ci ne sauraient être tenus pour responsables d’une situation juridique dans laquelle le “droit” en matière de logement et de séjour décrété par la classe dominante joue en leur défaveur.
C’est dans cet état d’esprit que la Fédération des Syndicats SUD Éducation demande la scolarisation immédiate des 6 enfants soumis à l’obligation scolaire dans les écoles de la commune d’Aubervilliers, puisque c’est là qu’ils séjournent, ainsi que l’inscription en maternelle des 15 autres.
UN TOIT C’EST UN DROIT, UNE ÉCOLE C’EST LA LOI !
Soutien à la lutte des Sans Papiers
Depuis le début du mouvement des Sans Papiers, dès l’occupation de l’église Saint Ambroise puis de St Bernard, les Sans Papiers ont immédiatement trouvé des militants de SUD Éducation à leurs côtés.
Dès notre congrès fondateur en 1998 à Lyon, nous avons suspendu les travaux pour manifester avec eux.
Chaque numéro de notre journal a rendu compte de cette lutte et dans les manifestations nationales et locales des militants de SUD Éducation ont chaque fois répondu présents.
Ces militants, avec d’autres camarades de l’Union Solidaires (G 10), participent régulièrement à l’animation de la lutte dans les collectifs de province et d’Ile de France.
Et, si ce combat est bien un combat pour la dignité à laquelle chaque individu a droit, il est bien évident que c’est un combat syndical à part entière puisqu’il s’agit du combat de travailleurs réduits au travail illégal et à la pire exploitation, justement parce que sans papiers.
Les forces syndicales qui entendent combattre les déréglementations du travail, dont se nourrit le libéralisme, sont tout à fait à leur place dans cette lutte.
A un moment où les forces sociales se font plus rares aux côtés des Sans Papiers, nous voulons ouvrir ce deuxième congrès en affirmant que nous resterons aux côtés des Sans Papiers.
- Pour la régularisation de tous par une carte de 10 ans.
- Pour la fermeture des centres de rétention.
- Pour l’abolition de la double peine,
- Pour la libération des Sans Papiers emprisonnés pour défaut de papiers,
- Pour refuser que tombent dans l’oubli des condamnations scandaleuses de militants pour délit de solidarité.
- Le congrès de SUD-Education appelle tous ses syndicats, pour les uns, à renforcer la lutte des Sans Papiers, pour les autres à la rejoindre, voire à participer à la mise en place de nouveaux collectifs.
Parce que nous luttons contre le libéralisme, nous luttons pour le droit d’aller et venir sans entrave, pour la liberté de circulation partout dans le monde.
Solidarité avec les certifiés-stagiaires licenciés, titularisation sans condition de nos collègues.
Anciens maîtres-auxiliaires, ils ont joué le jeu des plans de titularisation : ils ont passé et réussi les concours internes et se retrouvent aujourd’hui licenciés à la suite d’inspections négatives.
La toute puissance du corps des inspecteurs est ici scandaleusement mise en évidence et avec elle la perversité des lois successives de résorption de la précarité dans la fonction publique (Perben, Sapin) :
Suppression de l’inspection, titularisation de nos collègues !
Abrogation de la loi Sapin !
Titularisation sans condition de tous les précaires !
Le 25 octobre, la Fédération des syndicats SUD Éducation a porté au Ministère de l’EN les dossiers des certifiés stagiaires licenciés ; elle a ensuite demandé audience au directeur de la DPE, supposé “gérer” ce “problème humain” et la mobilisation continue.
En attendant, Jean-Michel Robe a épuisé ses droits aux indemnités de chômage et vit dans la misère, le Rectorat d’Orléans refuse toute indemnité à Bernard Patois pour avoir refusé il est professeur d’anglais- un poste d’auxiliaire en documentation.
Ayant refusé le chantage alimentaire, il ne survit depuis la rentrée que par la solidarité militante.
Le 2° congrès de la Fédération des syndicats SUD Éducation a bien conscience de remplir un élémentaire devoir de solidarité envers ces collègues, et ceux qui se trouvent et se trouveront dans cette situation, en lançant une souscription nationale et immédiate.
Lutter contre la précarité
Il y a deux ans, la Fédération SUD Éducation faisait de la lutte contre la précarisation du salariat son orientation prioritaire. Aujourd’hui, force est de constater que la situation s’est considérablement aggravée dans l’ensemble du salariat : explosion du travail intérimaire et du temps partiel imposé, y compris dans les Fonctions publiques. Dans ce secteur, on peut évaluer le nombre d’emplois précaires à plus d’un million. L’État, super négrier, a en effet choisi d’accélérer la précarisation. Après l’embauche de dizaines de milliers de CES et CEC, il a inventé le “Contrat Emploi Jeune”, contrat que le MEDEF tente aujourd’hui de généraliser dans le privé. Le patronat est ainsi en passe, avec l’aval de l’État, d’obtenir ce qu’il réclamait depuis longtemps : la sortie du « chômage de masse » par la casse du code du travail et d’acquis sociaux fondamentaux, le CDD devenant la norme.
Dans l’Éducation Nationale, la précarité a explosé et elle s’est aggravée. Aux catégories anciennes de précaires, Maîtres Auxiliaires, contractuels ATOSS, CES et CEC, contractuels des CFA publics d’Alsace-Moselle, se sont massivement ajoutées de nouvelles catégories plus fragiles encore. Chez les enseignants, les mesures obtenues dans la lutte par les maîtres-auxiliaires, permettant le réemploi d’un certain nombre d’entre eux, ont convaincu le Ministère Allègre d’en finir avec le statut de MA et de lui substituer des contrats plus précaires encore : contractuels et vacataires 200 H recrutés massivement depuis la rentrée 2000 – 2001, pour pallier la pénurie de titulaires. Plus de droit au réemploi, salaire à la carte, gestion arbitraire, etc.. C’est surtout l’embauche de Contrats Emploi-Jeunes (70 000) qui a été le fer de lance de la précarisation : contrat de droit privé, salaire indécent, formation indigente, soumission à l’arbitraire de l’employeur privé, licenciement assuré au bout de cinq ans. Telle a été la réponse systématique de l’Éducation Nationale aux besoins en personnels dans l’Éducation, du primaire à l’Université, avec les « jeunes docteurs » intervenant dans les IUFM comme informaticiens, par exemple, ou les Emplois-Jeunes « ouvriers » (ATOSS), par lesquels le Ministère bafoue lui-même la fable des « nouveaux métiers ».
Les rectorats sont ainsi devenus d’énormes agences de travail intérimaire de l’Éducation. Les plus petits d’entre eux recrutent et licencient, en toute opacité, des milliers de non-titulaires, avec des méthodes de « management » souvent dignes des pires entreprises privées : le chantage au licenciement (non renouvellement de contrat) tient souvent lieu de réponse à toute revendication. Le taux de syndicalisation est dérisoire et les mobilisations collectives très faibles.
L’année 2000 – 2001 sera marquée par le vote de la « Loi Sapin sur la résorption de la précarité dans la Fonction Publique ». Celle-ci ne différera guère de la Loi Perben de 1996. La simple liste de ceux qui ne sont pas concernés est significative : précaires de droit privé (Emplois-Jeunes), emplois aidés (CES, CEC), étrangers « non-communautaires », vacataires recrutés sur des emplois permanents n’ayant pas de correspondance dans un corps de fonctionnaires, personnels recrutés via des associations, certaines catégories du supérieur… En nombre, le texte ne permettrait de titulariser que 100 000 des 500 000 vacataires, contractuels, temporaires ou auxiliaires des 3 fonctions publiques, tous les contrats de droit privé étant exclus. Au total, de l’aveu même du ministre, il y aurait seulement 430 000 « ayant-droit » sur un million de précaires ! Et « ayant-droit » ne signifie nullement titularisé. En effet, les modalités de titularisation étant celles déjà mises en place par la Loi Perben, – essentiellement le droit de se présenter à des concours -, elles produiront les mêmes effets, à savoir le maintien dans la précarité de nombreux ayant-droit (recalés), à moins que ce ne soit le licenciement pur et simple des reçus au concours après l’année de stage ! Enfin, ce protocole va jusqu à avouer cyniquement qu’il ne s’agit nullement d’arrêter d’embaucher des précaires, mais seulement d’améliorer « les règles de leur recrutement ». A ce titre, les annonces faites dans le cadre du plan pluriannuel de recrutement, censé compenser les départs à la retraite prévisibles, montrent que le recours en nombre aux listes complémentaires dans le 1er degré, et aux précaires de toutes sortes dans tous les corps, enseignants et ATOSS, pour les autres secteurs, est d’ores et déjà programmé.
Les six organisations syndicales signataires du Protocole Sapin (FSU, CFDT, CFTC, FO, UNSA, CGC) portent donc une lourde responsabilité. Celle d’abuser les personnels en feignant de croire aux intentions affichées du gouvernement, celle d’avoir signé un accord qui peut, si l’on n’y prend garde, se traduire par des licenciements massifs, comme ce fut déjà le cas au moment de la mise en application de la loi Perben.
La Fédération réaffirme avec force que la seule façon de résorber la précarité est de titulariser tous les précaires sans condition de concours ni de nationalité, et d’arrêter tout recours à des CDD, publics ou privés.
Pour la Fédération SUD Éducation, la tâche est immense : défendre les précaires au quotidien, les syndiquer, les mobiliser. Mobiliser aussi les titulaires et dénoncer la « gangrène » que constitue la précarisation pour les statuts, pour le service public et les travailleurs de tous les secteurs.
Pour la Fédération SUD Éducation, il est indispensable de développer les luttes contre la précarité dans un cadre interprofessionnel. La Fédération s’engage à tout mettre en oeuvre pour que l’Union Syndicale G10-SOLIDAIRES soit à l’initiative de mobilisations interprofessionnelles, avec tous ceux qui veulent lutter vraiment contre la précarisation du salariat, dans le privé et dans le public.
Motion d’actualité concernant les SEGPA et les EREA
ous les personnels de SEGPA et d’EREA font le même constat : celui d’une aggravation au fil des ans des conditions d’accueil des élèves et des conditions de travail. Au quotidien, le fonctionnement des établissements et des services est perturbé ; l’encadrement mal assuré. Certaines classes en deviennent ingérables. Le manque de moyens de remplacement et de personnel de service social est criant. Dans ces conditions, on pare au plus pressé, on colmate les brèches si bien que la rentrée s’effectue le plus souvent sous le signe de l’énervement et de l’urgence. La réforme des SEGPA, approuvée par les syndicats majoritaires, se traduit autant qu’en EREA pour les instituteurs-éducateurs, par des emplois du temps élastiques, avec une multiplication des “trous”, un alourdissement des horaires et du temps de présence des élèves, par un manque de coordination avec les collègues du collège et par la fermeture d’ateliers. La charge de travail des personnels génère un surcroît de fatigue et de stress. Pour ces raisons, et prenant également en considération :
la difficulté croissante que rencontrent les personnels de l’enseignement spécialisé dans leurs tâches au regard des pressions sociales et économiques exercées sur les familles des élèves de SEGPA et d’EREA, et de leurs conditions objectives de vie,
les problèmes liés au manque d’attractivité que suscite l’enseignement spécialisé et les EREA en particulier, qui aboutissent chaque année à ce que bon nombre de sortants IUFM, de professeurs des écoles non spécialisés, de listes complémentaires et une cohorte de précaires se retrouvent nommés sur des postes dont ils ignoraient jusqu’à l’existence même (éducateurs en internat),
la formation sur le tas des nouveaux collègues non spécialisés assumée par les “anciens” sans le statut ni les indemnités de formateurs,
SUD avait obtenu une audience auprès de M. Vilain, chef de cabinet au Ministère, chargé de l’Enseignement spécialisé, pour appuyer ce dossier. Nous envisagions à cette époque une mobilisation la plus large possible à la rentrée. Mais c’était oublier les vieux réflexes des syndicats majoritaires. De fait, le SNUIPP-FSU, le SE-FEN et le SGEN-CFDT ont appelé à la grève dans les SEGPA et les EREA le 21 novembre sans même avoir proposé à SUD de s’associer au mouvement et en réduisant l’appel à la stricte réduction du temps de travail.
Il est juste de demander une égalité d’horaire de ces établissements particulièrement difficiles. Suite à la grève de l’an dernier, il est prévu que le temps de service des PLP soit ramené à 18 heures hebdomadaires. Il faut qu’il en soit de même pour les enseignants du premier degré qui sont affectés dans ces établissements. Mais, revendiquer une réduction du temps de travail sans exiger le maintien du volume horaire des élèves en présence de personnels spécialisés revient à accepter une réduction de l’enseignement et de la formation des élèves. Cette revendication pourrait conduire aussi à la remise en cause et à l’allongement du temps de service des instituteurs-éducateurs ainsi qu’à la multiplication des Heures sup si elle n’est pas reliée à la revendication de créations de postes.
Enfin, si rien n’est fait concernant le recrutement et la formation d’enseignants spécialisés, cette réduction du temps de travail se traduira par une diminution de l’horaire de spécialistes pour les élèves. Ce sont des professeurs de collège non formés et souvent non volontaires (ce qui est, en principe, interdit) qui devront assurer ces horaires. Ce sont encore et toujours des personnels précaires (MA, contractuels, vacataires…) qui pallieront les manques en personnels spécialisés. Il ne faut pas oublier la diminution des horaires des PLP qui devrait être compensée pour la plupart des SEGPA par la technologie type collège et non par des postes supplémentaires de PLP. L’avenir des ateliers est lui aussi compromis.
Comme on le voit, nos craintes d’une dilution des SEGPA et de leur spécificité au sein du collège se précisent. Ce ne sont pas les personnels revendiquant à juste titre les 18 h (avec les deux heures de synthèse payées en plus) qui en sont la cause, mais bien le Ministère et tous ceux qui se voilent la face. Il est de notre responsabilité de dénoncer cette tartufferie et de poser en même temps d’autres revendications qui doivent elles-mêmes aboutir sous peine de disparition des SEGPA et des EREA :
Abrogation des textes permettant la dilution des SEGPA et application de ceux de 1989 (qui préservaient une plus grande autonomie des SEGPA)
Dotation horaire de la SEGPA non diluée dans celle du collège
18 h pour les instituteurs et professeurs des écoles de SEGPA et d’EREA avec créations de postes spécialisés et d’ateliers correspondant au volume horaire résultant de la réduction du temps de travail
30 h au maximum pour les enseignants nommés sur postes d’instituteurs-éducateurs en internat avec le service de nuit intégré
Création de postes d’enseignants, de personnels de service social et psycho-éducatif
Poursuite du recrutement et de la formation d’enseignants spécialisés couvrant les besoins
Titularisation sans conditions de concours ni de nationalité de tous les précaires
Respect des horaires minima des élèves de SEGPA et d’EREA
C’est sur cette base que SUD-Education appelle l’ensemble des personnels d’EREA et de SEGPA à engager ou à poursuivre leur mouvement.
Motion d’actualité sur la Palestine
Devant les événements tragiques que connaissent actuellement les populations du Proche-Orient, le 2ème congrès de Sud Éducation dénonce :
- La guerre menée par l’État d’Israël contre le peuple palestinien
- L’utilisation de l’armée contre la révolte des pierres
- Le scandale de l’extension des colonies juives, qui perdure
- L’aggravation des conditions de vie dans les camps palestiniens et pour les citoyens arabes israéliens
- Les véritables bantoustans que sont devenus de fait les territoires gouvernés par l’Autorité Palestinienne
- Les tentatives qui sont faites en Israël, en Palestine comme en France et ailleurs dans le monde pour fomenter la haine religieuse, nationaliste et raciale entre les peuples.
En conséquence, SUD Éducation appelle :
- A un retrait de l’armée israélienne des territoires occupés
- Au démantèlement des colonies
- A un redoublement de la vigilance et à une lutte déterminée contre la montée des réflexes communautaristes, de l’antisémitisme et du racisme dans nos établissements scolaires et dans la société en général.
Enfin, SUD Éducation appelle à tout faire pour avancer vers la seule issue possible de ce conflit : que des peuples puissent vivre ensemble sur une même terre, dans l’égalité, la justice, la démocratie et la laïcité.